Actualités 22 septembre 2021

Les soyas prometteurs de 2022

Le cahier Grains a interviewé 15 semenciers et vous présente leurs témoignages sur les deux soyas qu’ils jugent les plus prometteurs pour l’année 2022. Vous pourrez aussi consulter en ligne les détails techniques sur ces hybrides en cliquant ici.

Lysianne Émond, de Brevant (CortevaAgriscience)

Lysianne Émond, agronome chez Corteva AgriScience, ne tarit pas d’éloges pour ses deux variétés de semences Brevant coup de cœur. C’est particulièrement le cas de la B0099B1, une variété hâtive « dans une classe à part », selon elle. « C’est notre pilier depuis le renouvellement de notre portfolio il y a trois ans », dit-elle. Avec une germination rapide, et sa tolérance au Phytophthora et à la moisissure blanche, cette variété offre une stabilité qui la démarque d’autres variétés de même UTM, selon l’agronome. Nouveauté de 2020, la variété B091FE a pour sa part été l’un de ses meilleurs vendeurs en 2021 chez Corteva. « On est très contents de sa performance au champ », explique Mme Émond. C’est une variété Enlist E3 qui tolère trois matières actives (glyphosate, 2,4-D et glufosinate) et qui est particulièrement bonne en Montérégie et sur la Rive-Nord de Montréal. » Selon elle, les producteurs apprécient la possibilité qu’elle donne d’utiliser trois produits de désherbage différents.

Hicham Fram, de Ceresco

Ceresco met de l’avant encore une fois cette année des variétés qui ont l’avantage d’avoir été testées dans plusieurs régions du Québec et de l’Ontario. Qualifiée de « plus offensive », la variété IP de type Natto AAC Coryllis offre un niveau de rendement élevé comparable aux variétés conventionnelles, selon Hicham Fram, conseiller agricole pour la Montérégie et l’Estrie chez Ceresco, ce qui en fait l’une de ses deux variétés coup de cœur. « En plus, on peut aller chercher une bonne prime pour ce type de soya », ajoute-t-il. Son autre variété préférée est la Taku, qui se classe au premier rang en termes de rendement dans plusieurs régions du Québec selon des tests effectués par l’entreprise. « C’est une variété qui s’adapte à tous les types de sols et qui a un gros potentiel dans les régions où on peut faire pousser des variétés tardives », souligne l’agronome.
« Son rendement s’est vraiment démarqué des autres », ajoute-t-il. Ces deux variétés ont aussi comme caractéristique d’être très buissonnantes, selon le spécialiste, ce qui permet de fermer les rangs rapidement pour freiner le développement des mauvaises herbes. « Ce sont deux variétés avec de très bonnes caractéristiques agronomiques », souligne M. Fram.

Alexandre Provost, de Winfield United

Depuis l’an dernier, Winfield United se démarque par ses soyas WinPak composés de l’assemblage d’une variété « défensive » et d’une variété « offensive » de semences de soya, dans un ratio 1 : 1. « Le concept WinPak est utilisé depuis 10 ans aux États-Unis et représente plus de 70 % de nos ventes de semences là-bas », souligne Alexandre Provost, gestionnaire de comptes chez Winfield United. Selon lui, le concept a fait ses preuves. « Dans nos sites de recherche, on obtient souvent de 2 à 3 boisseaux à l’acre de plus que les autres. Les assemblages sont faits avec des variétés possédant des UTM et un calibre de grains similaires. » Selon M. Provost, la formule WinPack permet aux producteurs d’obtenir un bon rendement tout en gérant le risque. « Ce ne sont pas tous les champs qui sont uniformes, dit-il, et avec nos mélanges, on s’assure une certaine stabilité. » Il met de l’avant la CP0521WPX, particulièrement efficace en semis direct, et la CP1221WPX, composée entre autres d’une variété défensive tolérante à la moisissure blanche. Dans tous les cas, les variétés sont résistantes au Phytophthora.

Stéphane Myre, de Dekalb (Bayer Canada, division Crop Science)

Stéphane Myre, agronome chez Dekalb, nous présente les hybrides DKB03-25 et DKB11-51, deux variétés robustes qui sont tolérantes à deux matières actives (glyphosate et dicamba). « Comparées aux variétés de même UTM, elles se distinguent haut la main », dit-il. Ces variétés profitent d’une génétique introduite il y a quelques années à peine, mais qui a fait ses preuves, selon M. Myre. Testées aux champs depuis deux ans au Québec, elles viennent avec un historique susceptible de rassurer les plus inquiets. « Elles s’en sont toujours bien sorties », affirme l’agronome. « Je dirais même que ce sont des variétés top leader dans différentes conditions de sol, ajoute-t-il. On peut se fier à elles pour offrir une grande stabilité au niveau du rendement, mais aussi des conditions de battage meilleures que la moyenne en raison de la bonne tenue des plants. »

Pascal Larose, d’Élite (Sollio Agriculture, La Coop fédérée)

Si les deux dernières années n’ont pas été propices au développement de maladies fongiques du soya dans plusieurs régions du Québec, les producteurs ne doivent pas pour autant baisser la garde, souligne Pascal Larose, agronome chez Sollio. « Lorsqu’on a des années plus normales, les soyas qui ne sont pas tolérants se font avoir », affirme-t-il. Voilà pourquoi ce spécialiste des grandes cultures met de l’avant deux variétés de semences Maizex Seeds plutôt défensives – l’Hydra R2 et la Katonda R2 – qui constituent les deux variétés les plus tolérantes au Phytophthora et à la moisissure blanche provenant de ce fournisseur, en plus d’être tolérantes au glyphosate. « Dans le marché québécois, les producteurs ont avantage à jouer la constance, ajoute-t-il. Et ces deux variétés offrent un très bon rendement en plus d’être constantes en termes de productivité, peu importe les conditions de croissance. »

Cynthia Lajoie, de Pioneer (Corteva Agriscience)

Homologuée en 2021, la variété P03A11X se démarque déjà dans les champs du Québec où elle est testée. « Avec elle, il n’y a pas de compromis à faire », indique Cynthia Lajoie, agronome chez Pioneer. « C’est une variété hâtive qui offre un excellent potentiel de rendement », ajoute-t-elle. Tolérante au glyphosate et au dicamba, cette variété se démarque aussi par sa résistance au nématode à kyste et sa tolérance aux infections fongiques (Phytophthora et moisissure blanche). « Sa tolérance à la moisissure blanche est hors du commun, souligne Mme Lajoie. C’est vraiment une variété à découvrir en 2022. » De son côté, la P09A62X n’est pas en reste. Cette variété « vedette » de Pioneer fait beaucoup d’adeptes au Québec. Et ça se comprend. Selon l’agronome qui en fait son second coup de cœur, cet hybride permet de tirer le maximum de rendement d’un champ sans faire de compromis sur l’agronomie et avec un risque minimal pour le producteur, cette variété tolérant le Phytophthora et la moisissure blanche.

David Proulx, de RDR Grains et Semences

Nouvelle variété provenant de SeCan, le soya biologique OAC Bruton constitue le premier des deux coups de cœur mis de l’avant par David Proulx, directeur général de RDR Grains et Semences. Aussi offert en conventionnel, cet hybride à hile jaune a pour avantage de produire de gros grains ayant une teneur en protéines supérieure à 42 %. « C’est une variété qui se compare avantageusement à l’OAC Avatar », confie M. Proulx, qui ne serait pas surpris de voir les producteurs la préférer à cette dernière. De son côté, l’OAC Strive se veut la variété « passe-partout » des deux coups de cœur de l’agronome. En raison de sa teneur forte en protéines (42,8 % en moyenne), elle est prisée sur les marchés mondiaux. « Elle offre un excellent potentiel pour les marchés IP », ajoute M. Proulx.

Pierre Boireau, de Saatbau

Pierre Boireau, directeur vente et développement chez Saatbau, n’y va pas par quatre chemins lorsque vient le temps de choisir ses deux variétés coup de cœur du semencier européen pour lequel il travaille : selon lui, le client a toujours raison. Voilà pourquoi il met de l’avant les deux meilleurs vendeurs de Saatbau : les hybrides Atacama et Kristian. L’Atacama s’avère particulièrement prisée des producteurs européens. Semée aux 15 pouces, cette variété IP conventionnelle – aussi disponible en bio – offre un potentiel remarquable allié à un bon taux de protéines, en plus d’être résistante aux maladies. Comme l’Atacama, la Kristian performe aussi très bien au Canada, souligne M. Boireau. « C’est vraiment une variété remarquable », dit-il. « Les plants sont hâtifs, mais ont une bonne hauteur et le look d’une variété tardive. » Le rendement de cette variété se situe selon lui dans la moyenne dans des conditions où la lumière accède bien au plant.

Phil Bailey, de SeCan

Phil Bailey, directeur d’affaires pour l’est du Canada chez SeCan, propose deux variétés offrant une bonne combinaison de rendement et de tolérance aux maladies : l’Altitude R2 et la Beliveau R2X. La première est déjà bien connue des producteurs. « C’est notre meilleur vendeur au pays », confie l’agronome. Cette variété tolérante au glyphosate offre selon lui parmi les meilleurs rendements en Ontario et au Québec en plus de posséder l’arsenal génétique requis pour tolérer la moisissure blanche. L’hybride Beliveau R2X se veut pour sa part une variété à levée plus hâtive et qui ferme les rangs rapidement. En plus de tolérer le glyphosate, elle dispose de résistances lui permettant d’être productive en présence des maladies fongiques les plus communes, en plus du nématode à kyste. « Son rendement en fait une variété qui vient en tête de peloton », ajoute M. Bailey.

François Montambault, des Semences Pride

François Montambault, directeur régional des ventes chez Pride, met de l’avant deux variétés hâtives qui ne font pas de compromis sur le rendement. Nouveauté de 2021, l’hybride PS 0779 XRN intrigue particulièrement l’agronome. « C’est une variété qui impressionne par son rendement, dit-il. Sa maturité relative est de 0,7, et pourtant, son rendement est équivalent, ou meilleur, que des variétés à maturité plus tardive à 1,1. » Et la PS 0420 XRN n’est pas en reste avec ses plants offrant une excellente tenue et une très bonne résistance naturelle à la moisissure blanche et à la pourriture brune de la tige. Les deux variétés tolèrent à la fois le glyphosate et le dicamba, en plus de résister au nématode à kyste. « Ce sont des variétés idéales pour ceux qui veulent récolter rapidement pour réaliser des correctifs dans leurs champs ou qui souhaitent tout simplement semer un engrais vert », explique le spécialiste. « Ces dernières années, la période de récolte du soya a été plus difficile, surtout en 2019, ajoute-t-il. Des variétés comme celles-là permettent d’avoir une plus grande flexibilité tout en conservant un bon rendement. »

Alexandre Tessier, des Semences Prograin

Avec les variétés Asana et Atena, Alexandre Tessier, agronome de territoire chez Prograin, propose deux hybrides conventionnels à hile jaune qui renferment toutes les qualités recherchées dans un soya IP. Tolérantes à la fois au Phytophthora et à la moisissure blanche, ces variétés non GM forment des plants trapus au branchage bien garni qui ferme rapidement les rangs. L’hybride Asana se comporte d’ailleurs très bien lorsqu’on le sème aux 30 pouces, et ce, dans tous les types de sol. De son côté, la variété Atena est à privilégier pour les sols très fertiles. Reste que dans un cas ou dans l’autre, ces variétés sont capables de rendements au-dessus de la moyenne, selon M. Tessier. Elles génèrent surtout des grains renfermant un fort pourcentage de protéines, avoisinant les 42 à 43 %. « Ce sont des variétés qui se prêtent bien à l’exportation, souligne l’agronome. La prime peut être bien élevée pour ces soyas. »

Hicham Bali, de Semican

Hicham Bali, directeur des ventes chez Semican, met de l’avant deux variétés destinées à l’alimentation humaine, la Baltazar et la Kazart, qui se démarquent par leurs rendements. « Si une variété ne se trouve pas parmi les dix meilleures de sa catégorie au Canada, je ne la sélectionne tout simplement pas », affirme-t-il d’emblée. Ses deux variétés coup de cœur génèrent ainsi de gros grains à forte concentration de protéines (au minimum à 42 %) qui vont chercher de très bonnes primes sur le marché, selon lui. Elles se distinguent l’une de l’autre par leur vitesse d’atteinte de la maturité. Des deux, l’hybride Kazart est le plus hâtif (UTM de 2 550). Générant des plants vigoureux et semi-branchus, cette variété commercialisée depuis deux ans offre un très bon rendement pour son groupe de maturité, selon l’agronome. L’hybride Baltazar, de son côté, se veut plus tardif (UTM de 2 875). « Celle-là est très populaire au Japon et en Chine », souligne M. Bali. Adaptée aux rangs de 30 pouces, cette variété branche suffisamment pour bien fermer les rangs.

Danika Arsenault, de Sevita

Danika Arsenault, représentante des ventes et des contrats chez Sevita, nous propose deux variétés qui répondent à des segments de marché bien différents. D’abord, la variété Skyline, un soya IP qui est l’hybride de Sevita le plus recherché du côté des producteurs japonais. Avec un rendement fiable d’année en année, une bonne tenue et une excellente tolérance au Phytophthora et au nématode à kyste, cette variété s’avère une occasion d’obtenir un bon gain sur investissement, selon Mme Arsenault. « La prime qu’on a pour ce type de soya qui sert à la fabrication du tofu est l’une des plus élevées, souligne-t-elle. On ne se trompe pas en plantant cette variété au champ. » Pour son second coup de cœur, l’agronome propose la SI 0720E3N, une variété Enlist qui facilite la lutte à la prêle, notamment, avec ses multiples tolérances à trois herbicides (2,4-D, glyphosate et glufosinate). « C’est un cultivar qu’on a lancé en 2020 et qui donne un excellent rendement dans plusieurs régions du Québec. », souligne Mme Arsenault. Selon elle, il offre une très bonne tenue et un potentiel de rendement audacieux.

Martin Lanouette, de NK Syngenta

Martin Lanouette, gérant de territoire chez Syngenta, propose deux variétés Genuity Roundup Ready 2 XTendMD, tolérantes à la fois au dicamba et au glyphosate : la S09-R8X et la S12-M5X. La variété S09-R8X gagne particulièrement en popularité, selon lui. « C’est une variété qui offre de la stabilité année après année, mais aussi un rendement au-dessus de la moyenne, affirme l’agronome. En plus, elle ferme super bien les rangs. » Ce hile jaune imparfait peut également aller chercher une bonne prime selon lui, la fabrication de tofu transgénique se faisant dans certaines juridictions. De son côté, la variété S12-M5X a été introduite sur le marché l’an dernier et fait très bonne figure depuis. « Du côté du rendement, cette variété a été littéralement dominante en 2020, et ça s’annonce encore très bon cette année », confie M. Lanouette. Tolérant le Phytophthora, cette variété peut être utilisée facilement tant au nord qu’au sud de sa zone de croissance privilégiée. Voilà deux variétés très complémentaires, souligne le professionnel de Syngenta.

Daniel Barré, de SynAgri

Daniel Barré, directeur maïs, soya et développement de marché chez SynAgri, propose deux variétés de soya IP aux producteurs. Nouvel hybride sur le marché, le OAC Acclaim se veut une variété tardive avec une bonne tenue et un très bon potentiel de rendement, spécialement dans les régions du sud-ouest du Québec. Variété branchue, elle peut être semée aux 15 pouces ou aux 30 pouces. « Elle remplit bien les rangs », affirme l’agronome. De son côté, la variété Kyoto se démarque par ses performances au champ, qui sont supérieures à celles avancées dans les guides du Réseau Grandes Cultures du Québec (RGCQ). « C’est encore plus vrai lorsqu’on la sème dans un sol productif », précise-t-il. Étant une variété plutôt hâtive, la Kyoto offre ainsi une flexibilité au producteur sans le pénaliser pour autant au niveau du rendement. « C’est idéal si on a à faire des travaux de nivellement ou de sous-solage, par exemple », dit-il, ajoutant que cette variété est très recherchée chez les acheteurs internationaux.

Vous pourrez aussi consulter en ligne les détails techniques sur ces hybrides en cliquant ici.

Ce texte a été publié dans le cahier Grains du mois de septembre 2021.