Actualités 8 septembre 2021

Des récoltes de grains qui seront très payantes et d’autres, très mauvaises

La récolte de deux principales cultures de grains au Québec, le soya et le maïs, sera extrêmement variable cette année. Certains producteurs s’attendent à de bons résultats qui feront sauter la banque avec les prix actuels. D’autres, qui ont des terres compactées ou sablonneuses ou qui n’ont tout simplement pas reçu d’eau, ne pourront profiter de la manne et subiront des pertes.

Marie-Pier Coulombe et son collège Benoit Côté remarquent d’énormes variations dans l’état des cultures. La quantité de pluie reçue, le type de sol et la santé des sols en sont la cause. Photo : Martin Ménard/TCN
Marie-Pier Coulombe et son collège Benoit Côté remarquent d’énormes variations dans l’état des cultures. La quantité de pluie reçue, le type de sol et la santé des sols en sont la cause. Photo : Martin Ménard/TCN

Pierre-Hugues Seers, qui cultive 400 hectares à Sainte-Martine, en Montérégie, croit que ses cultures de soya écoperont. « C’est pas mal sec. C’est sûr qu’on a du dommage. Le soya remplissait ses gousses quand il y a eu la canicule; des grains ont avorté. Le maïs a eu une levée inégale, mais on dirait qu’il s’est bien replacé. Dans le blé de printemps, c’est meilleur qu’on pensait, avec 3,7 t à l’hectare », détaille l’agriculteur. Ce dernier soutient que les prix records du soya et du maïs permettront de maintenir un bon revenu.

À Richelieu, également en Montérégie, Sylvain Beaudry affirme être passé à un cheveu du drame. « Il a plu à minuit moins une. Je dirais même minuit moins quelques secondes! Le maïs aurait fait sa pollinisation sans eau et cela aurait été une catastrophe. Dans le soya, les feuilles des plants ont roulé, mais on voit ­maintenant la présence de gousses sur le haut du plant. Ces gousses-là sont le bonus qu’on aime », décrit le propriétaire des Fermes Sylvain Beaudry. Il s’attend à obtenir de bons résultats dans le maïs avec 11 t/ha. Et à un prix de près de 350 $ la tonne, l’agriculteur sourit. « Ça va ramener les marges de crédit. Ma directrice de compte a dit d’en profiter pour baisser les marges, car les temps durs s’en viennent. Elle n’a pas tort. Les éleveurs ne pourront pas continuer à acheter du grain à ce prix-là, ça va finir par redescendre », anticipe-t-il.

Au Centre-du-Québec, à Saint-Bonaventure, Michel Maltais mentionne que les deux dernières semaines de canicule ont fait mal et affecteront les rendements. Il s’attend toutefois à de bonnes récoltes dans l’ensemble, surtout dans ses champs semés tôt au printemps.

Très variable

L’agronome Benoit Côté et sa collègue technologue Marie-Pier Coulombe ont arpenté plusieurs champs dans le cadre de leur travail avec la surprise d’observer une grande disparité entre des cultures pratiquement voisines. « Il y a des producteurs qui vont bien s’en sortir. J’ai vu du maïs très beau par endroits, même avec la sécheresse. Par contre, j’ai aussi vu des terres sablonneuses où je ne sais pas ce qui va rester. À des endroits, le soya mange la claque. Les feuilles étaient toutes roulées. Est-ce que cela va avoir affecté la floraison et la mise en grain? Nous le saurons à la récolte, car parfois le soya est beau, mais ne donne pas de rendement et d’autres fois, les plants sont laids, mais donnent du rendement », nuance M. Côté. Il fait remarquer que cette différence s’explique évidemment par les volumes de pluie reçus, le type de sol, mais aussi la santé du sol (compaction). L’agronome dit que la quantité de pluie reçue pouvait tellement diverger que dans deux villages voisins, l’un avait reçu 7 mm de pluie lors de la dernière averse et l’autre, 23 mm.