Politique 24 août 2021

Des enjeux touchant l’agriculture à surveiller durant la campagne électorale

Les Québécois seront appelés aux urnes le 20 septembre pour élire un nouveau gouvernement fédéral. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a demandé à la nouvelle gouverneure générale, le 15 août, de dissoudre son gouvernement, élu minoritaire en octobre 2019.

La campagne électorale est donc officiellement lancée. La Terre présentera au cours des prochaines éditions un portrait des dossiers liés à l’agriculture. Pour commencer, deux experts ont accepté de se prononcer sur des éléments susceptibles d’intéresser le milieu agricole au cours de ces cinq semaines de course à la chefferie. D’entrée de jeu, Marie-Ève Gaboury-Bonhomme, professeure au Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation à l’Université Laval, estime que la pandémie et la reprise économique devraient prendre davantage de place dans les débats en mentionnant toutefois que « dans une campagne électorale, tout peut changer rapidement ».

Marie-Ève Gaboury-Bonhomme
Marie-Ève Gaboury-Bonhomme

Les agriculteurs surveilleront sans doute les propositions des candidats en ce qui a trait à la pénurie de main-d’œuvre, une problématique déjà présente en 2019 et qui s’accentuera avec la reprise économique postpandémie, croient les experts. « La main-d’œuvre est importante en agriculture puisqu’on y gère du vivant et du frais. Ça ne peut pas arrêter », affirme Pascal Thériault, enseignant à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement de l’Université McGill. Dans cette optique, il aimerait entendre les partis se prononcer sur des aides financières pour des investissements dans les technologies permettant de réduire les difficultés liées à cet enjeu de recrutement.

Pratiques durables

L’adoption de pratiques durables en agriculture, déjà encouragée par des programmes gouvernementaux, pourrait aussi faire partie des éléments à surveiller. Marie-Ève Gaboury-Bonhomme soutient qu’il faudra voir « quels sont les meilleurs moyens ou programmes environnementaux pour appuyer les entreprises agricoles? Certains partis ont d’ailleurs déjà mis dans leur plateforme électorale des engagements dans ce sens ». L’utilisation de pesticides pourrait aussi s’inviter dans le débat puisque le processus d’approbation de son utilisation a été remis en question récemment à la suite d’une demande pour hausser les limites maximales de résidus de glyphosate dans certains aliments. « La fixation des seuils de résidus dans les aliments et l’homologation des pesticides sont des processus sous juridiction fédérale », rappelle la professeure de l’Université Laval.

Pascal Thériault est agronome et économiste ainsi qu’enseignant et directeur des relations communautaires à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement de l’Université McGill. Il a également été nommé vice-président de l’Ordre des agronomes du Québec.
Pascal Thériault 

Autonomie alimentaire

La pandémie a mis en lumière l’importance de l’autonomie alimentaire, davantage au Québec, croit Pascal Thériault. « Je m’attends à ce que les candidats s’y attardent quand ils feront campagne au Québec », soutient l’enseignant à McGill. Il ajoute que l’exportation, importante pour le secteur agroalimentaire canadien, devra aussi être considérée et pourrait jouer dans cette volonté d’autonomie alimentaire. Pour ce qui est des gestions de l’offre, cet enjeu devrait être moins préoccupant qu’il l’a été lors des deux dernières campagnes puisque les compensations sont connues, estime Pascal Thériault.