Actualités 31 juillet 2021

Changer de graminée fourragère peut se répercuter sur le portefeuille

Les régions agricoles du Québec sont et seront touchées par le réchauffement climatique et les variations du niveau des précipitations qui y sont associées.

La fléole des prés, graminée favorite des producteurs laitiers québécois, pourrait en être affectée négativement puisque son regain est faible sous les conditions sèches et chaudes de l’été. La modélisation a été utilisée pour évaluer des alternatives à la fléole des prés dans un projet visant à comprendre l’impact du choix de graminée dans les associations binaires à base de luzerne sur la profitabilité des fermes. Le bénéfice net obtenu à la suite de ces modélisations diffère selon les graminées testées (fléole des prés, fétuque élevée, fétuque des prés, brome des prés) et la région étudiée.

Pour une ferme typique d’une région au climat frais, c’est l’association luzerne/fétuque élevée qui semble permettre d’obtenir le meilleur bénéfice net, soit 1 695 $ de plus par année que l’association luzerne/fléole des prés. Cela s’explique par le fait que les rendements supérieurs de cette association permettent d’optimiser l’utilisation des fourrages au détriment des concentrés dans les rations, ce qui entraîne une diminution des coûts d’achats d’aliments. Dans une ferme typique d’une région au climat chaud, le bénéfice net varie peu lorsque les associations fourragères sont changées, ce qui indique que toutes les espèces à l’étude peuvent être utilisées dans ce type de région. On peut donc conclure que, sous les conditions climatiques actuelles, les trois graminées fourragères étudiées sont des options prometteuses pour remplacer la fléole des prés en mélange avec la luzerne, bien que la fétuque élevée présente un avantage dans certaines régions.

Ces nouvelles connaissances sur la performance de plusieurs graminées fourragères en association avec la luzerne permettront de faire des choix plus éclairés. L’extrapolation de ces résultats pour les conditions climatiques futures, par le biais de la modélisation, devrait mieux outiller les fermes pour faire face aux changements climatiques.

Jean-Philippe Laroche, agr. M. Sc., professionnel en nutrition et fourrages chez Lactanet