Environnement 14 juillet 2021

Une ville paie ses agriculteurs pour diminuer leur pollution

La pollution agricole étant l’une des principales menaces envers la source d’approvisionnement en eau de Granby, cette ville de la Montérégie offre jusqu’à 5 000 $ à chaque ferme qui favorisera notamment le contrôle de l’érosion et la réduction des risques liés aux pesticides.

L’objectif est de réduire la pollution diffuse d’origine agricole. L’aménagement d’ouvrages de conservation des sols et l’amélioration de bandes riveraines font partie des initiatives subventionnées par la Ville. Un montant de 50 à 100 $ par hectare est également offert à ceux qui sèmeront des cultures de plantes de couverture, une pratique par ailleurs connue pour améliorer les rendements à long terme des producteurs. 

Le concept de la carotte a été préféré aux mesures coercitives. « On ne se le cachera pas, l’agriculture, c’est une industrie qui fonctionne à coup de subventions. On n’a comme pas vraiment le choix de subventionner si on veut que les initiatives environnementales soient adoptées », dit Alexandre Joly, de l’Organisme de bassin versant (OBV) de la Yamaska, qui regroupe différents intervenants du milieu afin de faire une gestion durable de l’eau.

Un épisode de cyanobactéries, dont la source de nutriments vient principalement de la production agricole, dit Alexandre Joly. Photo : Gracieuseté de l’OBV de la Yamaska
Un épisode de cyanobactéries, dont la source de nutriments vient principalement de la production agricole, dit Alexandre Joly. Photo : Gracieuseté de l’OBV de la Yamaska

La MRC embarque

Les agriculteurs qui ne sont pas situés sur le territoire de la ville de Granby, mais qui font partie du bassin versant du lac Boivin peuvent également recevoir le même genre de subvention, cette fois payée par la MRC de la Haute-Yamaska. Le lac Boivin, très prisé par les citoyens de la région pour les activités en nature, est aux prises avec de trop grands apports en nutriments qui accélèrent son vieillissement (eutrophisation), créant du coup des problèmes de cyanobactéries et de prolifération des algues. Le secteur agricole est désigné comme l’une des principales causes. La MRC se donne l’objectif d’atteindre 150 hectares en cultures de couverture pour 2021.

Ces subventions de la Ville et de la MRC sont applicables lorsque les subventions similaires du ministère de l’Agriculture du Québec ne s’adaptent pas aux réalités des fermes de la région. Subventions ou pas, l’agronome Laurianne Levert-Gauthier dit que l’implication de la Ville et de la MRC a insufflé un dynamisme fort intéressant chez tous les acteurs concernés, dont les agriculteurs. « C’est un beau succès de collaboration », remarque celle qui travaille pour le club-conseil Gestrie-Sol. L’OBV Yamaska a préparé des cahiers stipulant des actions précises à mettre en place pour une cinquantaine de fermes afin de diminuer leur pollution.

D’autres producteurs, sans vouloir de cahiers d’actions précises, suivent les recommandations pour diminuer leurs utilisations de fertilisants et de pesticides. « Plusieurs producteurs mettent en place des mesures environnementales à leurs frais », souligne Mme Levert-Gauthier. Elle dit qu’une minorité d’agriculteurs sont récalcitrants aux nouvelles idées.