Page conseils 12 juillet 2021

La vache Canadienne : la seule race laitière développée en Amérique du Nord

Autrefois, les vaches de race Canadienne faisaient partie du paysage agricole du Québec. Dès 1608, ces bovins ont servi à nourrir les habitants de la Nouvelle-France et à assurer leur survie.

Les conditions d’élevage de l’époque ont exercé une pression de sélection qui a permis le développement de cette race en Amérique du Nord. Le cheptel comptait 300 000 sujets en 1850. La race Canadienne a contribué à la pérennité du peuple canadien-français, une trace que nous ne pouvons pas effacer de notre histoire.

Le constat

Il reste aujourd’hui quelque 400 vaches Canadiennes pur-sang (93,75 % et plus de pureté). On compte 5 troupeaux majeurs de plus de 50 têtes. La Canadienne est dans un état précaire, mais grâce à leur persistance et leur audace, quelques producteurs déterminés ­travaillent à trouver la voie de cette race.

Parlons de génétique

Les 400 vaches Canadiennes pur-sang ont une grande diversité génétique comparativement à la race Holstein. Selon le chercheur Claude Robert, de l’Université Laval, les éleveurs en régie pur-sang ont procédé avec le souci de diversifier les choix de taureaux.  La Société des éleveurs de bovins canadiens s’est donné comme mandat d’assurer le progrès génétique et l’orientation pur-sang de la race Canadienne.

Parlons de rentabilité

La vache Canadienne pur-sang produit en moyenne 5 400 kg de lait avec un taux de gras de 4,5 % et un taux de protéine de 3,65 %. Cependant, elle peut s’avérer très rentable, comme l’ont constaté Steve et Mélissa Tremblay, de la Ferme Hengil. Depuis qu’ils ont remplacé leurs Holsteins en 2007, ceux-ci sont propriétaires du plus important troupeau de Canadiennes pur-sang, lequel compte 130 têtes. Les producteurs ont développé un partenariat avec la Laiterie Charlevoix qui produit le 1608, un fromage sous appellation de spécificité (AS), ce qui leur permet d’obtenir une valeur ajoutée pour leur lait. Ici, on parle de profitabilité et de rentabilité — c’est l’avenir des Canadiennes. La ferme a une excellente régie et une gestion exemplaire. Le souci du bien-être animal est une priorité au point que le troupeau est devenu exempt de maladies.

Parlons d’avenir

Les fromageries sont la clef du succès. Celle des Îles-de-la-Madeleine produit depuis plus d’une vingtaine d’années le fromage Pied-de-Vent. Dès décembre, un troupeau s’ajoutera dans Lanaudière, à la Ferme Triple G, pour permettre la production de nouveaux fromages. D’ici deux ans, un autre troupeau au Centre-du-Québec fournira le lait nécessaire à la transformation fromagère. Ce modèle d’affaires créé par les entreprises a permis au pur-sang de trouver sa vocation économique où la performance et la profitabilité vont de pair. Le défi est de trouver de la relève dans toutes les régions agricoles du Québec. La race bovine Canadienne contribue à la biodiversité. Saurons-nous assurer sa survie comme elle a assuré la nôtre?

L’avenir de la Canadienne

Nous sommes en bonne position pour le futur avec une réserve génétique importante et bien diversifiée pour relancer la Canadienne dans son intégrité, puisque nous disposons d’une bonne quantité ­d’embryons et de semence de taureaux anciens et contemporains pur-sang. La Canadienne est une vache fromagère dont le lait possède un taux de protéine élevé. C’est celui-ci qui donne au 1608, un fromage sous AS, sa texture et son goût distinctifs, confirme la Laiterie Charlevoix. Ainsi, l’avenir de cette race réside dans la transformation de son lait.

JOHANNE M. SIMARD
Agronome contractuelle et éleveuse de bovins Canadiens