Selon l’ingénieur Yves Choinière, l’augmentation des prix dans le secteur de la construction ramène les producteurs agricoles à une dimension importante avant d’entreprendre quelque projet que ce soit, c’est-à-dire de bien planifier le travail à accomplir en fonction de ses besoins.

Toutes les étapes précédant le début des travaux permettront d’estimer les coûts du projet et de voir quelles sont les meilleures options de financement. « Nous sommes dans une crise inflationniste comme on n’en avait pas connu depuis 2008-2009 et ce n’est pas fini », croit l’ingénieur et copropriétaire de la firme Consultants Lemay & Choinière de l’Ange-Gardien. Tous les secteurs sont touchés. Le prix du bois a grimpé de façon substantielle, mais l’acier, le béton et les coûts de la main-d’œuvre sont eux aussi à la hausse.

Projets en hausse

Malgré cette période d’incertitude, souligne M. Choinière, le nombre de projets de construction et de rénovation de bâtiments agricoles demeure élevé. Même si quelques producteurs renonceront à réaliser leur projet tout de suite, la plupart accepteront de payer plus cher, car les besoins sont là et ils ne veulent pas prendre le risque de subir une nouvelle augmentation l’année suivante. « Quand la fondation est coulée, difficile d’abandonner le projet. C’est un peu comme avec l’essence, compare l’ingénieur, on n’arrête pas de se déplacer parce que le prix est à la hausse. On finit simplement par s’adapter à cette réalité. »

Objectifs de production

Pour mieux faire face à la hausse des coûts qui affecte tous les secteurs de la construction, Yves Choinière insiste sur l’importance pour le producteur de déterminer le plus précisément possible la nature de ses besoins compte tenu de ses objectifs de production et de la taille du troupeau. Il faut donc miser sur la superficie la mieux appropriée de même que sur les matériaux à utiliser. « Il faut optimiser le projet au maximum de manière à avoir le moins d’espace perdu et que tout soit fonctionnel », dit-il.

Plusieurs étapes précéderont la première pelletée de terre, dont celle, très importante, d’obtenir les autorisations légales en matière d’environnement et auprès du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Le permis de construction est de juridiction municipale. Il faut voir quelle réglementation s’applique dans chacune des municipalités. « Si on ne peut pas avoir tous les ­permis, ça ne sert à rien de continuer le projet », constate M. Choinière.

Reconnaissance des sols

À la planification des besoins s’ajoutera, entre autres, la reconnaissance des sols. La nature du sol et sa capacité portante seront prises en considération selon la taille et le poids du bâtiment. « Un sol argileux, par exemple, n’aura pas la même capacité portante qu’un sol rocailleux », souligne l’ingénieur. On pourra aussi déterminer s’il est possible de rattacher la nouvelle structure à un bâtiment existant.

Le choix des systèmes de traite, de ventilation, d’alimentation et de gestion des fumiers appropriés sera déterminé à cette étape, souligne-t-il. Sans entrer dans les détails techniques, Yves Choinière met l’accent sur une autre étape importante qui est celle d’avoir de bons plans et devis et de les respecter au moment de la construction. Cela évitera les mauvaises surprises.

Bref, une fois que le producteur aura bien ciblé ses besoins et obtenu les autorisations légales, il pourra aller de l’avant avec les travaux de construction. « Selon l’ampleur du projet et considérant les différentes étapes que requiert un dossier, il faut compter environ deux ans depuis la planification stratégique jusqu’à la mise en route des opérations dans la nouvelle bâtisse », conclut l’ingénieur.