Actualités 10 juin 2021

Framboises – Une nouvelle technique pour se relever d’une épreuve

Confrontée à un problème majeur de phytophthora, la Ferme Aux fruits de la colline a redirigé en 2019 une partie de sa production de framboises vers la culture hors-sol sous abri. L’apprentissage d’une nouvelle technique a représenté un défi de taille, certes, mais le virage porte déjà ses fruits.

Six ans seulement après sa création, la ferme maraîchère de Sainte-Marie a connu ses premiers problèmes de phytophthora affectant des plantations de 1,5 hectare qu’elle cultivait pour l’autocueillette et la vente au kiosque. Si une nouvelle parcelle de 0,5 ha a pu être aménagée, il ne restait plus d’espace disponible. « Nous étions limités dans nos options, car on ne pouvait plus cultiver des plantes de la famille des rosacées pendant cinq ans dans les sols touchés par le phytophthora, explique le producteur Jean-François Dion. Nous avons donc opté pour la culture de la framboise en hors-sol sous abri. »

Les prochaines récoltes pourront être améliorées en ajustant les supports des branches et en ajoutant des ventilateurs dans la serre.
Les prochaines récoltes pourront être améliorées en ajustant les supports des branches et en ajoutant des ventilateurs dans la serre.

La technique offre un avantage non négligeable : elle permet de produire une variété non rustique comme la Tulameen, appréciée des épiceries puisqu’elle se conserve mieux que la framboise de champ. « Cependant, c’est une variété plus sensible aux intempéries. Avec un abri, on peut maîtriser l’irrigation et éviter les surplus d’eau pour favoriser l’optimum de la plante. Comme notre site est accidenté et venteux, nous avons bâti une serre plutôt que de longs tunnels », indique Jean-François Dion, qui a partagé son expérience au cours d’un séminaire organisé par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) sur la culture hors-sol des petits fruits.

Apprendre de ses erreurs

La technique permet de cultiver une variété comme la Tulameen.
La technique permet de cultiver une variété comme la Tulameen.

La plantation de la première saison de production a eu lieu le 10 mai 2019, où 1 280 cannes ont trouvé place dans 340 pots. La récolte, qui s’est échelonnée du 1er août au 20 septembre – du 20 juillet au 28 août au champ –, a produit un total de 1,38 kg par canne, dont 1,28 kg/canne a été vendu. Les propriétaires ont toutefois rencontré quelques problèmes durant la saison, notamment la formation de doubles fruits, la présence de branches brisées et pendantes et des ravages dus à la drosophile à ailes tachetées.

Différents correctifs ont été apportés en vue de la deuxième saison de production. En ajoutant des filets d’exclusion quelques semaines avant la récolte, les producteurs ont pu protéger les fruits des drosophiles, de sorte qu’une seule application d’insecticide s’est avérée nécessaire. De plus, une pépinière a été construite. La récolte, qui s’est déroulée du 27 juillet au 14 septembre, a permis de vendre 1,32 kg par canne pour un rendement total de 1,42 kg/canne.

Cette année, les producteurs ont veillé à ajuster les supports des branches. Ils ont également installé une gouttière pour écouler l’eau qui avait tendance à s’accumuler sur le plancher ainsi que des ventilateurs afin de diminuer la chaleur à l’intérieur de la structure. « Ce qui change le plus dans la régie de production, c’est l’importance du tuteurage, car sans support, les branches plient et les fruits sont moins gros. La maîtrise de l’irrigation est également essentielle. Par temps de canicule, on peut irriguer jusqu’à 30 fois par jour », relève le producteur, qui constate que les fruits ne sont pas aussi fermes qu’il l’espérait.

Expérience positive

Pendant l’hiver, les tiges de framboisiers sont conservées au frais dans un réfrigérateur à température contrôlée.
Pendant l’hiver, les tiges de framboisiers sont conservées au frais dans un réfrigérateur à température contrôlée.

Malgré les coûts importants que représente ce projet de culture hors-sol, l’expérience s’est avérée généralement positive pour la ferme, croit Jean-François Dion. « Cette technique convient à nos besoins. On est les seuls dans la région à cultiver la Tulameen, ce qui amène une plus-value. Ça allonge notre période de vente au kiosque de trois semaines et ça permet de cueillir tous les matins, peu importe la météo. De plus, on a pu valoriser un espace marginal sur notre terrain. L’un de nos défis sera de trouver un créneau pour nos fruits déclassés. » La ferme, qui estime rentabiliser son projet en huit ans, prévoit déjà ériger une autre serre de production pour ses framboises.


Cet article a été publié dans notre cahier spécial Fruits et légumes du Québec, printemps 2021.