Actualités 23 juin 2021

La double stratégie de croissance de Fruit d’Or

Pour Fruit d’Or, la croissance passe par les États-Unis et le développement de nouveaux produits. En mars, le transformateur de canneberges et de bleuets a fait l’acquisition de Decas Cranberry Products, une entreprise familiale établie au Massachusetts.

Martin Le Moine, président et fondateur de Fruit d’Or, mène un projet d’expansion pour assurer la pérennité de l’entreprise.
Martin Le Moine, président et fondateur de Fruit d’Or, mène un projet d’expansion pour assurer la pérennité de l’entreprise.

Cette transaction s’inscrit dans le cadre d’une planification stratégique amorcée en 2019 visant une croissance à long terme. « Cela nous permet de protéger notre position sur le marché américain et de nous positionner comme un incontournable pour desservir les marques privées. On se donne ainsi les moyens de faire grandir l’entreprise et d’en assurer la pérennité », explique le président et fondateur, Martin Le Moine.

C’est Fruit d’Or qui a approché Decas avec qui elle avait déjà des liens d’affaires. « C’est une entreprise que l’on connaît depuis longtemps. Lors de l’incendie de notre usine de Notre-Dame-de-Lourdes en 2015, on y a transféré notre production le temps de reconstruire. On savait que le propriétaire arrivait à l’âge de la retraite et qu’il n’avait pas de relève. C’était une occasion à ne pas manquer », raconte M. Le Moine.

Marchés d’exportation

Pour Fruit d’Or, qui a fêté l’an dernier son 20e anniversaire de fondation, cette transaction marque « un tournant important », dit-il. L’entreprise dépasse ainsi la barre des 250 M$ de chiffre d’affaires alors que ses effectifs atteignent près de 500 personnes.

Le transformateur, qui est présent dans une cinquantaine de pays, réalise 80 % de ses ventes à l’exportation. L’Europe représente son plus gros marché à 35 %, alors que les États-Unis accaparent entre 25 % et 30 % de son chiffre d’affaires. « D’être présent de l’autre côté de la frontière nous permettra d’accroître nos parts de marché à près de 40 % puisqu’une proportion très importante des ventes de Decas sont en sol américain », précise l’entrepreneur.  

Fruit d’Or traite annuellement plus de 75 000 tonnes de canneberges et de bleuets sauvages biologiques dans ses cinq sites de production au Québec, auxquels s’ajoute dorénavant l’usine américaine.

Nouveaux produits

Fruit d’Or a adopté une autre stratégie de croissance, soit diversifier sa gamme de produits. En plus des jus et concentrés, des fruits séchés, des graines et des poudres destinés à la transformation alimentaire, elle mise de plus en plus sur les produits à valeur ajoutée comme les canneberges infusées dans le sucre ou les Bouchées chococroquantes au chocolat noir et épices chaï vendues sous la marque Patience Fruit & Co, entièrement biologique. « On développe aussi une gamme dédiée au marché des nutraceutiques où la demande est en forte croissance. Ils entrent notamment dans la fabrication de produits naturels et de prébiotiques », précise Martin Le Moine.

Pour accélérer ce développement, Fruit d’Or s’est doté d’un centre d’innovation qui s’est installé au Centre de recherche et de développement sur les aliments (CRDA) de Saint-Hyacinthe. « On a bâti une équipe de 15 personnes qui est composée de spécialistes en R-D, en innovation et en marketing, explique M. Le Moine. L’avantage d’être au CRDA, c’est qu’on a accès à de l’équipement spécialisé. » L’entreprise a également investi 17,5 M$ pour agrandir son usine de Plessisville, dans le Centre-du-Québec, et ajouter deux nouvelles chaînes de production dont l’une est destinée aux produits de spécialité. Elle vient de plus d’obtenir un appui financier remboursable de 2,5 M$ de Développement économique Canada qui lui permettra d’automatiser certains procédés et d’optimiser sa capacité de production. Une vingtaine de nouveaux emplois seront créés.

L’entreprise connaît de beaux succès avec sa gamme de produits destinés aux consommateurs sous la marque Patience Fruit & Co. Elle a notamment remporté trois prix en janvier dernier dans le cadre des Grands prix DUX avec ses canneberges séchées tranchées, sans sucre ajouté, dont celui dans la catégorie Précurseur.

Elle a aussi du succès du côté des ventes, qui sont en forte croissance sur sa boutique en ligne, surtout depuis le début de la pandémie. « Le Web nous a permis d’accroître et de diversifier notre clientèle, souligne Martin Le Moine. Aujourd’hui, on vend beaucoup en Chine notamment. Vu les résultats, on développe de nouvelles stratégies en marketing Web qui vont rester même dans l’après-COVID-19 et la reprise des salons internationaux dans le domaine de l’alimentation. »

Fruit d’Or veut bien grandir. Pour Martin Le Moine, il n’est pas question d’aller trop vite. « On veut se donner le temps de bien intégrer notre récente acquisition, dit-il. Le défi pour assurer notre croissance sera de trouver les talents dont on a besoin. La pénurie de main-d’œuvre est une réalité pour nous aussi. »

Sylvie Lemieux, collaboration spéciale


Cet article a été publié dans notre cahier spécial Fruits et légumes du Québec, printemps 2021.