Actualités 10 mai 2021

Compenser l’humidité au champ par un séchage adéquat

Le taux d’humidité constitue l’un des principaux défis de la qualité des balles de foin sec. Si la régie au champ n’est pas optimale pour répondre aux normes des différents usages (laitier, fromageries artisanales, chevaux, de commerce, etc.), les méthodes d’assèchement artificielles peuvent combler cette lacune au besoin.

Le séchage de l’andain au champ avant le pressage (ou la récolte en vrac) constitue le facteur le plus important pour éviter l’échauffement et préserver la qualité du foin. Selon le taux de matière sèche dans les balles lors de l’opération, les moisissures naturellement présentes dans le fourrage peuvent se multiplier et dégager de la chaleur.

« Si le foin sèche au champ trop longtemps lorsque les conditions climatiques ne favorisent pas le séchage, il perdra de son odeur et de sa couleur, prévient cependant Germain Lefebvre, président de Novations AGL et ex-­président du Conseil québécois des plantes fourragères. Il est difficile d’atteindre un taux d’humidité en deçà de 20 %. »

Les fondateurs de Novations AGL Germain et Antoine Lefebvre. Photo : Gracieuseté Novations AGL
Les fondateurs de Novations AGL Germain et Antoine Lefebvre. Photo : Gracieuseté Novations AGL

De son côté, Vincent Audet, gérant de territoire chez Kuhn North America, fait remarquer « qu’une balle légèrement trop humide de foin sec peut avoir de la moisissure ».

Quant au foin de commerce, il doit être exempt de poussière; on l’expédie parfois jusqu’au sud des États-Unis. « Si le foin se conserve bien à 15 % ou 16 % ici, rappelle M. Lefebvre, une fois rendu en Floride, il risque de chauffer en raison d’un climat plus chaud. Il faut donc que les chargements exportés possèdent le bon taux de matière sèche. »

Séchoirs artificiels

Le recours à un séchoir artificiel devient une option de plus en plus recherchée pour abaisser le pourcentage d’humidité et ainsi éviter les pertes. Les balles enrobées peuvent en contenir jusqu’à 30 % pour se conserver, mais représentent un autre marché.

On retrouve encore peu de séchoirs à foin au Québec. Le séchage en grange ou encore l’érection d’un nouveau bâtiment constituent les deux options généralement offertes pour répondre à ces exigences. Certains séchoirs sont configurés pour assécher des balles, d’autres pour déshumidifier le fourrage en vrac. Certains fonctionnent en pression positive, d’autres en pression négative. Bien que ce concept apporte son lot d’avantages, il nécessite des investissements très importants et s’adresse à des producteurs d’importants volumes.

À la construction se greffe une unité de génération de chaleur ou de déshumidification. L’alimentation en énergie peut provenir de diverses sources : déshumidificateur, biomasse forestière, brûleur à feu direct ou indirect, solaire thermique ou hybride, etc. Dans tous les cas, on fait passer de l’air chaud forcé au travers du foin pour abaisser le pourcentage d’humidité.

Depuis quelques années, le séchoir fourgon-remorque, fabriqué par Novations AGL permet de répondre aux besoins des petits utilisateurs en offrant une solution originale reposant sur la mobilité et non sur une structure fixe. Photo : Gracieuseté Novations AGL
Depuis quelques années, le séchoir fourgon-remorque, fabriqué par Novations AGL permet de répondre aux besoins des petits utilisateurs en offrant une solution originale reposant sur la mobilité et non sur une structure fixe. Photo : Gracieuseté Novations AGL

Portable et mobile

Depuis quelques années, le séchoir fourgon-remorque permet de répondre aux besoins des petits utilisateurs en offrant une solution originale reposant sur la mobilité et non sur une structure fixe.

Sur fond d’économie circulaire, Novations AGL récupère des boîtes de camion de 53 pieds et y ajoute un plénum et une unité de ventilation et génération de chaleur.

« Lorsqu’il est livré au producteur, le séchoir est opérationnel en moins de 48 heures », note Germain Lefebvre. Il n’y a qu’à amarrer la cellule de séchage sur l’emplacement aménagé, assembler les composantes et raccorder les services (électricité, gaz, etc.).

Efficacité énergétique

Le transfert de chaleur est à la base de la technologie. Pour les petites balles, on abaisse le taux d’humidité de 10 à 12 %, alors que pour les grosses balles carrées, on l’amène à 18 à 20 %.

« On aménage une cellule pour que le plénum, ce conduit de distribution d’air [espace en dessous et au-dessus], soit étanche, explique le président de Novation AGL. On pousse l’air chaud [50 oC] avec un ventilateur de 10 ou 15 ch selon l’entrée électrique [220 ou 600 V] et une puissance de chauffage jusqu’à 720 000 BTU dans le plénum inférieur. Il se produit une pression statique et l’air chaud passe en dessous de la masse, se charge d’humidité et s’évacue par les sorties d’air. »

L’interface de contrôle montre les paramètres, et les sondes à l’intérieur de la cellule captent des données qui s’affichent en temps réel sur le cellulaire ou la tablette, en plus d’envoyer des alertes.

L’équipement permet de traiter les grosses balles carrées de 8 pieds de long et les petites carrées avec une capacité sur deux rangées d’une quarantaine de grosses balles par lot. Plusieurs unités peuvent être installées sur le même site. Bien que la remorque puisse être relocalisée, une fois qu’elle est installée, le séchoir est fixe.

On remplit le séchoir en poussant les balles une à la suite de l’autre. À l’aide d’un treuil au plancher, l’opérateur peut effectuer le vidage en moins de 30 minutes. Selon l’humidité initiale et la saison, on estime qu’il faut de 12 à 24 heures pour sécher un lot.

« Slaquer la pédale »

Si l’uniformité et la densité des petites balles ne posent pas de problèmes, il en est autrement pour les grosses balles rectangulaires. La compacité empêche l’air de circuler normalement et de déshumidifier la balle.

« Il ne faut pas que les balles soient trop denses pour que l’air puisse passer au travers, ajoute Germain Lefebvre. Lors du pressage, l’opérateur sur le tracteur a un moniteur et peut presser avec une force moindre au besoin en sachant le poids de l’unité à “baler”. »

« Une balle ensilée trop humide peut avoir une mauvaise fermentation et être gelée au moment de la servir, ajoute Vincent Audet. Les machines ne peuvent pas changer les propriétés des fourrages. » 

Du foin sec pour le lait et le fromage

Les producteurs laitiers ont besoin de foin sec dans la ration. Qu’il s’agisse de foin pour les fortes productrices, pour les taures ou les vaches taries, plusieurs producteurs laitiers achètent leur foin sec plutôt que de le produire.

« Des vaches performantes exigent un fourrage de base de qualité avec une structure optimale, souligne Yvan Gosselin, représentant des ventes chez Pöttinger. Un meilleur fourrage de base permettra de réduire le besoin en compléments alimentaires en plus de favoriser la bonne santé des animaux. » 

Archives/TCN
Photo : Archives/TCN

Ce texte est paru dans l’édition de mai 2021 du magazine L’UtiliTerre.