Actualités 8 mai 2021

Comment bien conserver son ensilage dans un silo bunker

Le nerf de la guerre dans la conservation de l’ensilage de foin, c’est la compaction. Et l’ennemi numéro un, c’est l’air. En gardant en tête ces deux éléments clés, les producteurs devraient réussir à bien conserver leur ensilage de foin dans un silo horizontal.

Les additifs : au cas par cas

Pour bien conserver l’ensilage, certains producteurs vont utiliser des additifs. Il y a ceux qui sont conçus pour favoriser la fermentation et qui utilisent des bactéries homofermentaires. « Des études indépendantes ont démontré que ça vaut la peine pour les ensilages d’herbe qui ont moins de 50 % de matière sèche », mentionne Jean-Philippe Laroche. Les additifs hétérofermentaires ont quant à eux un effet antimicrobien. « C’est intéressant dans les cas où on sait qu’on est à risque que ça chauffe, par exemple si on n’a pas fait une bonne compaction ou que le taux de reprise sera insuffisant », estime l’agronome.


Trois trucs à mettre en pratique

Voici trois conseils pratiques pour favoriser la conservation de l’ensilage de foin dans un silo horizontal, selon l’agronome Jean-Philippe Laroche.

  • Faucher l’après-midi permet de maximiser la teneur en sucre;
  • Avoir la bonne vitesse d’avancement. L’agronome recommande 30 cm/jour en été et 15 cm/jour en hiver pour un silo de type bunker;
  • Analyser le profil fermentaire. « Les conseillers en alimentation s’en servent pour faire leur ration, mais c’est intéressant de voir comment la fermentation s’est déroulée, voir si on a bien fait ça ou non », propose-t-il.

« L’ensilage est un art. » C’est en ces termes que l’agronome et professionnel en nutrition et fourrages chez Lactanet, Jean-Philippe Laroche, décrit le travail des producteurs de foin. « Il y a tellement de paramètres à vérifier, dit-il. Ça commence au champ, avec la hauteur de fauche, la vitesse du tracteur et la teneur en matière sèche. »

Pour les silos horizontaux de type bunker, il faut viser de 30 % à 40 % de matière sèche pour favoriser la compaction. Pour les silos de type meule, on parle plutôt de 30 % à 35 % de matière sèche.

Selon l’expert, un matériel suffisamment humide aide à exclure l’oxygène de la masse. Parce que qui dit oxygène dit aussi perte de qualité. « Quand on expose l’ensilage à l’oxygène, il y a un effet domino qui se produit. Les levures se mettent à travailler. Elles consomment par exemple les acides lactiques, ce qui fait augmenter le pH du fourrage. Quand le pH augmente, d’autres microorganismes se mettent de la partie. Ça finit par chauffer et on perd le contrôle. »

Il existe quelques trucs pour limiter l’exposition du fourrage à l’oxygène dans un silo horizontal. « Il faut que la récolte soit efficace et bien organisée. Plus on remplit le silo rapidement, plus on a de chances d’avoir de la qualité du début à la fin », mentionne pour sa part le président du Conseil québécois des plantes fourragères, Alphonse ­Pittet.

Une bonne compaction est également essentielle pour enlever l’air de l’ensilage. Plusieurs producteurs font ce travail avec leur tracteur. Il existe d’ailleurs des logiciels gratuits pour calculer le poids du tracteur nécessaire pour compacter le matériel en fonction de la vitesse de remplissage.

De son côté, le propriétaire de Silo J.M. Lambert, Jean-Marc Lambert, est convaincu que les producteurs qui utilisent un compacteur ont de meilleurs résultats. « Les producteurs qui utilisent leur tracteur pensent qu’ils compactent assez, avec environ 13 livres de matière sèche au pied cube. Avec un compacteur, on va facilement chercher 17 livres de matière sèche au pied cube », illustre-t-il.

Résultat? Il y a davantage de matière qui entre dans un même espace et il y a moins d’air.

Jean-Marc Lambert conseille également de couvrir l’ensilage avec une toile de plastique retenue par des courroies plutôt que par des pneus. « Nos courroies viennent de l’industrie minière. Elles ont de 12 à 15 pouces de large par 5 pieds de long. Quand on met ça sur la toile, l’ensilage descend encore de 6 pouces et il n’y a pas d’air qui entre. »

Pour Alphonse Pittet, l’art d’ensiler repose sur un mantra tout simple : l’ensilage doit rentrer dans le silo en bon état et il doit être bien compacté. « Si c’est parti tout croche, c’est sûr que tu vas avoir de la mauvaise qualité », ­résume-t-il. 


S’équiper pour performer

Avec un silo horizontal, une bonne compaction est synonyme de meilleurs rendements. Outre le tracteur, il existe quelques équipements conçus spécifiquement pour cette tâche.

Rouleaux compacteurs

Les rouleaux compacteurs permettent d’augmenter jusqu’à 40 % la compaction par rapport à celle faite au tracteur, selon les estimations du propriétaire des Équipements Lambert, Jean-Marc Lambert. « On parle d’une compaction qui peut atteindre jusqu’à 230 kg d’ensilage par m3 comparativement à 180 kg/m3 avec un tracteur », précise-t-il.

Ces compacteurs sont conçus au Québec à partir de roues de train recyclées. Ils sont fabriqués sur mesure selon la force du tracteur et les besoins de la ferme. Ils sont disponibles avec 7, 9, 11 ou 15 roues et pèsent jusqu’à 16 000 livres.

Le compacteur d’Équipements Lambert est un des rares sur le marché québécois. Sinon, les producteurs peuvent se tourner vers le Spanjer Machines offert par l’Agence mécanique Courtney.

Cet équipement fabriqué en Ontario est offert en différentes largeurs, de 5 à 19 roues. Les points de contact sont en acier inoxydable, ce qui fait que le foin ne colle pas aux roues et la machine reste propre.

Le placeur d’ensilage est installé sur le PTO avant et le compacteur est accroché à l’arrière du tracteur. Photo : Gracieuseté des Équipements Lambert
Le placeur d’ensilage est installé sur le PTO avant et le compacteur est accroché à l’arrière du tracteur. Photo : Gracieuseté des Équipements Lambert

Placeurs d’ensilage

Inspirée par ce qui se fait en Europe, l’équipe des Équipements Lambert a conçu un placeur d’ensilage, aussi appelé distributeur d’ensilage.

Cet équipement permet de répartir l’ensilage uniformément dans le silo fosse et de limiter l’entrée d’air. « Quand on utilise cet équipement, c’est comme quand on plie notre linge avant de le mettre dans le tiroir. Il en rentre beaucoup plus que si je mets mon linge en mottons, n’importe comment », illustre Jean-Marc Lambert.

Le placeur d’ensilage est offert en deux versions de 10 ou 15 pieds de large. Les deux modèles sont dotés d’un pivot hydraulique qui permet de distribuer l’ensilage avec un angle de 20 degrés. 


Ce texte est paru dans l’édition de mai 2021 du magazine L’UtiliTerre.