Économie 31 mars 2021

Ça continue de brasser dans la croustille

Pour la troisième fois depuis 2014, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) devra décréter une convention de mise en marché entre les Producteurs de pommes de terre du Québec (PPTQ) et le transformateur Croustilles Yum Yum. Les deux parties ont été incapables de s’entendre de gré à gré pour le contrat de l’année 2020. Au moment de mettre sous presse, soit plus d’un mois après les audiences devant la Régie, le jugement n’était toujours pas rendu.

Francis Desrochers
Francis Desrochers

« Ça devrait aboutir sous peu », anticipait le président des PPTQ, Francis Desrochers, lors d’un entretien le 17 mars. Selon lui, la décision créera un précédent considérable dans l’industrie de la pomme de terre au Québec. « C’est une décision importante; c’est sans doute pour ça que c’est long », présume-t-il. Les audiences se sont déroulées sur quatre jours, du 16 au 19 février. Du côté de la Régie, on explique qu’un verdict peut être rendu dans un horizon allant jusqu’à quatre mois.

Incapables de s’entendre sur les prix

Comme en 2014 et en 2016, les deux parties ne s’entendent pas quant au montant à offrir aux agriculteurs pour leurs pommes de terre de transformation. En 2014, la Régie des marchés agricoles avait accordé à Yum Yum une baisse de prix de l’ordre de 9 %. En 2016, les producteurs ont tenté de rattraper ce recul, mais aucune augmentation ne leur a été accordée. Pour l’année 2020, Francis Desrochers espère un dénouement différent.

Selon Francis Desrochers, le transformateur ne s’en remet qu’aux coûts de production pour déterminer les prix, alors que plusieurs autres facteurs, notamment l’évolution du marché nord-américain des dernières années, devraient aussi être pris en considération.

« Actuellement, l’argent que les producteurs reçoi­vent ne couvre que les coûts de production. Nous, tout ce qu’on demande, c’est de pouvoir aller chercher une marge de ­profits pour pouvoir innover. On veut un prix qui correspond au marché actuel », plaide le président des PPTQ.

Les producteurs de pommes de terre n’ont que deux clients au Québec pour la croustille, soit Yum Yum, basée à Warwick dans le Centre-du-Québec, et Frito-Lay, dont l’usine se situe à Lévis. « Frito-Lay offre plus que Yum Yum, actuellement. Nous, ce qu’on veut, c’est régler cette ­iniquité », insiste M. Desrochers.

Une augmentation en 2018 et 2019

Valérie Jalbert
Valérie Jalbert

Valérie Jalbert, présidente-directrice générale d’Aliments Krispy Kernels et de Croustilles Yum Yum, rappelle de son côté que son organisation a consenti de gré à gré une ­augmentation des prix aux producteurs pour les années de récolte 2018 et 2019. Pour 2014, 2015, 2016 et 2017, ­ajoute-t-elle, les prix ont été déterminés par la RMAAQ.

Comme le processus d’arbitrage suivait toujours son cours au moment de mettre sous presse, la principale intéressée n’a pas souhaité émettre d’autres commentaires dans le dossier. « Croustilles Yum Yum travaille avec des producteurs du Québec depuis plus de 60 ans et cette collaboration est importante pour nous », ­a-t-elle soutenu. Dans le mémoire déposé par le transformateur à la Régie, néanmoins, ce dernier se justifie d’offrir des prix plus bas que Frito-Lay en raison des réalités distinctes des deux acheteurs. « Frito-Lay est une multinationale occupant 70 % de l’espace tablette, tandis que les marques Yum Yum n’occupent que 3 % du marché du détail », lit-on notamment.