Économie 15 mars 2021

Le prix des terres augmente, sauf en Montérégie et au Centre-du-Québec

Le rapport de Financement agricole Canada (FAC) sur la valeur des terres agricoles en 2020, qui vient d’être publié, indique une hausse moyenne de 7,3 % du prix des terres pour l’ensemble du territoire québécois. Cette hausse est légèrement plus marquée qu’en 2019 alors que les terres s’étaient appréciées de 6,9 %.

Comme à l’habitude, la valeur des terres varie selon les régions du Québec, mais une surprise de taille émane du rapport de FAC : la Montérégie et le Centre-du-Québec affichent une variation de 0 %, c’est-à-dire aucune hausse de la valeur moyenne.

En visioconférence, l’économiste agricole en chef chez FAC, Jean-Philippe Gervais, a reconnu qu’il s’agit vraisemblablement de la première fois, depuis le début de la publication de ce type de rapport, que la valeur moyenne des terres ne s’accroît pas dans ces deux régions. Le rapport de 2020 précise qu’elles ont affiché une activité d’achat normale et un marché stable, de sorte que la valeur moyenne des terres agricoles n’a pas fluctué.

Le prix explose ailleurs

L’Estrie, avec une hausse moyenne du prix des terres de 32 %, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, avec une hausse de 20 %, et le Bas-Saint-Laurent–Gaspésie, avec une augmentation de 18 %, remportent la palme des croissances les plus fulgurantes du prix des terres au Québec.

Invité à commenter cette hausse, Jean-Philippe Gervais mentionne qu’il s’est produit un « certain équilibrage » en Estrie, indiquant que ce sont les terres les plus productives qui ont augmenté le plus. Il a aussi constaté un intérêt plus marqué des citadins désirant quitter la ville pour s’acheter un petit lot à la campagne.   

Toujours en hausse

Le Québec est la deuxième province au Canada, après la Colombie-Britannique, où les terres se sont le plus appréciées en 2020. La forte demande des terres agricoles au Québec s’explique par deux facteurs : les bons revenus des agriculteurs et les faibles taux d’intérêt. Jean-Philippe Gervais précise que les producteurs de grains du Québec ont obtenu une hausse de revenus de 8,5 % en 2020, et les maraîchers québécois ont également enregistré des revenus supérieurs à 2019. Cet environnement d’affaires favorable est encore présent, laissant croire à M. Gervais que la valeur des terres augmentera encore au cours des six premiers mois de l’année 2021.

Les agriculteurs mis en garde

Jean-Philippe Gervais
Jean-Philippe Gervais

Les revenus en hausse des fermes et les faibles taux d’intérêt motivent plusieurs agriculteurs à acheter une terre, une conjoncture favorable qui pourrait cependant changer, prévient Jean-Philippe Gervais. Cette mise en garde n’est pas anodine, sachant que M. Gervais est l’économiste agricole en chef chez FAC, qui est le plus important prêteur agricole et agroalimentaire canadien avec un portefeuille de prêts de plus de 41 G$. En visioconférence, M. Gervais a souligné que le revenu des fermes québécoises consacré à l’achat des terres est très élevé. Et les taux d’intérêt des prêts sur cinq ans commencent à s’accroître. La situation de la Chine, aux prises avec une variante de la maladie de la peste porcine africaine, est préoccupante et pourrait avoir des impacts sur nos marchés, mentionne-t-il. Au final, il conseille aux agriculteurs d’évaluer les changements économiques possibles avant de se lancer dans l’achat d’une terre. Il recommande aux acheteurs de terre de prévoir un budget qui laissera à la ferme une marge de manœuvre suffisante au cas où le prix des produits agricoles diminuerait et que les taux d’intérêt augmenteraient. La prudence est particulièrement de mise dans les régions où la valeur des terres dépasse les revenus que ladite terre peut générer.