Forêts 9 décembre 2020

Les années d’or des producteurs de sapins de Noël

Les ventes de sapins de Noël au Québec, qui étaient déjà excellentes l’an dernier, sont encore meilleures cette année. En ce début décembre, des pénuries de sapins sont déjà rapportées, à Montréal notamment.

À cela s’ajoute une hausse majeure des ventes de sapins québécois à l’étranger et du prix de ceux exportés qui a augmenté de 42 % entre 2017 et 2019 seulement. « Je n’ai jamais vu une demande aussi forte », commente Benoit Labbé, qui a planté ses premiers sapins de Noël en 1973, pour ensuite fonder la Plantation Benoit Labbé, à Weedon, en Estrie.

Émilie Turcotte-Côté
Émilie Turcotte-Côté

« On a déjà connu des années difficiles où on avait des surplus d’arbres. Mais ces temps-ci, on en manque. On ne fournit pas », dit celui qui exporte la majeure partie de ses sapins aux États-Unis et aux Bermudes. Il a haussé ses prix d’environ 10 %. « J’aurais pu monter plus, mais il ne faut pas exagérer, car on peut affecter nos marchés pour les années suivantes », juge-t-il,  signifiant que des prix trop élevés peuvent inciter les consommateurs à favoriser les sapins artificiels lors des prochaines années.

Secteur en croissance

Le Québec est le principal producteur de sapins de Noël au Canada et la valeur des exportations a augmenté de façon exponentielle depuis 2014, passant de 20 M$ à 60 M$. Du jamais vu. Cette croissance se répercute sur la taille des entreprises. « Avant, tu étais un gros avec 40 000 sapins. Maintenant, je suis un petit. Il y a des grosses entreprises qui achètent les autres et qui prennent de l’ampleur », dit M. Labbé.

Par comparaison, l’entreprise Plantations BL Christmas Trees, basée en Estrie, cultive 3,3 millions d’arbres. Cette tendance à la hausse de la taille des entreprises est également observée par l’agronome Émilie Turcotte-Côté, spécialisée en production d’arbres de Noël. « Nous sommes présentement dans de très bonnes années. Il y a des producteurs plus âgés qui en profitent pour vendre leurs plantations à bon prix. D’autres les achètent et consolident leur entreprise », explique celle qui est vice-présidente de l’Association des producteurs d’arbres de Noël du Québec.

Avec de plus grands volumes, les propriétaires peuvent investir davantage en mécanisation pour ainsi diminuer leurs besoins en main-d’œuvre et, par le fait même, leur coût de production.

Tout ce contexte haussier rend cependant les démarrages plus difficiles pour de jeunes aspirants. « Ce n’est pas facile de se lancer. Ça prend de la persévérance, reconnaît M. Labbé. Il ajoute du même souffle : « Quand j’ai commencé, je travaillais à temps plein chez SNC Lavalin et je passais mes vacances à planter et à tailler des sapins. Après plusieurs années, j’ai fini par pouvoir vivre de ma plantation. Aujourd’hui, les jeunes veulent avoir une qualité de vie et je n’en connais pas beaucoup qui veulent passer leurs vacances à planter et à tailler des arbres. »