International 9 novembre 2020

Une ère Biden sous le signe de la stabilité et du protectionnisme

L’arrivée du nouveau président à la Maison-Blanche en janvier 2021, Joe Biden, pourrait insuffler un vent de stabilité sur les marchés agricoles canadiens et internationaux, sans toutefois ralentir le mouvement politique préconisant le Buy America, selon le vice-président Agriculture et Agroalimentaire à la Banque Nationale, Patrick Lemelin, et le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau.

Les États-Unis devront redresser les finances publiques et relancer l’économie, fortement affaiblie par la crise de la COVID-19, soutient M. Groleau. « J’ai peur que [les Américains] deviennent encore plus protectionnistes qu’ils ont été dans le passé. Qu’ils prennent des mesures, par exemple au niveau de la viande bovine ou de porc. On n’est jamais à l’abri », dit-il. Le président de l’UPA rappelle que le secteur canadien des viandes avait été touché par l’entrée en vigueur de la loi sur l’étiquetage de la viande en fonction du pays d’origine (Country of Origin Labelling) sous la présidence de Barack Obama. Cela avait découragé plus d’un détaillant américain à s’approvisionner en viande canadienne pour ne pas à avoir à se soucier de l’étiquetage.

Environnement

En campagne électorale, Joe Biden a indiqué vouloir que son pays réintègre les Accords de Paris sur le climat. Patrick Lemelin s’attend à voir des taxes environnementales apparaître chez nos voisins du sud qui mineront la compétitivité des fermes américaines à l’avantage des fermes canadiennes. « Ça pourrait aligner les efforts qu’on demande aux agriculteurs pour combattre les changements climatiques de part et d’autre de la frontière », a soutenu pour sa part M. Groleau.

Accords commerciaux

Joe Biden a également signifié son intérêt de vouloir réintégrer l’Accord de partenariat transpacifique global et progressif (PTPGP). Or, les quantités de produits sous gestion de l’offre préalablement accordés aux États-Unis avant leur retrait de l’Accord devront être renégociées, affirme M. Groleau. « On leur a accordé des accès dans l’ACEUM justement parce qu’ils avaient quitté le PTPGP, soutient-il. S’ils rejoignent le PTPGP, il va falloir que le Canada se tienne debout. Il n’est pas question de dérouler le tapis rouge parce qu’ils veulent revenir. »

Quatre années difficiles

La présidence de Donald Trump a été « difficile » pour les agriculteurs canadiens, a indiqué Marcel Groleau. « Ça n’a pas été catastrophique, mais disons que ça n’a pas été des relations harmonieuses », dit-il.

Selon Patrick Lemelin, Donald Trump a usé de stratégies de négociation « tumultueuses », notamment avec la Chine, qui ont mis de la pression sur le prix des denrées à la Bourse de Chicago. « Nous, on continuait de vendre du porc parce qu’il n’y avait pas de restrictions sur le porc canadien en Chine, alors qu’il y en avait sur le porc en provenance des États-Unis, et comme notre prix de référence était américain, les producteurs canadiens étaient impactés ici », explique-t-il. La compétitivité des entreprises agricoles canadiennes, notamment des transformateurs, a selon lui été indirectement affectée par la baisse d’impôts accordée aux entreprises américaines durant le mandat de Donald Trump.