Politique 4 novembre 2020

L’issue du scrutin américain toujours inconnue

Plus de 12 heures après la fermeture des premiers bureaux de vote aux États-Unis, la lutte pour la présidence continue entre le démocrate Joe Biden et le républicain Donald Trump. Le comptage des voix se poursuit encore ce matin dans sept États clés, même si le président sortant a revendiqué avoir « gagné » la nuit dernière.  

En cas de victoire républicaine, les relations des États-Unis avec leurs partenaires commerciaux, incluant le Canada, continueront vraisemblablement  d’être marquées par des positions protectionnistes et des prises de décisions centralisées et aléatoires. C’est ce que la professeure Marie-Ève Gaboury-Bonhomme, spécialisée en analyse des politiques agroalimentaires et du développement durable à l’Université Laval, avait affirmé lors d’une entrevue accordée à La Terre en septembre dernier.

Une victoire démocrate, selon elle, pourrait toutefois faciliter les échanges commerciaux avec le Canada. « [Avec les démocrates], on peut s’attendre à des approches plus concertées et une plus grande proximité avec le gouvernement Trudeau, plus proche des démocrates sur le plan idéologique. Néanmoins, aux États-Unis comme ailleurs, la tendance est plus à l’achat local qu’au libre-échange dans le contexte de la COVID-19 », avait-elle rappelé.

L’ancien délégué général du Québec à New York John Parisella, aujourd’hui conseiller spécial pour la firme de relations publiques National avait lui aussi soutenu que le mouvement politique préconisant le Buy America continuerait de se développer indépendamment du parti au pouvoir, et que même dans le cas d’une victoire démocrate, la gestion de l’offre serait toujours sous pression. « Les Américains, qui oublient qu’ils subventionnent les grandes fermes, voient notre système comme hautement subventionné par l’État, qui va donc à l’encontre du commerce », avait-il analysé en septembre.

Plateformes agricoles américaines

Dans sa plateforme électorale, Joe Biden a promis d’aider à protéger les revenus des petites et moyennes entreprises agricoles, de bonifier les programmes de conservation et de lutter contre les changements climatiques. Le démocrate a précisé vouloir renforcer les lois antitrust dans le secteur des intrants agricoles, réinvestir dans la recherche publique sur l’agriculture durable, l’alimentation et le développement de nouvelles semences, puis renforcer davantage les programmes d’assurance-récolte.

Le président sortant Donald Trump n’a pas élaboré de plateforme électorale. Rappelons toutefois qu’il a versé 30 G$ en aides directes aux agriculteurs américains victimes de la crise de la COVID-19 depuis le mois d’avril. Ceux-ci pourront ainsi recevoir jusqu’à 250 000$ par entreprise.

Rappelons qu’en 2016, les agriculteurs américains ont été 32 % plus nombreux à préférer le républicain Donald Trump à la démocrate Hillary Clinton.