Politique 5 novembre 2020

Tarifs possibles pour exporter des poivrons et petits fruits aux États-Unis

À la demande du gouvernement des États-Unis, la Commission américaine du commerce international (United States International Trade Commission) fera enquête afin de déterminer si les hausses importantes d’importations de bleuets, de fraises et de poivrons là-bas, ces dernières années, représentent une menace pour la production américaine. La démarche pourrait mener à des recommandations au président des États-Unis d’imposer des quotas ou des tarifs sur l’importation de ces fruits et légumes, y compris ceux en provenance du Canada.

En tant qu’exportateurs aux États-Unis, les acteurs de milieu canadien et québécois de l’agriculture prendront part aux enquêtes des commissaires et répondront à leurs questions. Ils tenteront de leur prouver que les importations en sol américain en provenance du Canada ne sont pas une menace. Déjà, les producteurs de bleuets ont reçu un questionnaire de la Commission à remplir. En ce qui a trait aux poivrons et aux fraises, de telles enquêtes n’étaient pas officiellement lancées encore au moment de mettre le journal sous presse. « C’est important que les producteurs se mobilisent et qu’ils répondent aux questionnaires qui leur seront distribués. Plus on sera nombreux à participer, plus les risques que des quotas soient imposés diminuent », soutient Catherine Lessard, directrice de la recherche et du développement à l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ).

Le Québec exporte des bleuets

Au Québec, des trois produits maraîchers sous enquête, les bleuets (incluant ceux de corymbe et sauvages) sont ceux qu’on exporte en plus grande quantité. Selon des données rendues disponibles par le Syndicat des producteurs de bleuets du Québec, des 80 millions de livres de bleuets sauvages produits annuellement au Lac-Saint-Jean, entre 20 et 25 millions sont envoyés aux États-Unis. « C’est un marché important pour nous. Il faut suivre ça de près », indique le président du Syndicat, Daniel Gobeil. Le Canada fait par ailleurs partie des pays qui exportent le plus de bleuets sauvages et de corymbe aux États-Unis, avec d’autres pays d’Amérique latine tels que le Pérou, le Chili, l’Argentine et le Mexique, selon d’autres données compilées par des experts en agroéconomie mandatés par le Syndicat.

Poivrons et fraises

En ce qui a trait aux poivrons verts et aux fraises, les exportations du Québec vers les États-Unis sont minimes, mais les fédérations concernées restent sur leurs gardes. « On a quand même 10 exportateurs de fraises au Québec. Ce n’est pas beaucoup, mais ça pourrait leur faire mal si des tarifs leur étaient imposés », explique Jennifer Crawford, directrice générale de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec (APFFQ). L’APMQ rapporte quant à elle que 6,7 millions de kilogrammes de poivrons verts sont exportés du Québec annuellement chez nos voisins du Sud. 

Le Canada pourra contester la décision

Selon Maurice Doyon, agroéconomiste au Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval, si les États-Unis, au terme de l’enquête de la Commission américaine, parviennent à imposer des tarifs sur les importations, la décision sera facilement contestable par les pays touchés. « Je vois mal que de telles impositions de quotas puissent résister à une contestation du Canada et du Mexique, par exemple, devant le mécanisme de résolution des différends de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique. Les accords de libre-échange en vigueur ne permettent pas aux États-Unis de faire ce qu’ils veulent comme ça », estime-t-il.