Politique 3 septembre 2020

Erin O’Toole devra défendre le marché intérieur canadien

Le nouveau chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Erin O’Toole, élu le 24 août, s’est engagé à défendre la gestion de l’offre sur sa plateforme agricole déployée lors de la course à la chefferie de son parti. Or, le président de l’Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau, souhaite plutôt entendre, à l’instar de la promesse faite par Justin Trudeau, qu’il n’y aura plus de concessions de marchés pour les productions sous gestion de l’offre lors de négociations commerciales menées par le Canada.

La plateforme agricole présentée par M. O’Toole lors de la course à la chefferie du PCC donne à entendre que les gouvernements conservateurs précédents ont collaboré avec les producteurs du pays pour garantir l’ouverture de nouveaux marchés tout en protégeant la gestion de l’offre. « En tant que secrétaire parlementaire pour le ministère du Commerce, j’ai travaillé en étroite collaboration avec ces familles et leurs associations pour conclure l’accord de libre-échange avec l’Europe », y lit-on. Or, cet accord a permis l’importation de 17 000 tonnes de fromages européens exempts de tarifs sur le marché intérieur canadien, ce qui a affecté les producteurs. L’affirmation d’Erin O’Toole sur la protection de la gestion de l’offre n’est pourtant pas fausse, dit M. Groleau. « Quand ils disent l’avoir protégée, ils ont raison, mais ils n’ont pas protégé le marché canadien. […] Mme Freeland et M. Trudeau ont dit qu’il n’y aura plus de concessions de marché dans les productions sous gestion de l’offre dans les prochaines négociations que le Canada va mener et on veut entendre la même chose de M. O’Toole », précise ce dernier.

Mesures agricoles

Marcel Groleau soutient que la plateforme d’Erin O’Toole contient des mesures intéressantes pour les agriculteurs, notamment en ce qui a trait à l’investissement dans la recherche, aux incitatifs de gestion environnementale, ainsi qu’à la révision de la loi fédérale sur l’étiquetage alimentaire. Il souhaite cependant que certaines mesures soient approfondies pour gagner en efficacité comme les programmes de protection du revenu agricole.

Bien que le nouveau chef conservateur s’engage aujourd’hui à veiller à ce que ces derniers soient prévisibles, encaissables et gérables, rappelons que
M. O’Toole était au gouvernement en 2013 lorsque le programme Agri-Stabilité a été coupé. « La première chose à faire dans un gouvernement conservateur mené par M. O’Toole serait de réinvestir dans le programme Agri-Stabilité au Canada parce qu’actuellement, on n’est pas compétitifs [avec nos concurrents américains et européens] », soutient le président de l’UPA. Notamment, précise ce dernier, lors de fluctuations ou de volatilité des prix où les programmes américains soutiennent davantage les producteurs agricoles que ce que ne le font les programmes canadiens.