Ma famille agricole 30 août 2020

Quand les oies font partie de la famille

SAINT-TITE-DES-CAPS — Du plus loin qu’elle se souvienne, Natacha Jobin a toujours désiré mener une existence inspirée des Filles de Caleb. « Vivre à la ferme, le vrai travail, avoir 10 enfants, servir les patates pilées! » énumère-t-elle. Aujourd’hui, à quelques détails près, la copropriétaire de la ferme Québec-Oies a pleinement réalisé ses ambitions.

Mère de trois enfants (« c’est bien suffisant », tranche-t-elle en riant), dont aucun n’aime les pommes de terre, Natacha Jobin est fière du chemin parcouru depuis qu’elle a concocté son tout premier foie gras, en 2004.

Cette année-là, elle et son conjoint, Simon Brousseau, avaient mis la main sur une centaine d’oies dont un éleveur voulait se départir. Leur employeur de l’époque, le Mont Saint-Anne, avait accepté de les aider pour ce premier projet qui a suscité un vif intérêt auprès du public, heureux de pouvoir observer les anatidés durant l’été. Après les avoir fait abattre, le couple, aidé d’un chef de la région, a transformé les oies, le soir, dans la cafétéria du Mont Sainte-Anne. Dès la mise en vente des rillettes et des foies gras, ils ont réalisé l’ampleur de l’engouement.

Si enfant Natacha se voyait comme Émilie Bordeleau, son conjoint, lui, développait ses talents d’éleveur depuis déjà très longtemps. « Dans sa cour arrière, révèle-t-elle, il élevait des lapins, des faisans, des cailles et des canards. La gastronomie a toujours été au cœur de sa famille. Manger des animaux qu’on a préalablement bien élevés fait partie de sa tradition familiale, de ses gènes. » Leur personnalité tout aussi complémentaire que complice scellait leur destin de producteurs.

Le père de famille est vraiment dans son élément au milieu de ses oies qui sortent dans les champs après six semaines de vie.
Le père de famille est vraiment dans son élément au milieu de ses oies qui sortent dans les champs après six semaines de vie.

Sans brûler d’étapes

Leur première fille est née en pleine période de démarrage et Natacha admet que les premières années ont été éprouvantes. « J’ai eu une fatigue psychologique et corporelle », mentionne-t-elle. Malgré les défis, la venue de ses enfants lui a appris à ralentir et à mener à bien son projet d’entreprise sans brûler d’étapes.

L’élevage de l’oie exige rigueur et minutie. Au printemps, les œufs sont incubés, après quoi, les plus grands soins sont prodigués aux poussins jusqu’à ce qu’ils puissent sortir dans les champs. Chaque automne, entre 1 500 et 2 000 oies sont gavées cinq fois par jour. Une fois les animaux abattus, quatre-vingt-dix pour cent de la viande est transformée, ce qui représente beaucoup de travail pour toute la famille, juste avant les Fêtes.

Avant d’aider leurs parents dans la transformation de la viande, les enfants nourrissent les oies et leur donnent parfois des noms. Pourtant, ils comprennent que leur destinée se termine à l’abattoir et ce n’est pas tabou chez eux. « Ils ont compris que plus tu donnes de bons soins aux animaux, meilleur sera ton rendement. Ça fait partie de nos valeurs », souligne l’éleveuse.

Chacun son espace

Bien qu’il soit trop tôt pour discuter de l’avenir de ses enfants au sein de l’entreprise, Natacha aime les observer évoluer à la ferme et y trouver chacun leur espace. « Ma plus grande a un intérêt assez intense pour le foie gras et elle adore le cuisiner. Même si elle n’a que 13 ans, elle comprend les notions de base liées à la gestion d’une entreprise. Comme Simon, ma plus jeune a un lien inné avec les animaux. Elle n’est pas du tout nerveuse avec eux. Mon fils est dans le milieu : on verra! »

Émilie Vallières, collaboration spéciale

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