Actualités 11 juillet 2020

Nettoyage et entretien des silos verticaux

L’inspection et l’entretien d’un silo s’avèrent essentiels si l’on ne veut pas se faire jouer des tours, surtout avant le remplissage. Une gestion discutable pourrait en effet endommager les parois internes et conduire à une défaillance du bâtiment cylindrique.

« Un silo conventionnel ne demande pas beaucoup ­d’entretien, constate Michel Lagacé, directeur de Silo ­Supérieur. Quand il est vide à l’automne, on vérifie si tous les bearings, la soufflerie et les palettes sont en bon état. Au lieu d’avoir à grimper à 100 pieds dans les airs pour faire un changement, ça se fait dans le bas du silo. »

Avant de remplir le silo-tour, il est important d’aspirer les poussières et impuretés présentes sur le plancher et les fissures des cloisons. De plus, on doit boucher les trous et lézardes afin de bloquer l’accès aux rongeurs, et nettoyer les grilles de la plateforme, du ventilateur et des sorties d’air.

À l’intérieur d’un silo plein, les fondations subissent les pressions latérales et verticales d’une partie des charges transmises aux cloisons circulaires, alors que le sol, de son côté, supporte dans l’anneau de l’assise l’autre ­partie de la masse.

Avec le temps, les matériaux en vrac se compactent sur les murs. C’est pourquoi il est impératif de détruire les accumulations de matériel et de les détacher des parois.

Le déchargement de matériaux en morceaux et le besoin d’effectuer des cycles de remplissage plus fréquents, le silo ne se vidant pas complètement, sont des signes que l’intérieur doit être nettoyé.

Un jus acide

La pression exercée par le tassement de la masse ensilée extrait le liquide des plantes qui se répand par suintement. Le liquide ainsi produit compte parmi les eaux usées les plus polluantes en agriculture. S’il est mal géré, surtout sur les terrains en pente et les sols lourds, ce lixiviat à contenu dominant en éléments nutritifs peut rejoindre les eaux de surface et les contaminer.

« Très concentrée en azote, phosphore et potassium, la composition des effluents présente une demande biochimique en oxygène (DBO) extrêmement élevée et possède un pH acide, explique Raphaëlle Savard-Moisan, relationniste à la Direction des communications au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) du Québec. Un déversement d’importance pourrait générer une mortalité massive des poissons dans un cours d’eau. »

De plus, les fortes compactions favorisent des infiltrations dans les pores du ciment et risquent d’affaiblir la structure du silo. Les planchers non étanches ou des murs et fondations fissurés constituent donc des sources d’écoulement pouvant atteindre les eaux de surface ou la nappe phréatique. Toutefois, l’eau de ruissellement provenant de l’intérieur est « propre » et n’atteint pas le réseau de captage; elle peut être épandue sur les terres.

La mise en place de fosses à lixiviat, ­inspectées selon un calendrier établi, s’avère une avenue efficace pour éviter la propagation. Elles permettent la captation de cette ressource riche en éléments nutritifs pour le sol. On peut également installer une barrière de plastique dans le plancher pour empêcher les effluents ­d’atteindre les eaux souterraines ou ­encore aménager une bande filtrante de végétation pouvant intercepter et ­absorber les rejets d’ensilage.

Par ailleurs, plus la distance d’un puits est importante, moins les risques de contamination sont élevés; un silo en aval d’une source d’eau potable réduit aussi considérablement le danger de contamination. Des analyses d’eau trois fois par année permettront de vérifier la teneur en bactéries; pour les nitrates, une fois l’an suffit. On doit intervenir en conséquence.

« Il faut toujours se rappeler que les silos contiennent des denrées très périssables, résume le directeur de Silo Supérieur. La seule façon de les conserver en bon état est de surveiller la parfaite étanchéité de la structure. » 

Roger Riendeau, collaboration spéciale