Politique 25 juin 2020

Heureux à la ferme, mais les yeux encore tournés vers Ottawa

Jean-Claude Poissant coule des jours heureux à sa ferme de Saint-Philippe en Montérégie depuis qu’il a perdu son siège de député du Parti libéral du Canada en octobre dernier. Mais à 60 ans, l’homme estime que sa carrière politique n’est pas terminée et qu’il retrouvera sa « famille » à Ottawa d’ici les cinq prochaines années.

La défaite d’octobre dernier n’a pas été amère pour l’ex-politicien. Jean-Claude Poissant n’a pas l’impression d’avoir perdu son siège à cause du manque de confiance de ses électeurs après les concessions de son gouvernement dans la gestion de l’offre. « J’ai eu plus de voix qu’à l’élection de 2015, sauf que le vote du Nouveau parti démocratique s’en est allé vers le Bloc », dit-il. Qu’à cela ne tienne, la récolte de maïs-grain battait son plein à ce moment-là à la ferme. Cela lui a rapidement permis de passer à autre chose.

Depuis octobre, Jean-Claude Poissant gère avec son fils un troupeau de 130 vaches, dont 65 en lactation, et cultive 700 acres de maïs-grain et de fourrages pour les animaux, ainsi que de l’orge dédiée à la fabrication de bière et du soya pour l’alimentation humaine. « J’aimerais diversifier encore plus », dit celui qui observe la possibilité de cultiver des légumes sur ses terres noires. Au moment de l’entrevue, il venait de terminer le taillage des sabots des vaches et s’apprêtait à grimper dans le tracteur pour continuer la première coupe de luzerne.

Élu pour la première fois le 19 octobre 2015, sous les couleurs libérales, M. Poissant a assuré les fonctions de secrétaire parlementaire des différents ministres de l’Agriculture qui se sont succédé. « J’ai bien aimé mon expérience. Ce n’est pas une expérience facile [surtout] dans la crise du lait diafiltré ou de la négociation des accords de commerce. Il y a des fois où on se demande si on est vraiment à sa place, mais sur le plancher de la Chambre [des communes], je voyais que j’avais l’expertise pour essayer de faire bouger les choses », indique M. Poissant. Ce qui lui manque de son ancien travail? Sa famille politique et le caucus du Québec de son parti le mercredi matin. « [Le caucus], c’était un moment privilégié qu’on a sur la colline de se parler franchement […] à micro fermé, souligne-t-il. C’était un moment extraordinaire parce que j’étais capable d’aller me chercher des alliés […]. C’était la façon de faire monter le message jusqu’en haut », raconte-t-il.

Aujourd’hui, l’homme continue de recevoir des appels d’anciens collègues de son parti, à qui il se fait un plaisir de prodiguer des conseils à partir de son expérience. Mais l’appel de la vocation politique est puissant. Il se donne cinq ans pour retourner à Ottawa. « Je ne ferme aucune porte, comme je dis toujours, mais [en retournant sur la colline], je ne serais peut-être plus la même personne non plus, parce que j’ai bien aimé revenir sur la terre aussi », conclut-il.