Actualités 11 juin 2020

Christine Beaulieu aime l’agriculture

La COVID-19 aura permis à la comédienne Christine Beaulieu de renouer avec l’un de ses premiers amours : la terre. Elle se trouvait en France pour y donner les quatre premières représentations de sa pièce de théâtre J’aime Hydro quand François Legault a décrété le confinement au Québec.  Revenue à Montréal, plutôt que de vivre cloîtrée dans sa maison, elle a décidé d’aller travailler bénévolement dans une ferme de production maraîchère biologique à Havelock, en Montérégie.

Son intérêt pour le milieu rural n’est pas fortuit. Christine Beaulieu a grandi à la campagne et de l’âge de 11 ans jusqu’à la fin de son adolescence, elle a travaillé tous les étés dans une ferme située à Pointe-du-Lac, en Mauricie. Elle y cueillait diverses variétés de fruits et de légumes et les dernières années, elle tenait même le kiosque de vente. « Tu sors la fille de la campagne, mais tu ne sors pas la campagne de la fille », souligne-t-elle. Durant la pandémie, elle a décidé d’aller prêter main-forte à ses amis propriétaires de la ferme Les Bontés de la Vallée, Mélina Plante et François D’Aoust, qui étaient en manque de bras en raison de l’incertitude entourant la venue de leurs travailleurs guatémaltèques.

Depuis la fin mars, elle y a accompli toutes sortes de tâches comme de déraciner des arbres âgés de deux ans pour les replanter ailleurs, d’enlever des toiles pour libérer des rangs, de mettre du compost en terre et de recouvrir le tout de copeaux, de percer un trou avant de planter les semis et de remettre ­parfois les toiles pour les protéger. 

Grand défi d’ajustement

Physiquement, de passer de la scène artistique à la culture maraîchère a représenté un défi d’ajustement « incroyable », dit-elle, mais elle y a trouvé beaucoup de satisfaction. « J’adore cela. Ça me fait beaucoup de bien, s’exclame-t-elle en entrevue avec La Terre de chez nous. Je souhaitais avoir du temps pour aller travailler avec Mélina à leur ferme biologique. La pandémie me permet de le faire. Il y a peu de choses plus valorisantes que de voir pousser et de déguster un légume que l’on a semé. »

La créatrice d’une pièce de théâtre documentaire sur Hydro-Québec a été estomaquée d’apprendre qu’au moment où ses amis maraîchers ont construit leur serre, il était moins coûteux de la chauffer au mazout qu’à l’électricité. « Ça n’a pas de bon sens avec notre société d’État et toute la quantité d’énergie que nous avons en trop », déplore celle qui souhaiterait que ces agriculteurs bénéficient de tarifs préférentiels d’électricité comme en disposent les grosses alumineries. Avec des coûts d’énergie plus bas, croit-elle, ils pourront vendre leurs récoltes à un prix plus bas.

La comédienne s’estime privilégiée de ­traverser la pandémie à la campagne. « Tout le monde en ville a envie d’être dehors et d’avoir les mains dans la terre. C’est une grande chance d’avoir accès à la nature en ce moment », se réjouit-elle.

Cette expérience pourrait bien l’avoir inspirée sur le plan créatif : « Je crois que cela va me nourrir pour écrire autre chose. La terre ­m’apparaît comme un sujet très intéressant », indique-t-elle. 

Denis Méthot, collaboration spéciale