Actualités 10 juillet 2020

Adopter la transplantation automatisée

Est-ce que la crise de la COVID-19, qui accentue les difficultés de recrutement chez les maraîchers, favorisera l’adoption de la transplantation automatisée? Alain Charbonneau, agronome consultant, pense que oui à la condition d’éliminer son frein le plus important, son coût d’acquisition.

« Il y a plusieurs avantages à l’automatisation. Elle améliore la productivité et minimise le besoin de main-d’œuvre au champ. Avec un transplanteur automatique, trois personnes peuvent exécuter le travail, soit le conducteur du tracteur plus deux travailleurs, comparativement à 13 ou 15 personnes avec la méthode traditionnelle de plantation. Comme elle permet un espacement optimal des plants, elle procure aussi une récolte uniforme et de haute qualité », explique celui qui agit aussi comme agronome aux Serres Lefort.

Avec un transplanteur automatique, trois personnes peuvent exécuter le travail, soit le conducteur du tracteur plus deux travailleurs.
Avec un transplanteur automatique, trois personnes peuvent exécuter le travail, soit le conducteur du tracteur plus deux travailleurs.

Des plus et des moins

La transplantation automatisée n’est pas très répandue au Québec. Selon M. Charbonneau, il y aurait moins d’une dizaine de transplanteurs à l’échelle de la province. À elle seule, Les Serres Lefort en possède quatre de la marque PlantTape. Il y a déjà quelques années que l’entreprise utilise cette technologie qui a fait ses preuves.

« Il existe différentes marques sur le marché qui ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients », explique Alain Charbonneau qui a fait une présentation sur le sujet lors des Journées horticoles en décembre dernier. Par exemple, le système TTS, une marque hollandaise, qui permet de transplanter 30 000 plants à l’heure, ne fonctionne que sur un seul type de terre au contraire du transplanteur PlantTape qui peut être utilisé autant sur une terre noire que sur une terre minérale, selon l’agronome.

Malgré ses avantages, différents facteurs limitent son adoption. D’abord, cette solution exige un investissement important pouvant atteindre 200 000 $ voire plus selon la marque. Elle s’adresse donc davantage aux grands producteurs ayant une superficie de production d’au moins 100 acres (40 hectares) qui peuvent plus facilement rentabiliser l’équipement grâce à la réduction des coûts de main-d’œuvre.

Il y a aussi que les transplanteurs automatiques actuellement sur le marché sont fabriqués à l´étranger, principalement en Europe et en Asie. « Les délais de livraison sont donc longs, explique Alain Charbonneau. Ce sont aussi des équipements complexes. En cas de bris, c’est difficile d’obtenir des pièces de remplacement ou un soutien technique de façon rapide. Or, les opérations de plantation ne peuvent pas attendre qu’un technicien puisse se rendre sur place. »

Une technologie québécoise bientôt?

Une PME québécoise, Vegtech s’applique à offrir une solution aux maraîchers. L’entreprise de Sherrington, en Montérégie, spécialisée dans la conception et la fabrication d’équipements agricoles, est en train de développer un planteur automatique. « C’est un projet qu’on avait amorcé il y a quelques années, mais qu’on avait mis sur la glace faute de temps. On a décidé de le relancer pour aider les fermes à résoudre les problèmes de recrutement », explique Guillaume Verner, fondateur de l’entreprise.

L’ingénieur mécanique de formation connaît bien le monde agricole ayant lui-même travaillé à la ferme de l’âge de huit ans jusqu’à la fin de ses études. Son autre passion, c’est l’automatisation. Lui et son équipe ont conçu, depuis le lancement de Vegtech en 2018, plusieurs machines pour réaliser des tâches plus ou moins complexes au champ ou en usine. Il espère la mise au point d’un prototype de son nouveau produit d’ici juillet pour ensuite procéder à des essais sur le terrain.

« On développe un système programmé par ordinateur qui pourra être installé sur un transplanteur mécanique. Une solution plus abordable puisque le producteur n’aura pas besoin d’investir dans un nouvel équipement », précise M. Verner. 

Selon les résultats de la première phase de tests, Vegtech projette lancer la production à la fin de l’été pour mener des essais à plus grande échelle. « Notre objectif, c’est une commercialisation dès 2021 », ajoute l’entrepreneur. 

Sylvie Lemieux, collaboration spéciale.