Actualités 28 mai 2020

Temps sec : « ça commence à être moins drôle »

L’agronome et agriculteur Yanick Beauchemin s’inquiétait du temps frais au début mai. Voilà que les grandes chaleurs et le temps sec qui perdure depuis plusieurs jours le stressent davantage. « C’est tout ou rien cette année! On voulait de la chaleur et on l’a, mais présentement, ça commence à être moins drôle, car il manque vraiment d’eau. Les céréales en arrachent et il commence à être trop tard pour le foin », dépeint M. Beauchemin, dont la ferme laitière est située à Sainte-Monique, au Centre-du-Québec.

Il précise que certaines plantes fourragères commencent à faner et ne tallent pas, ce qui handicapera significativement les rendements de la première coupe, qui, rappelons-le, est habituellement la plus productive de l’année.

Les céréales ont connu une excellente levée. « Mais le manque d’eau est flagrant, précise l’agriculteur. Les plantes ne sont pas capables d’aller chercher leur azote. Les cultures n’avancent pas du tout. Nous avons reçu 8 mm d’eau depuis le 16 avril… »

Les cultures de maïs et de soya s’en sortent mieux, sauf que les herbicides résiduels se font dégrader par le soleil au lieu de s’insérer dans le sol. Ils seront peu efficaces, fait remarquer l’agronome du Club Yamasol  

Manque d’herbe pour les animaux

François Labelle, expert en production laitière biologique chez Valacta, mentionne qu’ici et là au Québec, les pâturages sont à sec. « Les pâturages ne fournissent pas. Plus les animaux mangent, moins il y a de stock. C’est un cercle vicieux qu’il faut éviter autrement les pâturages deviendront trop faibles », prévient-il. Lui-même agriculteur dans les Laurentides, ses pâturages manquent d’herbe pour alimenter son troupeau de moutons. « Habituellement, on ferait la première coupe dans 10 jours. Ce ne sera pas ça cette année. Mais si l’eau arrive, les plantes devraient récupérer rapidement », espère-t-il.

Tournée des régions

Au Bas-Saint-Laurent

L’agriculteur Pascal Pelletier affirme que les champs de foin sont bien partis, mais peu avancés en raison du printemps frais et du sol qui s’en vient sec. Cette faible croissance l’empêche d’envoyer ses vaches au pâturage, chose qu’il fait habituellement vers le 15 mai

Lac-Saint-Jean

« Le printemps a été excessivement sec. Une chance qu’on a eu de la pluie hier, car les cultures ne démarraient pas. Les prairies ont un grand retard de croissance et l’eau va faire du bien. Même chose pour les semis (céréales, etc.) qui étaient sur le break; ça ne levait pas », dit Gilles Asselin, qui couvre tout l’ouest du Lac-Saint-Jean pour la Coop des 2 rives.

Éric Girard, qui couvre le sud-est de la région pour Nutrinor, observe aussi des retards de culture en raison du temps sec. Les précipitations des prochains jours pourraient corriger le tir en grande partie, anticipe-t-il.

En Mauricie

« Les céréales sont de toute beauté́, mais elles auront besoin de pluie bientôt », souligne l’agronome de Pioneer Annie Desrosiers , de Louiseville en Mauricie. Elle dit que les semis de maïs effectués à la fin avril sont par contre très variables et que les plantes fourragères ont connu beaucoup de mortalité́ ce printemps. Les plantes qui ont survécu se développent bien, mais manquent d’eau.

L’agronome Annie Desrosiers montre le champ de maïs le plus avancé de sa clientèle. « Les cultures sont correctes pour l’instant, mais il faudra de l’eau bientôt », souligne-t-elle. Crédit photo : Annie Desrosiers
L’agronome Annie Desrosiers montre le champ de maïs le plus avancé de sa clientèle. « Les cultures sont correctes pour l’instant, mais il faudra de l’eau bientôt », souligne-t-elle. Crédit photo : Annie Desrosiers