Économie 28 mai 2020

Baisse du prix du maïs en vue

Les semis effectués dans des conditions optimales jumelés à l’intention des Américains de semer de très grandes superficies de maïs pourraient mettre la table à une récolte record aux États-Unis, et donc à une baisse de prix du maïs dans les mois à venir au Québec.

« La majorité des semis a été réalisée dans la fenêtre parfaite dans le Corn Belt et ils [les Américains] ont déjà des inventaires de maïs très élevés avec 3,3 milliards de boisseaux. Si les conditions [météo] sont bonnes cet été, il pourrait y avoir beaucoup, mais alors beaucoup de maïs à l’automne aux États-Unis », prévient Ramzy Yelda, analyste principal des marchés chez les Producteurs de grains du Québec.

L’autre variable dans l’équation des prix demeure évidemment la demande et à ce sujet, la COVID-19 apporte des inconnus importants. « La grande question : est-ce que la demande de maïs reviendra à ce qu’elle était avant la COVID ou est-ce qu’elle sera 10 ou 20 % moindre qu’avant? Si les abattoirs roulent au ralenti, si les éleveurs diminuent la taille des troupeaux et si la demande d’éthanol demeure plus faible, la demande totale de maïs baissera. C’est ça, en fait, qui va driver le marché », résume M. Yelda.

Même son de cloche du côté de Simon Brière, stratège de marché chez R.J. O’Brien, qui s’avoue difficilement optimiste envers les prix du maïs des prochains mois.

Concernant le prix du soya et du blé, M. Brière est moins inquiet. « Les inventaires de soya pourraient baisser à l’automne et faire en sorte que les prix se maintiennent ou montent même si nous sommes chanceux. Les jeux politiques auront un impact important. Si la Chine tient sa promesse d’acheteur 40 G$ [de denrées agricoles] des États-Unis, notamment de soya, les prix pourraient monter. Mais j’en doute; les traders ont déjà mis une barre sur la promesse de la Chine », partage M. Brière.

La demande de blé est bonne, ajoute-t-il, et le blé américain est un peu moins de qualité. Sauf que les inventaires risquent d’augmenter aux États-Unis et dans la région de la mer noire. « Pour ces raisons, je suis quand même neutre [sur les projections de prix] », précise Simon Brière.