Économie 11 mai 2020

Une fête des Mères plus clémente pour l’horticulture ornementale

Après une fête de Pâques à oublier pour les horticulteurs ornementaux, la fête des Mères a été plus réjouissante. Les consommateurs ont été si nombreux à vouloir acheter des fleurs en prévision de cette célébration que certaines entreprises ont même connu une rupture de stock.

« Samedi dans la journée, il y avait une file de 30 à 40 personnes qui attendaient à l’extérieur pour acheter des fleurs. Et en soirée, on en a manqué. Dimanche, le téléphone a sonné tout le temps, mais on devait refuser les commandes», raconte Amélie Lampron, directrice générale de Rose Drummond.

Bien que l’entreprise de Drummondville, au Centre du Québec, soit autosuffisante à l’année, la demande en fleurs coupées explose à la Saint-Valentin et à la fête des Mères, ce qui l’oblige à importer des Pays-Bas et de l’Amérique du Sud. Or, comme ces pays sont également frappés de mesures sanitaires en raison de la pandémie, la production florale y tourne au ralenti. « On a perdu un certain pourcentage de notre chiffre d’affaires pour cette fête faute de pouvoir répondre à la demande. Heureusement, les clients se sont montrés compréhensifs », affirme Mme Lampron.

Emmanuel Bertrand, président, et Amélie Lampron, directrice générale de Rose Drummond, ont connu une fin de semaine chargée avec la fête des Mères. Crédit : Gracieuseté d’Amélie Lampron
Emmanuel Bertrand, président, et Amélie Lampron, directrice générale de Rose Drummond, ont connu une fin de semaine chargée avec la fête des Mères. Crédit : Gracieuseté d’Amélie Lampron

Du côté des Serres & Jardins Girouard, les clients étaient également nombreux à vouloir se procurer des arrangements floraux et des potées fleuries. « Nous avons connu un meilleur samedi que l’année précédente et ça reprend aujourd’hui [11 mai] avec des commandes en ligne, confie Martin Girouard. Disons que ça contraste avec Pâques, où on était sur le bout du pont. »

Le propriétaire des Serres & Jardins Girouard, Martin Girouard, a lancé une plateforme transactionnelle le 7 avril dernier pour mieux rejoindre sa clientèle en cette époque de distanciation sociale. Crédit : Gracieuseté de Martin Girouard
Le propriétaire des Serres & Jardins Girouard, Martin Girouard, a lancé une plateforme transactionnelle le 7 avril dernier pour mieux rejoindre sa clientèle en cette époque de distanciation sociale. Crédit : Gracieuseté de Martin Girouard

Faute de pouvoir accueillir les clients à sa jardinerie, le producteur de Sainte-Madeleine, en Montérégie, s’était alors résigné à jeter près de 4 000 pots d’hydrangées, une perte d’environ 30 000 $. « C’était la première fois en carrière que ça m’arrivait, déplore-t-il. Cependant, il est trop tôt pour se prononcer si la saison sera bonne ou pas. On se croise les doigts. »

« Malgré les consignes de sécurité à faire respecter, on peut affirmer qu’on a eu une très bonne journée au niveau des ventes », signale Sandrine Gélinas, des Serres Cléroux, à Laval. Beaucoup de clients se sont déplacés en magasin et un grand nombre de commandes ont été faites en ligne.

En dépit de la météo exécrable et de la pandémie, les consommateurs étaient au rendez-vous dans les jardineries pour faire leurs emplettes, confirme le président de Québec Vert, Christian Brunet. « La dernière fin de semaine était comparable à une année normale. En général, il y avait moins de clients en raison des mesures de sécurité, mais ils faisaient des achats plus importants. »

La vente en ligne démarre en force

Alors que les autorités demandent à la population d’éviter les déplacements non essentiels, la vente en ligne gagne en popularité et les produits horticoles ne font pas exception à la règle. Les trois producteurs consultés ont récemment ajouté à leur site Web une plateforme transactionnelle. « On peut vraiment parler d’un engouement, constate Sandrine Gélinas. D’habitude, les gens préfèrent choisir les plantes ornementales et les fleurs sur place, mais face à la crise, on a dû réagir vite. »

Cette tendance est là pour rester, estime Christian Brunet. « Cela représente tout de même des défis parce qu’on travaille avec du vivant. La formule achat en ligne avec ramassage en magasin semble peut-être la plus intéressante. Faire appel à un intermédiaire ou embaucher des livreurs occasionnerait des obstacles logistiques et économiques importants. »