Actualités 8 mai 2020

Semis : le temps froid stresse les agriculteurs

L’agronome et agriculteur Yannick Beauchemin dit recevoir des appels de producteurs inquiets tous les jours, ces temps-ci, avec cette température froide qui retarde l’émergence des semis.

« C’est incroyable comment les producteurs m’appellent pour être rassurés. Ils mettent le thermomètre dans le sol et disent “maudit que c’est froid”! Certains ont du maïs en terre depuis deux semaines sans lever et ils se demandent s’ils auront des pertes. D’autres se demandent s’ils devraient attendre que le temps froid passe pour continuer de semer », dépeint  M. Beauchemin de Sainte-Monique, au Centre-du-Québec.

Pour le maïs déjà en terre, pas de panique, dit-il. « Oui, la semence est à la merci des ravageurs et il pourrait y avoir des pertes de population en raison de la fonte des semis [maladie fongique] et autres, mais je ne m’attends pas à des pertes importantes, car la terre n’est pas trop fraîche », détaille l’agronome. Il conseille aux fermes qui détiennent de grandes superficies de profiter des très bonnes conditions de sol actuellement pour continuer de semer. Ceux qui possèdent des terrains moins grands peuvent attendre en début de semaine prochaine, une période qui se dessine comme optimale, recommande-t-il.

À Saint-Hyacinthe, l’agronome Benoit Côté tient le même genre de discours. Il précise cependant qu’il est trop tôt pour parler de dommages. « J’ai des clients qui ont semé depuis deux semaines. Leurs semis ne sont pas pourris. Et ils ne sont pas morts; ils sont au réfrigérateur. Est-ce que la levée sera uniforme? Nous verrons. L’uniformité c’est important, le bacon est là », affirme M. Côté, de la Coop Comax.

Il conseille aux producteurs de bien analyser leurs risques en fonction des superficies semées, des unités thermiques des semences utilisées, etc.  « Quelqu’un de moins de 100 hectares qui se dépêche uniquement à semer [dans le sol froid] parce que son voisin de 1000 hectares sème? Non, ça ne marche pas », tranche-t-il.

Des  pertes dans les prés

Les prairies de Yannick Beauchemin passent un mauvais quart d’heure, témoigne le producteur. « On perd des populations de prairies. Le froid des prochains jours pourrait être encore plus mortel pour certaines plantes », s’inquiète-t-il. En Mauricie, l’agronome Émilie Douville rapporte des pertes importantes dans plusieurs champs de plantes fourragères.

Quand le froid protège… du froid

Charles-Henri de Coussergues, du Vignoble de L’Orpailleur situé à Dunham en Montérégie, aurait normalement été terrifié à l’idée de voir ses vignes subir un gel de -3⁰C pendant quelques heures comme annoncées dans les prochains jours. « On est chanceux finalement, car le froid des derniers temps a empêché les vignes de bouger. Il n’y a pas de pointes vertes. Une chance, car autrement ces gels auraient été dramatiques », estime-t-il.