Actualités 29 mai 2020

Pourquoi vacciner pour la protection fœtale ?

Avant l’implantation de la vaccination pour la Rhinotrachte Infectieuse Bovine (IBR) et la Diarrhée virale bovine (BVD) à partir des années 1970, ces virus ont été la cause d’épisodes respiratoires dévastateurs dans les troupeaux québécois. La recherche démontre qu’ils sont toujours là et que leur impact sur les performances des troupeaux déborde des maladies respiratoires.

Comment peuvent-ils demeurer présents ?

Les bovins qui ont guéri d’une infection par le virus IBR demeurent porteurs à vie et deviennent le réservoir naturel de cette infection. Ils excrètent le virus de façon intermittente permettant ainsi sa transmission à d’autres bovins qui n’ont pas suffisamment d’immunité. Les avortements et l’infertilité, survenant de façon isolée chez quelques individus, sont la manifestation la plus fréquente de cette transmission.

La persistance du BVD dans les troupeaux a été expliquée plus récemment, avec la découverte du phénomène de l’immunotolérance. En bref, une vache ou une taure dont l’immunité est insuffisante pour protéger sa gestation peut produire un veau d’apparence normale qui sera infecté par ce virus pour toute sa vie. Ce veau immunotolérant excrétera le virus tous les jours de sa vie et deviendra ainsi une source permanente d’infection pour son entourage. En plus de contribuer à produire d’autres veaux comme lui, il sera aussi une cause d’infertilité, de mortalités embryonnaires ou d’avortements et d’une diminution de la santé générale du troupeau qui l’héberge.

Vacciner pour la protection fœtale

Plusieurs vaccins permettent maintenant de prévenir ces conséquences en plus de maintenir la protection contre les maladies respiratoires. Leur étiquette précise « pour la protection fœtale » et leur nom commercial inclut l’acronyme FP pour faciliter leur identification. En plus d’être moins coûteux, il est démontré que les vaccins à virus vivant modifié procurent une protection meilleure et plus durable. Selon le vaccin utilisé, leur utilisation selon les directives nécessite des ajustements pour les programmes de vaccination existants ou l’instauration d’un nouveau programme. Votre médecin vétérinaire peut vous conseiller pour la solution la mieux adaptée à votre entreprise.

Pourquoi cibler la protection fœtale ?

Tous les taureaux et toutes les femelles destinées à la reproduction devraient être protégés par une vaccination FP afin d’optimiser l’objectif ultime du troupeau : produire annuellement un veau le plus rentable possible au moment de sa mise en marché.

La prévention des problèmes causés par le BVD a été l’objet de nombreuses études au cours des années.

Par exemple, l’impact de la présence du BVD a été étudié pour 61 troupeaux de l’Ouest canadien. Au moment du sevrage, les veaux qui avaient été infectés par le virus après leur naissance pesaient en moyenne 13 kg de moins.

Une autre recherche a analysé en 2015 les résultats de 46 études cliniques pour évaluer l’impact de la vaccination pour le BVD sur la reproduction. Cette recherche a conclu que la vaccination pour le BVD avec FP permet :

  • De diminuer les avortements d’environ 45 %,
  • De diminuer les infections pendant la gestation (cause de mortalités embryonnaires, d’avortements et d’immunotolérance) d’environ 85 %
  • D’augmenter le taux de réussite des saillies, dans les conditions d’infections naturelles, de près de 5 %

La protection contre les conséquences de l’IBR sur la reproduction n’a pas été évaluée avec autant de précision. Elle est toutefois une composante importante de cette protection en particulier pour les troupeaux qui ne pratiquent aucune vaccination.

En conclusion, la vaccination des troupeaux pour les virus respiratoires permet maintenant d’obtenir la protection nécessaire pour prévenir à la fois, les problèmes respiratoires et les problèmes reproducteurs qu’ils causent et aussi, dans le cas du BVD, contribuer à interrompre le cycle de transmission de ce virus.

La vaccination pour la protection fœtale des animaux reproducteurs est une protection supérieure qui peut contribuer significativement à la ­profitabilité des élevages de bovins.

Dr Paul Baillargeon, médecin vétérinaire / collaboration spéciale