Page conseils 11 mai 2020

Une pulvérisation efficace pour limiter les risques

Le risque à l’utilisation de matières dangereuses est influencé par deux principaux facteurs : la gravité du danger et l’exposition au produit. Ces deux facteurs ont un effet multiplicateur sur le niveau de risque. Autrement dit, plus un produit est toxique et plus l’exposition est longue et répétée, plus les risques de conséquences graves sont importants.

Choisir des produits de moindre dangerosité est certainement une bonne façon de réduire le risque, mais tant que l’on ne travaille pas à limiter l’exposition, la nôtre et celle de l’environnement aux produits utilisés, la gestion du risque n’est pas totalement efficace.

Il faut faire en sorte que chaque application d’un produit de protection des cultures soit optimale; c’est-à-dire que le produit atteindra sa cible et permettra de bien la contrôler du premier coup, afin de limiter le nombre d’applications requises. Pour une pulvérisation efficace, voici des points à travailler.

Buses

Il est impossible de trouver une buse qui conviendra à tous les types et toutes les conditions d’application. Il est important de choisir, parmi le large éventail de buses disponibles, celles qui conviennent le mieux à la réalité de chacun. Le choix sera guidé par l’étiquette du produit choisi, par le type de pesticide (herbicide de contact ou systémique, appliqué sur le sol ou en post-émergence, fongicide), par la vitesse d’application prévue, l’espacement des buses et le volume de bouillie à appliquer.

De manière générale, il est préférable d’opter pour des buses anti-dérive, qui formeront des gouttelettes grossières avec une pression d’opération moyenne par rapport à l’intervalle recommandé. Plus les gouttelettes sont grosses, moins la dérive est importante, et c’est ce que l’on souhaite : atteindre la cible en limitant l’exposition des espèces ­sensibles, comme les habitants du fossé, du boisé, ou la culture du voisin d’à côté. Évidemment, pour un même taux d’application, plus les gouttelettes sont grosses, moins elles sont nombreuses. Si la cible est difficile à atteindre, ou que le produit utilisé en est un de contact, on pourra alors augmenter la quantité de bouillie appliquée plutôt que de réduire la taille des gouttelettes. Un nouveau calibrage est nécessaire dès qu’on traite avec des buses différentes, une pression ou une vitesse différente.

Pression

La pression d’opération est aussi importante. Pour une même buse, élever la pression augmentera le taux d’application tout en réduisant la taille des gouttelettes. Il peut également y avoir un impact sur l’uniformité d’application puisqu’aux extrêmes, la pression peut changer l’angle du jet, ce qui fera en sorte de laisser des bandes non traitées entre les jets, ou au contraire, de les superposer.

Il faut viser à travailler à une pression qui se situe au centre de l’intervalle recommandé pour la buse choisie, ce qui permet de varier légèrement la pression d’opération en cours d’application, sans nuire aux performances de la buse. Il est particulièrement important de maintenir une pression adéquate lors de l’utilisation des buses anti-dérive à induction d’air, puisque la réduction de la pression peut nuire à l’induction d’air et causer une réduction de la qualité de la couverture.

Adjuvants

Le choix d’un bon adjuvant permet aussi d’améliorer l’efficacité de certains produits, en limitant la dérive, en augmentant l’étalement des gouttelettes ou la pénétration de la solution au travers la cuticule des feuilles. Certains adjuvants agissent plutôt sur la qualité de l’eau de pulvérisation, un autre facteur qui peut influencer l’efficacité du traitement.

Plusieurs autres paramètres peuvent également affecter la qualité de la pulvérisation, tels que la vitesse d’avancement du tracteur, la température et la vitesse du vent au moment de l’application, la calibration du pulvérisateur, etc. Bref, il ne faut rien négliger pour assurer le ­succès du traitement! 

Bien se protéger

Une pulvérisation efficace implique aussi qu’elle soit le plus sécuritaire possible pour l’utilisateur. Pour limiter l’exposition, le travailleur doit porter l’équipement de protection individuelle approprié lors de la manipulation des pesticides. Pour aider dans le choix de l’équipement approprié, l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) a produit une fiche, disponible au bit.ly/2VJomSC.

Catherine Faucher, agr., Réseau Agrocentre