Actualités 23 avril 2020

L’incertitude plane sur l’autocueillette de petits fruits

Alors que les annulations d’événements comme les expositions agricoles et les festivals s’enchaînent  pour respecter l’interdiction de rassemblement, l’incertitude règne chez les producteurs de petits fruits. Ceux-ci ignorent toujours s’ils pourront accueillir des visiteurs cet été.

« Ma crainte, c’est qu’on ne soit pas autorisés à recevoir le public », confie Christian Asselin, propriétaire de la Bleuetière Asselin. Depuis cinq ans, ce producteur de Lanoraie dans Lanaudière et sa conjointe Julie Vaes ont construit un modèle d’affaires dans lequel l’autocueillette représente 80% de leur chiffre d’affaires. Le couple a installé des aires de pique-nique et des jeux gonflables pour faire de leur bleuetière une destination familiale qui reçoit jusqu’à 200 personnes par jour.

Christian Asselin
Christian Asselin

Le producteur calcule que, faute de visiteurs, il devrait embaucher 70 travailleurs saisonniers pour la récolte, qui s’étend de la mi-juillet au premier septembre. « Encore, il faudrait trouver de nouveaux points de chute et m’équiper d’un véhicule. Je ne peux pas récolter à perte. La production serait à jeter à la poubelle. »

La Bleuetière Asselin n’est pas la seule dans cette situation. La vingtaine de producteurs du Regroupement des bleuetières de Chaudière-Appalaches dépendent fortement de l’autocueillette. « Il ne peut pas avoir d’annulation de l’autocueillette. Ce marché représente 80 % de la récolte du bleuet de corymbe au Québec, explique son président Jean-Yves Goulet, également propriétaire de la Bleuetière Goulet à Saint-Frédéric. Accueillir les visiteurs est une question de rentabilité, mais répond aussi à une demande des consommateurs. »

Son regroupement souhaite que le gouvernement maintienne la saison de l’autocueillette. Jean-Yves Goulet croit que les bleuetières n’auraient pas de difficulté à respecter les consignes de distanciation sociale.  « Dans mon cas, j’ai 12 000 plants de bleuets sur 150 rangées. Je peux assigner une famille par rangée sans que personne ne se croise. »

Un scénario « catastrophique »

À l’Association des producteurs de fraises et de framboises du Québec, on prévient que l’annulation éventuelle de la saison de l’autocueillette qui débute en juin ne ferait qu’aggraver la réalité des producteurs qui font déjà face à un manque de main-d’œuvre. « Certains ne font que de l’autocueillette. Si la saison devait être annulée, ce serait catastrophique, prévient le président David Lemire. Ce qui est dur dans notre cas, c’est que nos dépenses ont été faites l’année dernière pour la récolte à venir. Si la saison est mauvaise, ça limiterait notre capacité future d’investissements. »

Son association demande également le maintien de la saison. « On sent que le gouvernement est de notre bord et veut que l’on continue à produire pour ne pas céder le terrain aux Américains », mentionne M. Lemire. Le ministère de l’Agriculture n’a pas encore répondu à nos questions sur le sujet.