Actualités 5 mai 2020

Laryngotrachéite infectieuse : portrait de la situation

Il y a dix ans, l’épisode de laryngotrachéite infectieuse (LTI) qui a touché une dizaine d’exploitations dans la région de Beauce-Bellechasse s’est soldé par des pertes évaluées à deux millions de dollars. Le rappel de cet événement vient réaffirmer l’importance des mesures de biosécurité dans les élevages.      

Lors du dernier Rendez-vous avicole Aqinac, le Dr Ghislain Hébert, médecin vétérinaire et chargé de projet pour l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA), a dressé un portrait de la LTI au Québec. Pour rappel, la LTI est une maladie contagieuse sévère causée par un virus affectant le système respiratoire des poulets (Gallus gallus), mais également d’autres espèces aviaires.

Le Dr Ghislain Hébert, médecin vétérinaire et chargé de projet pour l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA). Photo : Gracieuseté
Le Dr Ghislain Hébert, médecin vétérinaire et chargé de projet pour l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA). Photo : Gracieuseté

« En 2010, le mandat d’élaborer un protocole d’intervention dans les cas déclarés de laryngotrachéite infectieuse et de mycoplasmose à Mycoplasma gallisepticum (MG) dans les troupeaux de volailles au Québec a été confié à l’EQCMA. On a d’ailleurs de plus en plus de cas rapportés et la déclaration est obligatoire pour le producteur depuis 2016. Plusieurs actions s’enclenchent alors », note le Dr Hébert.

Pourquoi avons-nous de la LTI? Le médecin vétérinaire précise qu’il faut un réservoir, par exemple des volailles qui peuvent porter le virus et qui le réexcrètent dans les périodes de stress, ou encore des oiseaux de basse-cour. L’introduction s’effectue par des vecteurs comme le personnel, les équipements et les animaux indésirables. On doit enfin avoir des hôtes tels des poulets qui sont non vaccinés.

« Une fois qu’il y a eu introduction dans le secteur commercial, différents vecteurs de dissémination peuvent être présents par l’entremise des activités humaines, explique le Dr Hébert. Les facteurs de risque sont la sortie des poulets vivants, l’épandage du fumier, les poulaillers qui se trouvent à moins de 300 mètres d’une route principale où il y a beaucoup de circulation avicole et la sécheresse en été. »

Éclosions, cas et biosécurité

Sur une période de 20 ans, le Québec a connu quelques éclosions de LTI avec un nombre de cas variable. On relève évidemment l’épisode de la Beauce en 2010, où un record de 13 cas a été enregistré. Depuis le déploiement du protocole d’intervention, les événements majeurs qui sont survenus ont été ceux de Sainte-Sophie (2017), de Saint-Félix-de-Valois (2018) et celui de Saint-Dominique (2019).

« On peut maintenant se demander comment sont définies les zones à risque, poursuit le spécialiste. Le protocole prévoit un secteur de 1,5 km de diamètre. À l’intérieur, toutes les fermes doivent mettre les mesures de biosécurité en place. Les épisodes récents nous ont toutefois amenés à prendre en considération les liens épidémiologiques et à inclure les voies de transport avicole et les abattoirs. »

Afin d’améliorer la biosécurité dans chaque élevage, les pratiques ont avantage à être revues. Des mesures comme la désinfection régulière des objets, la gestion des carcasses d’oiseaux, les rappels fréquents auprès des employés, la création de zones de décontamination à l’entrée des bâtiments et le chauffage du fumier (pendant quatre jours à 38 °C ou 100 heures à 100 °F) sont toujours à consolider.