Actualités 24 avril 2020

Charançon de la carotte : découverte d’un ver « castrateur »

La vie sexuelle du charançon de la carotte risque d’être sérieusement compromise dans un avenir pas si lointain. La découverte d’un rarissime ver parasite qui rend les femelles stériles constitue une avancée importante en faveur du biocontrôle de ce ravageur. Le plus étonnant dans tout cela : ce ver « castrateur » n’a été observé qu’au Québec!

Les maraîchers savent à quel point il est difficile de contrôler le charançon de la carotte. Les hausses de température des dernières années ont permis de voir apparaître une deuxième génération de ce ravageur pendant la saison, ce qui affecte grandement l’efficacité du dépistage et des traitements.

La solution à ce casse-tête pourrait venir d’un ennemi naturel de l’insecte : le nématode castrateur. Ce petit ver microscopique qui parasite le charançon a été découvert par hasard dans une ferme du sud du Québec en 2007 et semble n’exister nulle part ailleurs au monde. « En trouvant cette nouvelle espèce, nous avons voulu comprendre son interaction avec le charançon de la carotte. En laboratoire, on a observé que ce nématode ne tuait pas son hôte, mais qu’il ­affectait la fertilité des femelles », raconte Annie-Ève Gagnon, chercheuse et entomologiste à Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Une avenue intéressante

Intriguée, son équipe a mené une étude en biologie moléculaire pour expliquer ce phénomène. Les chercheurs ont constaté que les femelles du charançon infectées par le nématode castrateur ne fabriquaient plus les hormones nécessaires pour parvenir à leur maturité sexuelle. « Même stérile, la femelle du charançon va conserver son comportement de ponte, mais au lieu de pondre des œufs, elle va relâcher jusqu’à 125 nématodes par jour sur une période de trois mois. Bref, l’hôte devient l’agent de dispersion, ce qui est très intéressant dans une perspective de biocontrôle », explique la chercheuse.

À l’heure actuelle, Agriculture et Agroalimentaire Canada fait l’élevage d’une population de charançons et de nématodes castrateurs en serre pour déterminer si la présence du parasite aura un effet sur la population du ravageur, en vue d’éventuels tests au champ.

Le ministère a également lancé un appel d’offres pour trouver un partenaire commercial dans le but de poursuivre ses travaux sur le nématode castrateur. Si sa commercialisation est réalisable, les maraîchers pourraient y avoir accès dans quelques années.