Politique 22 septembre 2014

Les 25 % de l’ASRA ont coloré 2010

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Tel que publié dans La Terre de chez nous

Sur le plan politique, l’année 2010 aura certes été marquée par le décès du ministre de l’Agriculture, Claude Béchard. Le débat autour de l’adoption de la mesure d’efficacité des 25 % sur les coûts de production a aussi coloré les 12 derniers mois.

Tout comme en 2005, le dossier a connu une fin heureuse à quelques jours seulement de Noël, les producteurs agricoles redonnant aux motoneigistes accès à leurs terres. Dès l’annonce de la réforme de l’Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) en novembre 2009, l’Union des producteurs agricoles (UPA) avait indiqué que cette mesure était de « trop ». Le ton était donné pour 2010!

L’année démarre sur une triste note avec une première opération chirurgicale pour Claude Béchard et une convalescence prolongée. Début février, l’UPA tire une première sonnette d’alarme. La réforme de l’ASRA, prévient-elle, représente une baisse des compensations pouvant atteindre 170 M$, le retrait de 25 % des agriculteurs moins performants du calcul des coûts de production représentant 80 M$.

La Financière agricole du Québec, chargée par l’État d’administrer le programme d’assurance, réplique immédiatement. Président-directeur général, Jacques Brind’Amour réaffirme que l’impact se limitera à une réduction de 111 M$. Début avril, le conseil d’administration de La Financière entérine officiellement la mesure d’efficacité malgré la farouche opposition des cinq représentants de l’UPA. Le groupe Desjardins, principal créancier sur les fermes québécoises, manifeste son inquiétude.

Dans l’espoir de dénouer l’impasse, le ministre de l’Agriculture par intérim, Robert Dutil, annonce la création d’un comité spécial qui réunira, outre l’UPA et La Financière, des représentants du Conseil du trésor, des ministères des Finances et de l’Agriculture. Une ouverture du ministère des Finances relativement à une formule de plafonnement des compensations suscite un bref mais vain espoir de règlement.

Début mai, le président de l’UPA, Christian Lacasse, met un cadenas sur la porte du siège social de La Financière en signe de mécontentement. Les agriculteurs déposent par la suite une pétition de 22 000 signatures à l’Assemblée nationale dans le but de faire reculer Québec. Peine perdue, le gouvernement reste inflexible. De retour à son poste au début de juin malgré le désaccord du premier ministre Jean Charest, Claude Béchard maintient la ligne dure et rejette la proposition de l’UPA.

Le jeune ministre perd son combat contre le cancer et rend l’âme à 41 ans le 7 septembre. Appelé en relève à l’Agriculture, Laurent Lessard entend garder le cap fixé par son prédécesseur. Le ministre aurait visiblement souhaité ne pas être associé au cap symbolique du milliard de dollars de déficit à La Financière. Fin octobre, il annonce des mesures individuelles d’adaptation de 100 M$ sur cinq ans pour atténuer l’impact de la réforme de l’ASRA.

En novembre, l’UPA marque des points évidents en démontrant que les remboursements du déficit des fonds ASRA auront lieu en quatre ans, soit trois fois plus vite que prévu. Au congrès de l’UPA début décembre, Laurent Lessard reçoit un accueil glacial. Il déclare qu’il a « cru » les chiffres de l’UPA et prévient qu’il rencontrera les membres du conseil d’administration de La Financière à leur réunion du 16 décembre. Il parvient à traduire son engagement à ne pas réaliser de surplus à La Financière sur le dos des agriculteurs. Le conseil général de l’UPA accepte le compromis le lendemain et rappelle son mot d’ordre du retrait du privilège d’accès aux terres agricoles.