Actualités 7 octobre 2019

Transplantation fécale chez le porcelet : projets pilotes encourageants

Plusieurs études ont démontré que le microbiote aussi appelé « flore microbienne » (digestive, orale, cutanée, etc.) joue un rôle central dans le développement et le fonctionnement du système immunitaire ainsi que dans le métabolisme de l’humain ou de l’animal.

Chez l’homme, la médecine a prouvé que le microbiote intestinal de personnes en santé peut être transféré thérapeutiquement entre sujets afin de guérir les patients souffrant d’infection chronique à Clostridium difficile. Chez le porc, la science démontre qu’un microbiote intestinal humain peut s’établir efficacement après transplantation.

Une équipe québécoise financée par le Centre de recherche en infectiologie porcine et avicole (CRIPA) et le Fonds de recherche du Québec – Nature et technologie (FRQNT) a donc voulu vérifier si le microbiote d’un porcelet robuste peut être transféré à un autre qui est chétif. Ces chercheurs espèrent qu’une telle transplantation pourrait standardiser le microbiote intestinal d’une même portée en vue de maximiser sa santé présevrage sans utiliser d’antibiotiques ni d’autres solutions de rechange.

La procédure FMT

Les matières fécales provenant de porcelets sevrés ainsi que d’autres en lactation, sélectionnés pour leur performance et leur santé supérieures, ont été isolées et analysées pour certifier l’absence de bactéries pathogènes telles que la Salmonella. Après plusieurs étapes biologiques destinées à concentrer l’ensemble des bactéries des échantillons collectés, ces microbiotes ont été mélangés dans un milieu nutritif pour constituer le transplant fécal, aussi appelé procédure FMT (Fecal microbiota transplant), qui a été administré par voie orale à des porcelets nouveau-nés de faible poids ou de poids supérieur dans diverses portées.

Les résultats de la procédure FMT utilisée révèlent que celle-ci a influencé principalement la composition du microbiote du côlon des porcelets sans réussir à complètement uniformiser celui des sujets des différentes portées. En effet, cette étude souligne que la transplantation de matériel fécal chez le porcelet en santé est possible, mais que le microbiote maternel de la truie continue de jouer un rôle crucial sur l’établissement de celui du porcelet pendant la lactation, ce qui affecte le succès de la procédure.

L’équipe de chercheurs poursuit son travail en vue de déterminer l’effet de la FMT sur la santé des porcs tout au long de leur vie. Notamment, elle veut évaluer son impact sur l’expression de gènes impliqués dans la maturation et les fonctions du système immunitaire intestinal porcin, grâce au soutien financier supplémentaire provenant de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) en 2019.

Les résultats de ces projets bonifiés constitueront des bases solides et remarquables confirmant la disponibilité et l’efficacité du modèle FMT sur le porcelet afin de contrôler son microbiote, de diminuer l’utilisation de promoteurs de croissance et d’influencer positivement la santé et la robustesse des animaux à long terme. 

Alexandre Thibodeau, M.V., professeur sous octroi, Faculté de médecine vétérinaire (FMV), Université de Montréal (UdeM)
Josée Harel, professeure titulaire, FMV, UdeM
Martin Lessard, chercheur, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Centre de recherche et de développement de Sherbrooke
Mylène Blais, chercheuse, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Centre de recherche et de développement de Sherbrooke
Cécile Crost, coordinatrice du CRIPA-FRQNT, FMV, UdeM