Actualités 7 juillet 2019

Séchage : le foin justifie les moyens

Du séchage naturel à l’assèchement contrôlé, il existe une grande variété de méthodes pour conserver le foin. Selon ses besoins, le producteur aura recours à différents traitements. Tour d’horizon des différentes possibilités.

Séchage traditionnel

En dépit de nouvelles techniques de conservation, l’engrangement en petites balles carrées demeure un moyen d’aération passif encore bien populaire dans les fermes laitières, ovines et caprines du Québec.

Cette méthode permet d’amener le foin à une teneur de 12 à 15 % d’humidité, un taux faible qui garantit un produit stable qu’on peut conserver plusieurs mois. C’est essentiellement ce que recherchent les éleveurs de bovins et les commerçants de foin, dont celui principalement destiné aux chevaux.

Balles enrubannées

Qu’elles soient grosses ou petites, rondes ou carrées, les bottes enrobées (foin semi-sec) prennent plus de temps à sécher au champ. Bien qu’elles aient un niveau d’humidité plus élevé (30 %), elles ne risquent pas de fermenter puisqu’en les emballant, on coupe l’air, ce qui permet de contrer le développement de bactéries. Elles possèdent généralement une bonne durée de conservation, à condition qu’on prévienne les déchirures de la pellicule plastique.

De l’air forcément

Le séchage en cellule est un procédé d’évaporation par ventilation forcée importé d’Europe, où il est populaire dans le domaine laitier. Dans le séchoir, généralement composé de trois cloisons de 5 mètres de hauteur avec deux ventilateurs, une grosse pince ou griffe télescopique sur rail circule au plafond, saisit le foin et le répartit dans les différents espaces.

« On ne remplit pas les cellules d’un seul coup, explique René Morissette, ingénieur à Agriculture et Agroalimentaire Canada. On y va par tranche d’un mètre de hauteur aux 24-48 heures. Ensuite, on en rentre une autre, une fois la première couche un peu plus sèche. Un trop gros volume empêcherait l’air de bien circuler. »

Une autre variante est la mise en place d’un entretoit avec aération qui agit un peu comme un mur solaire passif. La chaleur provenant de ce « vide » se concentre dans le ventilateur, qui le dirige vers le foin.

Se chauffer au soleil

Selon Jean-Marc Rochefort, président de Solar-O-Matic, à Saint-Hyacinthe, l’énergie solaire pourrait répondre aux besoins de plusieurs agriculteurs et commerçants de foin. Elle préchaufferait l’air tout en réduisant la facture d’énergie et en diminuant la production de gaz à effet de serre.

« À l’aide d’un ventilateur, de l’air neuf circule à l’intérieur d’un panneau solaire thermique installé sur un toit ou au sol, explique M. Rochefort. Les rayons UV pénètrent à travers une surface de verre et une pièce en noir absorbe la chaleur de ces derniers. L’air chaud est ensuite distribué dans les conduits de ventilation à l’intérieur d’un bâtiment à l’aide d’un deuxième ventilateur. »

Ça tombe à pic!

Récemment, un producteur de foin de commerce de l’Ontario a développé un séchoir muni de pics métalliques qui s’insèrent dans la balle, permettant d’injecter de l’air chaud à l’intérieur.

« L’objectif est toujours de sécher plus rapidement et uniformément le foin, et de récents développements ont été accomplis pour sécher les grosses balles carrées de haute densité », mentionne René Morissette.

Bien sûr, les critères de qualité varient selon le marché visé. On recherche de plus en plus des fourrages où le sucre et l’énergie n’ont pas été brûlés par la fermentation.

Finalement, quelle que soit la méthode adoptée, pour produire un foin de qualité, il faut maximiser les pâturages afin de limiter les volumes de foin à sécher. Ce n’est pas tout de « faire les foins », encore faut-il « faire du foin »! 

Roger Riendeau, Journaliste