Actualités 5 avril 2020

Pourquoi travailler son sol?

Les producteurs qui n’ont pas encore opté pour le semis direct ont l’habitude de faire des opérations culturales au printemps. Comme dame Nature a fait des siennes lors de la saison 2019, ils devront s’armer de patience et prendre le temps de bien analyser les avantages et les inconvénients de travailler la terre après la fonte des neiges.

L’objectif ultime derrière le labour du printemps est de « préparer un beau lit de semence », indique l’ingénieur agronome et professeur-chercheur pour Biopterre, Vincent Lamarre. Par exemple, certains producteurs vont faire du travail de sol pour accélérer son réchauffement et son assèchement. Dans d’autres cas, travailler la terre permettra de découper et d’incorporer les résidus pour faciliter le travail de semis.

« Pour certaines entreprises, le travail de sol est pratique courante. D’autres ne le font jamais. Ça dépend beaucoup de la rotation », explique quant à lui l’agronome et conseiller au Club-conseil Agri-Action de la Montérégie, Carl Bérubé.   

Selon lui, le travail de printemps est tout à fait envisageable pour quelqu’un qui va cultiver du soya sur un retour de maïs. Idem pour un producteur qui voudrait faire du maïs après une culture de couverture.

Le juste milieu

Attention toutefois de ne pas « maganer encore plus les champs en passant dans un sol qui est trop humide », prévient Vincent Lamarre. C’est que la ligne est mince entre préparer un lit de semence et causer des dommages importants au champ. Surtout au printemps, quand la terre est encore mouillée.

« Tout travail de sol exige le passage d’outils et de tracteurs dans les champs. Plus on roule avec des équipements lourds, plus on risque de faire de la compaction et d’endommager les sols », explique M. Lamarre.

Selon l’agronome, il faut que le producteur prenne le temps de réfléchir à la bonne stratégie de travail de sol, même s’il a beaucoup d’autres décisions à prendre au printemps. « On veut que la semence soit bien placée, à une bonne profondeur, et qu’elle ait un bon contact avec la terre, ajoute le spécialiste. Il faut trouver une façon de faire ça sans compacter le sol. »

Avec l’automne qu’on a connu, les producteurs qui font déjà du semis direct devraient être ceux qui s’en tirent le mieux, aux dires de Vincent Lamarre, parce qu’ils vont se limiter à un seul passage au champ, avec le semoir.

Même son de cloche du côté de Carl Bérubé. « Le labour de printemps, ça reste une pratique de moins en moins populaire. Le mieux, c’est d’être patient et d’éviter de faire trop de passages. Le temps finira par faire son œuvre et le sol va s’assécher tout seul. »