Chronique CQPF 18 novembre 2020

5 clés pour réussir son entreposage en silos horizontaux

Avec les coûts de production qui augmentent année après année, la préservation des fourrages est devenue plus importante que jamais. Dans ce contexte, la bonne qualité de l’ensilage et les conditions d’entreposage joueront un rôle crucial. Voici cinq conseils pour l’entreposage en silos horizontaux.

1. Récolter au bon taux de matière sèche

L’une des erreurs fréquentes à éviter est d’entreposer un ensilage trop humide. Cela risque d’entraîner une fermentation butyrique se traduisant par un ensilage nauséabond et moins appétent. C’est particulièrement vrai avec l’ensilage de légumineuses, qui devrait être récolté de 40 à 45 % de matière sèche (MS), recommande Christian Denis, président d’Agro-Bio Contrôle. « Certains se demandent pourquoi ne pas récolter une luzerne pure à 35 % de MS pour avoir une meilleure compaction, dit-il. Parce qu’à ce pourcentage, l’ensilage est très humide et tombe dans une zone à risque ».

Un taux de 40 % correspond au stade optimal de la récolte, soit le début de la floraison, et offre un équilibre entre les protéines, les fibres et le sucre pour une fermentation complète. À l’opposé, un ensilage trop sec occasionnera des difficultés au moment de la compaction. Il faut donc chercher l’équilibre.

Cette problématique est moins importante avec les graminées, qui pourront être récoltées avec un pourcentage de 35 à 40 % MS. Ainsi, un ensilage mélangé devrait contenir de 37 à 40 % MS pour obtenir une fermentation optimale et une bonne compaction. Pour sa part, l’ensilage de maïs, grâce à son contenu élevé en sucres, ne provoque jamais de fermentation butyrique.

L’application d’acide propionique tamponné peut se faire directement à la fourragère.
L’application d’acide propionique tamponné peut se faire directement à la fourragère.

2. Reprendre au bon moment

Un ensilage commence à se stabiliser entre 14 et 21 jours et atteint sa stabilité aérobique complète après 50 jours en condition d’anaérobiose, c’est-à-dire en l’absence d’oxygène, explique Christian Denis. « Or, l’effet de stabilité aérobique complète s’observe après environ 50 jours de fermentation. Si l’on ouvre un bunker tout de suite après l’avoir récolté, les moisissures et les levures vont se développer de façon exponentielle et dégrader les nutriments. »

3. Gérer la densité de l’ensilage

Dans les bunkers, le nerf de la guerre est la compaction de l’ensilage. On vise une densité minimale de 15 lb MS/ pi³ ou 240 kg MS/m³. « Pour arriver à notre objectif, il faut compter 0,4 tonne de poids du tracteur par tonne d’ensilage tel que servi à l’heure, rappelle Christian Denis. Cela signifie qu’on doit avoir suffisamment de poids pour soutenir la vitesse du chantier. » Autrement dit, avant d’acquérir une faucheuse à gros volume, assurez-vous d’avoir suffisamment de poids tracteur pour bien compacter l’ensilage dans votre bunker.

4. Limiter l’entrée d’oxygène

Pour réduire au maximum la détérioration de l’ensilage, il est recommandé d’installer une toile étanche sur la surface des silos horizontaux. Mais attention, toutes les toiles n’offrent pas la même performance. Une toile conventionnelle possède un taux de transfert d’oxygène de 1800 cm³/m²/jour tandis que celui d’une toile à barrière d’oxygène est inférieur à 30 cm³/m²/jour. « Une barrière d’oxygène permet notamment une réduction de 19,5 % à 11,4 % de la perte de matière sèche dans la couche supérieure de 10 à 60 cm et une réduction de 10,7 % à 2,96 % de la portion non consommable », fait-il valoir.

5. Choisir le bon additif

L’utilisation d’additifs pour favoriser la conservation de l’ensilage s’avère un choix judicieux, estime le président d’Agro-Bio Contrôle. « On estime qu’une épaisseur de 30 centimètres (12 pouces) d’ensilage de moins bonne qualité ou pourri représente une perte de 8769 $ dans l’ensilage d’herbe et de 5976 $ dans l’ensilage maïs, dit-il. Chaque dollar investi dans un bon inoculant et un acide propionique tamponné — en plus de prendre toutes les autres précautions — va rapporter au producteur des sommes importantes en ensilage de qualité. »

Pour la portion inférieure du bunker (en absence d’oxygène ou anaérobiose), Christian Denis suggère l’utilisation d’un inoculant homofermentaire qui va générer de l’acide lactique ou encore de l’acide propionique tamponné à 2 L/t. Dans la couche supérieure, le dernier 45 centimètres (18 pouces), on devrait également appliquer 5 L/t d’acide propionique tamponné. Un inoculant hétérofermentaire combiné pourrait être utilisé dans l’ensilage de maïs seulement en cas de problèmes importants lors de la reprise.

« Dans un contexte où les coûts de production augmentent, il faut récolter des fourrages de la meilleure qualité possible et les conserver dans un état optimal si l’on veut améliorer la performance de la ferme et préserver la santé du troupeau », souligne-t-il.

*Christian Denis était conférencier à la Journée à foin du Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF) le 16 septembre 2020. 


Ce texte est paru dans l’édition de novembre 2020 du magazine l’UtiliTerre.