Actualités 8 mars 2017

Semer en même temps qu’on prépare le sol

Avec l’agrandissement des terres et le manque de main-d’œuvre, on a moins de temps pour préparer nos champs avant les semis. C’est pourquoi les équipementiers offrent de plus en plus de combinaisons d’outils qui préparent le lit de semence et sèment en un seul passage. Voyons-en un exemple chez Alpego.

Distribution ADLS offre un semoir bien spécial : il était monté au-dessus d’une herse rotative, c’est-à-dire une rangée de rotors à dents verticaux, elle-même combinée à une lame niveleuse fixée à l’avant d’un rouleau plombeur denté. Il s’agit du semoir Airspeed AS4 de la compagnie Alpego. À l’instar d’autres marques européennes, ce fabricant italien suggère un appareil qui permet de combiner la préparation du lit de semence et le semis.

« Il faut savoir utiliser ce semoir combiné, car la herse rotative est très efficace pour travailler le sol », prévient August Höchli, agriculteur et président de Distribution ADLS. Pour éviter de pulvériser trop finement la terre et de la rendre sensible à la battance, donc au croûtage à la suite d’une pluie, le producteur entrepreneur conduit son semoir-herse à bonne allure. « Avec cet appareil, je sème mon soya et mes céréales à paille à une moyenne de 11 km/h, dit-il. Je veux quand même voir de petites mottes de terre… on ne prépare pas un jardin! »

Il est primordial de bien ajuster l’appareil, insiste M. Höchli, qui l’utilise à sa ferme depuis trois ans. « L’important est de ne pas travailler le sol plus profondément que 5 cm [2 po] et d’ajuster minutieusement cette profondeur avec le rouleau-plombeur. Ensuite, on doit bien calibrer la dose de semis, selon le poids de semences à l’hectare. »

Un seul passage et c’est fait

En travaillant le sol à une profondeur maximale de 5 cm, la herse rotative de l’instrument garde l’humidité juste en dessous de la semence, dans la zone non travaillée. Combiné à un travail en surface efficace et égal, cela permet une levée très uniforme, observe l’agriculteur. « Le vibroculteur, par contre, déplace et assèche davantage la terre », fait remarquer ce Québécois d’adoption depuis 31 ans, qui s’était familiarisé avec la herse rotative de son père en Suisse.

De gauche à droite, Luc Brouillard, pour Distribution ADLS, André Therrien, d’Équipe Ferme Inc., August Höchli et Jérémy Therrien, devant un décompacteur Alpego. Crédit photo : Hubert Brochard
De gauche à droite, Luc Brouillard, pour Distribution ADLS, André Therrien, d’Équipe Ferme Inc., August Höchli et Jérémy Therrien, devant un décompacteur Alpego. Crédit photo : Hubert Brochard

« Le grand avantage avec cette technique, c’est qu’on peut partir semer dès que s’ouvre la plus petite fenêtre de temps clément. Si on annonce de la pluie en après-midi, je peux partir et préparer le sol et semer en un seul passage, et c’est réglé pour cette partie de champ-là. Mais je ne peux pas dire : “Je vais passer mon vibro ce matin, juste avant la pluie.” » Dans l’ensemble, cet appareil combiné lui a donné la possibilité de semer et de récolter plus tôt. C’est l’idéal, selon lui : « On a alors plus de temps après la récolte pour épandre notre fumier, aménager notre sol et semer des engrais verts, bref pour mieux préparer le champ pour l’hiver. »

Quoi faire avant de passer le semoir-herse

Cet appareil peut semer une foule de types de semences, du canola au trèfle en passant par le soya, les céréales à paille et le maïs ensilage, mais pas le maïs-grain. Avant de semer le maïs-grain, August Höchli passe un coup de décompacteur (sorte de gros cultivateur sous-soleuse qui travaille aussi en surface) à une profondeur de 20 à 25 cm. Puis il passe la herse rotative seule, une seule fois, à une vitesse de 9 à 10 km/h.

Le semoir-herse suit directement le travail au décompacteur pour semer les céréales à paille et le soya. « Mais la charrue ou un seul passage de vibro suffit », dit le producteur. Mieux encore : souvent, sur un retour de soya, le sol est suffisamment meuble et les résidus suffisamment fins pour que celui-ci passe directement son semoir-herse. Les sols de sa ferme sont pourtant de la « grosse glaise », de l’argile Sainte-Rosalie.

La herse rotative est déjà populaire en Europe depuis plusieurs années, mentionne le producteur concessionnaire. L’appareil qui la combine au semoir le devient aussi de plus en plus. Le fabricant Alpego offre ce type de semoir en trois versions : l’Airspeed AS1 sème sur une largeur de 3 à 4 m, l’Airspeed AS4, de 4 à 6 m et le Fertidrill ASF, de 3 à 6 m. Ce dernier est doté également d’une trémie à engrais. « Ce type de semoir combiné a un bel avenir chez nous », prédit August Höchli.