Actualités 8 octobre 2014

La différence entre une génératrice à 400 $ et une à 4000 $

L’Utili-Terre a publié plusieurs guides d’Achat sur les soudeuses, les compresseurs ou autres outils. Claude Dupuis, l’un de nos fidèles lecteurs, nous demande de l’aider dans son choix de génératrice.

« Je vise un modèle utilitaire domestique. En magasinant, je me suis aperçu que pour une même puissance, certaines  génératrices se vendent moins du tiersdu prix qu’une autre. Pourquoi? Est-ce qu’il y a une réelle différence de qualité? Quels sont les points importants à surveiller? » Les questions de M. Dupuis trouvent écho auprès de nombreux producteurs agricoles. Plusieurs ont une petite cabane à sucre ou un bâtiment externe qui nécessite l’emploi d’une génératrice. Et la venue des modèles chinois a littéralement transformé ce marché, confrontant les consommateurs à un dilemme déchirant : le prix ou la qualité?

Que retenir des produits faits en Chine?

« Les génératrices fabriquées en Chine? Je les connais très bien! Il s’agit de copies très réalistes de certains modèles japonais, soutient Sylvain Ferron, copropriétaire de l’entreprise Génératrices de la Mauricie. Sauf que la qualité n’est vraiment pas la même, les alliages sont différents, sans parler du contrôle de la qualité, qui laisse à désirer. Par exemple, nous avons observé des lacunes dans la fabrication des pièces, notamment des arbres du vilebrequin dont le diamètre n’était pas toujours conforme, provoquant une usure prématurée. Nous avons également diagnostiqué des machines où le vernis enrobant la bobine de fil était parfois mal appliqué ou de mauvaise qualité. Et quand deux fils se découvrent sous l’effet de la chaleur, vous savez ce qui se produit : Pouf ! un court-circuit. Bref, selon mon expérience, seulement 10 % des génératrices conçues en Chine font un nombre d’heures valable. »

L’équipe de M. Ferron se spécialise dans les génératrices de toutes sortes, des gros modèles agricoles aux petites unités portatives.  Lui aussi s’est laissé tenter par l’importation chinoise. « Il y a quatre ou cinq ans, face à la popularité des génératrices bon marché, j’ai décidé d’emboîter le pas et d’en vendre. J’ai notamment mis la main sur une bonne quantité d’un modèle 6500 watts, doté d’un moteur diesel, insonorisé, avec démarreur à batterie. Je pouvais le vendre moins de 2000 $. Sans farce, c’était le deal du siècle! Sauf que mes clients sont aussitôt revenus avec des problèmes… Ces machines n’étaient pas faites pour fonctionner l’hiver, sans compter les défauts de construction. Originellement conçus pour produire un courant de 50 hertz à 3000 tours/minute (trm), ces modèles ont été adaptés au format 60 hertz que nous avons ici, en augmentant le régime à 3600 trm. Cela nuisait à la longévité du moteur. Évidemment, je n’ai pas répété l’expérience chinoise. »

Martin Berthiaume, mécanicien chez Laganière Mini-Moteur à Saint-Hyacinthe, mentionne également que les modèles bas de gamme ont un fonctionnement restreint. « Ces machines ne sont pas conçues pour tourner durant de longues heures consécutives. En fait, les composantes et les alliages n’endurent pas très bien la surchauffe. Je compare ça à un tournevis à bas prix. Si tu l’utilises peu et pour de petits travaux, c’est correct, mais si tu as besoin de forcer moindrement une vis, il risque de te casser dans les mains. »

Les génératrices de l’empire du Milieu ne sont pas à proscrire pour autant. Leurs bas prix en font un achat intéressant, surtout pour les personnes qui s’en serviront dans un contexte où la fiabilité importe peu. Sylvain Ferron abonde dans le même sens. « Certains clients utilisent une génératrice une seule fois par année pour une activité non urgente ou peu importante. Dans ce cas, je suis honnête et je leur conseille d’acheter un modèle chinois. Car c’est vrai qu’ils épargneront. » L’une des interrogations fréquemment soulevées par les consommateurs au sujet des modèles bas de gamme concerne la garantie et la disponibilité des pièces. « Je connais une seule compagnie de produits chinois ayant bel et bien un inventaire de pièces de rechange. Pour les autres, le principe est simple : les marchands achètent un conteneur et gardent quelques machines pour honorer la garantie. S’il y a un problème lors de la première et seule année de garantie, les marchands donnent tout simplement une machine neuve au client. Sauf qu’après deux ou trois ans, le conteneur est vide et les garanties, échues… Si quelqu’un essaie alors de faire réparer une génératrice bas de gamme, la facture pourra être plus élevée que la valeur du produit », d’expliquer M. Ferron.

Exemple de prix : environ 350 $ pour une 3000 watts.
Lieu de vente : certaines grandes surfaces, les marchés aux puces, les petites annonces, etc.

Catégorie « beau, bon, pas trop Cher »

Il existe des génératrices à prix raison nable, dont la qualité permet d’espérer un minimum de fiabilité. Elles offrent moins d’options que les modèles de qualité supérieure et peuvent être plus bruyantes, mais présentent un très bon rapport qualité-prix. « Évidemment, si ma vie en dépendait, je ne me fierais pas à cette catégorie de génératrices. Par contre, je dois admettre que certains modèles, comme les Generac, sont recommandables. Elles ont de bonnes composantes, une structure métallique solide et parfois un filtre à air de qualité, et même un filtre à l’huile. De plus, la garantie offerte par les grandes surfaces est sérieuse. Néanmoins, une fois celle-ci terminée, il peut être difficile de trouver des pièces ou un réparateur. Par ailleurs, le voltage généré par ces modèles n’est pas toujours aussi précis que celui des modèles haut de gamme, et les capacités par prise sont généralement réduites (par exemple, 15 ampères au lieu de 20). Finalement, la durée de vie du moteur est moindre. Mais certaines de ces machines représentent un bon achat pour une utilisation occasionnelle », avoue Sylvain Ferron.

Exemple de prix : en viron 550 $ pour une génératrice 3000 watts.
Lieu de vente : certaines grandes surfaces, les quincailleries, etc.

La Crème

Selon les experts rencontrés, l’utilisateur qui désire s’assurer d’un maximum de fiabilité choisira un modèle japonais. Même si rien n’est infaillible, ces génératrices se démarquent, selon M. Ferron. « Premièrement, il y a leur durabilité. À la lumière des nombreuses réparations que nous effectuons, je dirais qu’un moteur Briggs & Stratton, comme on en trouve dans les génératrices moyen de gamme, durera 1000 heures, contrairement aux 2000 ou 2500 heures pour les modèles haut de gamme, tels que les Robin (Subaru) ou Honda. D’ailleurs, n’oublions pas qu’une génératrice n’est pas une souffleuse; c’est-à-dire que le moteur tourne pendant de  longues heures consécutives. D’où l’importance d’avoir une bonne durabilité. Ensuite, il y a l’ajustement du moteur. Sur les machines haut de gamme, les régimes sont maintenus à des niveaux constants, assurant un voltage égal. En ce qui concerne les appareils moyen et bas de gamme, on peut entendre les variations de tonalité du moteur, même si la demande de courant demeure inchangée. Ces variations sont le signe d’une qualité d’alimentation électrique fluctuante pouvant nuire aux appareils qui y sont branchés ». Le système de ralenti est une option souvent incluse dans les appareils haut de gamme. Lorsqu’il n’y a pas de demande de courant électrique, le moteur tourne au minimum, et quand un appareil est utilisé, le régime s’élève automatiquement. Ce dispositif assure des économies de carburant, tout en diminuant l’usure du moteur. Concernant les pièces et le service de réparation, les commerçants de produits haut de gamme ont tendance à se distinguer. Mais, attention! Même sous une même bannière, les marchands ne possèdent pas tous les mêmes connaissances sur les génératrices qu’ils vendent (certains commerçants vendent des génératrices, mais se spécialisent dans les VTT, les motos ou les bateaux…).

Un conseil: choisissez un endroit où l’équipe des ventes et les mécaniciens s’y connaissent vraiment… en génératrices!
Exemple de prix : environ 1700 $ pour une 3000 watts.
Lieu de vente : boutiques spécialisées, concessionnaires de produits récréatifs.

Quelques points à vérifier avant d’acheter

1- Puissance. De l’avis de plusieurs, dont Pierre Chartier, vendeur chez Groupe Maska inc. à Saint-Hyacinthe, il faut choisir une génératrice dont la puissance est au moins 20 % supérieure à ses besoins. « Une machine qui fonctionne toujours au maximum dépasse ses capacités thermiques et s’use alors prématurément. Juste pour cuire un déjeuner, quand tous les appareils sont sollicités, c’est 6000 watts! Les gens doivent bien définir  leurs besoins énergétiques et ne pas oublier d’y ajouter une marge. » Sylvain Ferron ajoute qu’il ne faut pas perdre de vue que certains appareils, comme les moteurs électriques (par exemple, un petit compresseur pour cloueuse) nécessitent le double, voire le triple d’énergie lorsqu’ils démarrent. Il importe donc de choisir une génératrice qui supportera ces pics de demande.

2- Capacité par prise.  Ce n’est pas parce qu’une génératrice produit 3000 watts (25 ampères) qu’elle peut automatiquement alimenter un outil de 18 ampères. Par exemple, si les prises électriques de la génératrice ont une sortie maximale de 15 ampères chacune, un outil de 18 ampères ne fonctionnera pas. Bref, pour avoir accès à toute la puissance de sa génératrice, il faut porter attention à l’ampérage maximal que peut fournir chaque prise. Mentionnons aussi que plusieurs modèles ont des prises pour le courant 240 volts. D’autres ont un dispositif 12 volts, permettant de recharger des batteries.

3- Autonomie. Pour les gens qui ont besoin d’électricité sur une longue période, l’autonomie est un critère essentiel. Et les spécifications dans les brochures ne sont pas toujours exactes. Il faut demander au vendeur combien d’heures la génératrice peut fonctionner à régime maximal avec un réservoir plein. Se lever au milieu de la nuit pour mettre de l’essence n’est pas une situation particulièrement agréable! L’option d’un système de ralenti augmente l’autonomie.

4- Son. Une génératrice qui fonctionne constamment à proximité des gens doit être silencieuse. Plusieurs compagnies se targuent de vendre des modèles pratiquement inaudibles, nombre de décibels à l’appui. Mais la réalité diffère, constate M. Ferron.

« Comme il n’y a pas de normes pour mesurer le nombre de décibels, les comparai sons ne tiennent pas. Avant d’acheter, je conseille de demander de mettre la machine en marche pour vérifier. Même pour un nombre égal de décibels, certains moteurs peuvent émettre un son qui agresse davantage. Une fourchette qui grince dans le fond d’une assiette ne produit pas énormément de décibels, mais maudit que c’est fatigant! »

5- Poids. La question du poids ne se pose pas pour une génératrice stationnaire. Mais si elle doit être transportée, ce critère devient important. Une génératrice munie de roues pourrait être une solution fort utile.

6- Précision du voltage. Pour des appareils plus sensibles quant à la constance du voltage (par exemple un ordinateur, des outils électroniques, etc.), on préférera une génératrice comprenant la technologie d’inverseur (Inverter). Cela permet d’obtenir une énergie stable où les fluctuations de tension sont minimisées.

7- Renseignements divers. Examinons la zone entourant le bouchon à essence. Advenant un déversement, le carburant doit s’écouler à l’opposé du pot d’échappement, ce qui diminue les possibi lités d’explosion si vous faites le plein, alors que le moteur est encore chaud. Évidemment, il est recommandé d’attendre que le moteur soit froid avant de le ravitailler. Il est également utile d’avoir une jauge d’essence, un compteur d’heures pour savoir quand changer l’huile, et un châssis métallique qui protège la génératrice. Pour les travaux en forêt ou en zone à risque, un pare-étincelles approuvé est souhaitable. Finalement, certains modèles offrent un démarreur à distance, qui évite de sortir à l’extérieur.