Actualités 28 septembre 2017

L’industrie serricole en expansion

En raison de l’engouement pour l’achat local et les légumes frais, les petits producteurs en serre poussent comme des champignons.

De plus en plus de maraîchers veulent offrir leurs produits plus tôt en saison. C’est du moins ce qu’estime le président des Producteurs en serre du Québec (PSQ), André Mousseau. Ils construisent alors des serres de 10 000 à 15 000 pi2 pour répondre aux demandes de leur clientèle dès le début de l’été.

« Ce sont souvent des producteurs biologiques qui ont 200 ou 300 clients. Ce groupe-là se multiplie très rapidement à cause de cette clientèle qui veut avoir un accès étendu à des légumes de qualité », soutient M. Mousseau.

Malgré cette nouvelle réalité, ce sont tout de même les gros joueurs qui dominent le marché. Au Québec, une dizaine de grandes entreprises couvrent à elles seules autour de 85 % de la production de légumes en serre, selon le président.

Au total, la valeur de la production en serre équivaut à 265 M$ répartis sur 265 ha. Les nouveaux agriculteurs biologiques ne sont cependant pas toujours pris en compte dans ces calculs, puisqu’ils sont plus difficiles à retracer, précise M. Mousseau. Il estime que ces statistiques augmenteraient d’au moins 20 % si tous les petits producteurs étaient considérés.

La Ferme Guyon s’adapte aux demandes des clients en offrant un vaste choix de fleurs en pots. Crédit photo : PSQ
La Ferme Guyon s’adapte aux demandes des clients en offrant un vaste choix de fleurs en pots. Crédit photo : PSQ

Des enjeux de taille

Aux yeux d’André Mousseau, la cohabitation entre les grandes et les petites entreprises serricoles s’avère un enjeu de plus en plus préoccupant.

« Quand une petite entreprise en serre connaît une forte croissance du jour en lendemain, c’est difficile pour elle de se tailler une place parmi les plus gros, notamment en ce qui concerne la mise en marché. »

Selon lui, le Québec gagnerait par ailleurs à mieux identifier ses aliments dans les étalages des supermarchés pour répondre aux demandes des consommateurs qui veulent des légumes d’ici, mais peinent à les trouver parmi tous les produits importés.

Il croit également qu’il faudrait promouvoir davantage les petits centres qui, dans chaque village, offrent des fleurs et des légumes pour le jardin. « Les jardineries doivent se battre contre les grandes chaînes qui vendent maintenant ces produits-là », s’inquiète M. Mousseau, qui est également copropriétaire des Entreprises Le Cactus Fleuri en Montérégie.

Même son de cloche du côté du directeur général des PSQ, Claude Laniel. Pour lui, le secteur ornemental doit non seulement promouvoir l’achat local, mais aussi miser sur l’innovation pour attirer la jeune génération.

« Il y a de plus en plus de jeunes qui achètent des plantes pour une occasion spéciale. C’est plus intéressant pour eux de les placer dans des pots et de les jeter au compost à la fin de l’été que de se mettre à quatre pattes dans le jardin », estime M. Laniel.

Cette même génération préfère souvent chercher l’information sur le Web plutôt que demander conseil aux spécialistes dans les jardineries. Selon le directeur général, il faut donc que l’industrie s’adapte à cette tendance, en favorisant notamment le commerce électronique.

Le cannabis : « l’enjeu en vaut la chandelle »

Le président des PSQ, André Mousseau, voit la légalisation de la marijuana d’un bon œil. Pour lui, il s’agit d’une belle occasion de diversifier la production en serre.

« Ça devrait être très rentable, croit-il. On pense qu’au lieu d’avoir deux ou trois millionnaires qui couvrent l’ensemble de la province, on pourrait privilégier une approche de production plus locale. C’est la tendance. C’est ce que cherchent déjà les consommateurs. »

Selon lui, les producteurs en serre du Québec sont prêts à se lancer dans l’aventure. Cela permettra à plusieurs d’entre eux d’étendre leur production à 12 mois par année et créera des emplois durables. « L’enjeu en vaut la chandelle », conclut le président.