Actualités 10 septembre 2020

Le semis direct comme alternative

Il y aurait de 10 à 15 % des producteurs au Québec qui laissent leurs champs intacts à l’automne, préférant avoir recours au semis direct au printemps suivant pour redémarrer leurs cultures.

« Ça paraît peu, mais si on y ajoute ceux qui le font occasionnellement ou optent pour le travail réduit, ça devient plus important comme phénomène », déclare Louis Robert. Depuis des années, l’agronome au MAPAQ fait la promotion de cette technique qui écarte le travail du sol comme alternative.

« En labourant, on impose un recul important à toute la vie microbienne parce qu’on l’enfouit trop profondément en retournant la terre. Elle a alors de la difficulté à se multiplier », explique-t-il.

Pour prospérer poursuit Louis Robert, les microbes doivent se retrouver à l’intérieur d’une couche équivalent aux cinq premiers centimètres du sol. « Ils doivent être en contact avec l’air, l’humidité et le fumier. En décomposant cette matière organique, ils vont agglutiner le sol pour former des agrégats. C’est ce qui fait un sol en santé. »

L’agronome précise que le semis direct peut prendre un ou deux ans à démontrer des résultats probants, mais qu’après, cette patience paiera. « Le sol développe une structure tellement belle que même le semoir qui avait de la misère à trancher des sillons va aller planter la semence dans un milieu idéal. Le sol sera beaucoup plus friable en surface. »

« Le sol développe une structure tellement belle que même le semoir qui avait de la misère à trancher des sillons va aller planter la semence dans un milieu idéal. Le sol sera beaucoup plus friable en surface. » Louis Robert  / agronome au MAPAQ
« Le sol développe une structure tellement belle que même le semoir qui avait de la misère à trancher des sillons va aller planter la semence dans un milieu idéal. Le sol sera beaucoup plus friable en surface. » – Louis Robert / agronome au MAPAQ

Condition sine qua non pour le semis direct, les rotations de culture prévient Louis Robert. « Les résidus de culture sont autotoxiques pour la germination de la même espèce. À part peut-être le soya qui a plus de tolérance, on doit absolument changer de culture la saison suivante pour obtenir de bons résultats. »

Pour les producteurs qui optent pour un travail réduit au printemps, l’agronome suggère une couple de passages de herse. « Ça permettra de lui permettre d’assécher et de réchauffer plus rapidement », avance-t-il en précisant qu’on doit bien s’assurer de le faire dans la bonne période afin de ne pas compacter le sol advenant que celui-ci soit encore trop humide. « Mais en même temps, ces herses sont moins lourdes que les charrues ou déchaumeuses qui sont utilisées à l’automne », termine-t-il.

Bernard Lepage, collaboration spéciale