Actualités 3 août 2019

Transport et manipulation des porcs – De bonnes pratiques déjà en place

Les éleveurs comme les transporteurs sont déjà bien rodés quant aux nouvelles normes qui entourent le chargement, le voyagement et le déchargement des porcs.

«L’Agence canadienne d’inspection des aliments nous met beaucoup de pression depuis quelques années, alors on est pratiquement rendus en 2024 quant au respect des normes », soutient le président de l’Association québécoise des transporteurs d’animaux vivants (AQTAV), Alain Manningham. Rappelons que, selon le nouveau code de pratiques, il est interdit de transporter des porcs inaptes ou qui ne s’appuient pas sur leurs quatre pattes. « On a aussi des densités à respecter selon la durée du voyage et les conditions météorologiques », mentionne M. Manningham.

Le transporteur partage les responsabilités avec l’éleveur. « Quand un producteur n’est pas certain si un porc est apte ou non à partir, il vient nous le montrer et on évalue sa condition ensemble. » En cas d’infraction, les amendes passent de 1 300 $ pour une violation mineure à 6 000 $ pour une violation grave. Et ces montants peuvent doubler selon les antécédents et l’intention derrière le geste. « On a le droit à un avertissement avant d’avoir une amende, précise Alain Manningham. Moi, si j’ai 100 clients qui ont eu un avertissement, ça me donne 99 amendes! » Selon lui, face à cette pression, la majorité des gens de l’industrie ont pris les mesures pour respecter les normes.

Quais de chargement

« Voyant les changements qui s’en venaient, beaucoup de producteurs ont modifié leurs installations pour faciliter le chargement des porcs », indique le transporteur. Plusieurs d’entre eux ont refait leur quai pour faciliter le déplacement des animaux. Les transporteurs, pour leur part, optent de plus en plus pour des rampes plus larges et plus longues à l’intérieur de la remorque.

« Ça va de mieux en mieux, parce que les animaux font moins d’efforts qu’avant pour être chargés et déchargés, affirme M. Manningham. De toute façon, on n’a pas le choix : il faut suivre la nouvelle réalité et ça passe par le bien-être animal. »

Prenez garde au bâton électrique

D’ici à ce que le nouveau Code de pratiques entre en vigueur, les producteurs devront revoir certaines pratiques d’élevage, dont l’utilisation du bâton électrique pour la manipulation et le déplacement des porcs. « Son utilisation ne sera pas interdite, mais il faudra désormais l’employer en dernier recours seulement », mentionne l’agronome et responsable des bâtiments et de la régie d’élevage au Centre de développement du porc du Québec, Sébastien Turcotte.

Le recours répété aux bâtons électriques accélère le rythme cardiaque des animaux et, dans certains cas extrêmes, peut entraîner la mort. Le Code prévoit donc différentes exigences qui régissent l’utilisation de ces outils de manipulation.

Lorsque nécessaire, leur utilisation « ne doit se faire que sur le dos et sur les parties postérieures des porcs en tête du groupe », mais jamais sur les parties génitales, peut-on lire dans le Code.

Les bâtons ne doivent pas être utilisés sur les porcelets, dans les pouponnières, dans les enclos de finition ou sur des porcs en détresse, malades ou blessés. « Au lieu du bâton électrique, on suggère par exemple l’utilisation de panneaux, conseille Sébastien Turcotte. Tous les producteurs en ont déjà. On ne parle donc pas d’un investissement, mais d’un changement dans les pratiques. » Dans le Code, il est également proposé de troquer le bâton électrique pour des fouets de toile, des objets à agiter ou des drapeaux.

Quand l’utiliser?

Les porcs sont souvent hésitants quand vient le temps de se déplacer, surtout lorsqu’ils voient des ombrages, des reflets, des changements dans le revêtement de sol, etc.

Au Québec, les quais de chargement ne sont pas standardisés. Certains producteurs n’ont pas de quai du tout et d’autres ont besoin d’une rampe de chargement. « Ça fait que c’est plus difficile de charger les porcs et le producteur va devoir sortir son bâton électrique plus souvent, souligne Sébastien Turcotte. Si le quai est bien conçu, c’est beaucoup plus facile. » L’achat d’un nouveau quai de chargement coûte environ 20 000 $. Comme il ne s’agit que d’une recommandation au Code de pratiques – et non une exigence –, « ça ne semble pas être une priorité » pour les producteurs, avance l’agronome.

Étienne Dupuis, collaboration spéciale.