Grandes cultures 10 mai 2023

Les De Martin veillent au grain depuis trois générations

Marie-Claude De Martin n’a jamais douté qu’elle ferait carrière en agriculture. C’était écrit dans la terre de Godmanchester, en Montérégie, où elle est née et où elle exploite une ferme de grandes cultures en compagnie de son père, Albert.

Marie-Claude appartient à la 3e génération à cultiver cette terre achetée par son grand-père, Antonio, en 1969. « Mon père, Albert, a racheté la ferme en 1979-1980 avec son frère, Roger. J’ai commencé à acquérir des parts en 2008-2009. Mon oncle a quitté l’entreprise en 2010, ce qui fait que je suis maintenant copropriétaire avec mon père », raconte l’agricultrice qui travaillait déjà à temps plein à la ferme depuis la fin de ses études en Gestion et technologies d’entreprise agricole à l’ITAQ de Saint-Hyacinthe, en 2004. L’entreprise a été incorporée en 1989 sous le nom Les Fermes Ajiro (1989) inc., un acronyme inspiré des prénoms des fils d’Antonio (Albert, Johnny et Roger).

Les Fermes Ajiro cultivent 390 hectares de maïs, de soya et de blé d’automne.

Parmi les améliorations importantes apportées à l’entreprise, mentionnons la construction d’un atelier pour la machinerie en 1988 et une bonne amélioration du plan de séchage en 1992. En 2004 et 2018, il y a également eu l’ajout de silos. « En 2000, on cultivait 380 hectares, dont 240 étaient notre propriété. La balance était en location. La superficie cultivée n’a pas beaucoup changé depuis. Par contre, on est devenus propriétaires de presque tout le terrain qu’on cultive. Il ne reste que 40 hectares en location », précise Mme De Martin. 

La ferme se trouve près de la rivière Châteauguay. « À une certaine époque, poursuit Albert De Martin, nous avions beaucoup de terrain en culture en zone inondable, ce qui mettait l’entreprise à risque lors de certaines crues des eaux. On a vendu une terre et arrêté d’en cultiver une autre, louée, qui était assez loin du site principal, et on en a acheté une autre juste à côté. Nous avons encore des zones inondables, mais qui sont moins à risque de nous faire perdre une récolte. »

Notre rotation de culture se fait sur cinq ans. On cultive le maïs pendant deux ans dans un champ, le soya pendant deux ans et le blé d’automne la 5e année.

Marie-Claude De Martin

Assurer la relève

Assurer la relève de l’entreprise était donc la suite logique du parcours de Marie-Claude. « J’ai toujours aimé ça, travailler à la ferme, suivre mon père et conduire la machinerie », dit-elle. Son conjoint, Alexis Monière, qu’elle a rencontré à l’ITAQ, est lui aussi en agriculture. Il possède sa propre entreprise laitière avec sa mère à Saint-Rémi, à environ 40 minutes de distance de Godmanchester, située près du village de Huntingdon. « Ce n’est pas la situation idéale, car ça m’oblige à me déplacer chaque jour pour aller sur ma terre, mais on s’est accommodés avec le temps », raconte Marie-Claude De Martin. Alexis est en outre propriétaire d’une érablière où elle va lui donner un coup de main à l’occasion.

Le couple a trois garçons : Cédric, 14 ans, Marc-Antoine, 11 ans, et Evan, 9 ans. Bien qu’il soit encore trop tôt pour parler de relève, ils sont déjà très intéressés par le travail à la ferme, autant dans celle de leur père que dans celle de leur mère.

Au point de vue de la machinerie, la ferme est bien équipée avec, entre autres, un planteur à 12 rangs pour le semis, un semoir à céréales de 20 pieds pour le blé, un épandeur à engrais, une arroseuse et une moissonneuse-batteuse qu’elle partage avec l’entreprise d’Alexis.

Grande culture

Les Fermes Ajiro cultivent 390 hectares de maïs, de soya et de blé d’automne. Même s’il s’agit d’une entreprise de taille moyenne, on peut parler de grandes cultures parce que c’est la seule production de la ferme, explique Mme De Martin. « On vend à différents acheteurs dépendamment du prix », dit-elle.

Marie-Claude et son père se partagent le travail équitablement et font appel à de la main-d’œuvre occasionnelle lorsque c’est nécessaire. « Les enfants qui grandissent peuvent aussi nous donner un bon coup de main durant les vacances et les fins de semaine », ajoute la productrice.

Néanmoins, Albert s’occupe surtout du côté mécanique, alors qu’elle prend davantage les décisions administratives concernant, notamment, le choix des semences et les rotations de culture. « De plus, c’est surtout moi qui effectue les travaux aux champs étant donné qu’on est rendu avec beaucoup d’équipements utilisant de nouvelles technologies », souligne l’agricultrice. 

Machinerie et production

Au point de vue de la machinerie, la ferme est bien équipée avec, entre autres, un planteur à 12 rangs pour le semis, un semoir à céréales de 20 pieds pour le blé, un épandeur à engrais, une arroseuse et une moissonneuse-batteuse qu’elle partage avec l’entreprise d’Alexis. Bref, tous les équipements nécessaires au bon fonctionnement de la ferme. 

Quant au transport des grains, il est assumé par les acheteurs. Ce sont eux qui s’occupent de venir les récupérer à la ferme. « Nous n’avons pas de main-d’œuvre pour le faire », précise l’agricultrice.

La ferme produit en moyenne 1900 tonnes de maïs par année, 600 tonnes de soya et 450 tonnes de blé. Le blé occupe environ 1/5 de la superficie cultivée. Le soya et le maïs occupent chacun 2/5 de cette surface.

Marie-Claude De Martin aux côtés de son conjoint, Alexis, et de leurs trois garçons, Marc-Antoine, Evan et Cédric.

Semis direct

« On est en semis direct sur billons depuis 1992 à la suite d’un voyage que mon père a fait en Iowa », dit-elle. Pour enrichir le sol, Albert et Marie-Claude cultivent de l’engrais vert et pratiquent une culture intercalaire qui consiste à implanter une plante comme le ray-grass et le sarrasin dans la culture principale de façon à couvrir le sol plus longtemps pour conserver les éléments nutritifs, améliorer la structure du sol et l’enrichir.

« Notre rotation de culture se fait sur cinq ans. On cultive le maïs pendant deux ans dans un champ, le soya pendant deux ans et le blé d’automne la 5e année. Après le blé d’automne, on applique des engrais organiques, soit du fumier ou du Gran-mix suivi d’un engrais vert composé de féverole, de pois, de sarrasin, de kale et de radis, et c’est à ce moment qu’on procède au billonnage », poursuit la productrice. 

Même si le marché est bon, les coûts de production ont explosé au cours de la dernière année, souligne Mme De Martin. « Il faut que les prix restent bons pour que ça continue à être profitable. Je dirais que la marge va être réduite cette année », conclut-elle.