Grandes cultures 8 juin 2023

De la terre dure comme du ciment

Les producteurs de grains espèrent obtenir une bonne pluie pour leurs cultures qui commencent à avoir soif, mais la situation n’est pas alarmante dans la majorité des champs. 

Dans Lanaudière, l’agricultrice Johanne Pagé a rarement vu le sol aussi sec au printemps. « On n’a pas de pluie. Hier [le 6 juin], on devait en avoir. Certains secteurs ont eu 8 mm, mais ici, ce qu’on a eu, c’est juste du vent. C’est vraiment venteux et sec, ce printemps. Dans mes sols sableux, la terre lève dans les airs. Dans mes sols d’argile Sainte-Rosalie, la terre est vraiment dure. C’est du ciment! » compare-t-elle.

Près de Saint-Hyacinthe, Guillaume Leblanc, représentant pour la compagnie Pioneer pour une portion de la Montérégie, observe lui aussi des sols très secs. « Mais les cultures vont bien. Le maïs qui a été semé à la bonne profondeur et avec un travail de sol uniforme a assez d’humidité pour vivre et n’accuse pas de retard », affirme-t-il, spécifiant que ce manque de précipitation force le maïs à développer son système racinaire, ce qui pourrait être utile advenant une sécheresse plus tard dans l’été.

Dans le cas du soya, par contre, M. Leblanc remarque plus de variabilité dans la levée. « Ceux qui n’ont pas semé assez creux, et pas assez proche de l’humidité, le processus de germination n’est pas enclenché. Et ceux qui ont semé trop creux, le soya a manqué de vigueur et est mort. J’en ai vu. » Il spécifie qu’habituellement, les printemps sont plus humides, ce qui permet de régler certaines petites erreurs de semis ou de préparation de sol.

Dans le Centre-du-Québec, l’agriculteur et agronome Yannick Beauchemin n’est pas inquiet du manque d’eau. « Le maïs a breaké un peu, mais il est correct. Le soya qui a été semé assez tôt est aussi correct, mais semé après le 20-23 mai, les levées sont moins belles, surtout ceux qui ont semé en surface et ceux qui ont trop travaillé le sol et qui l’ont asséché. Pour les céréales d’automne, c’est plus inquiétant, fait valoir le producteur. Il y a eu des pertes de population cet hiver, et présentement, elles sont au stade d’épiaison et auraient besoin d’eau. »


À gauche, un mauvais travail de sol laissant trop de grosses mottes en surface a causé un manque de précision lors du semis et une levée inégale. À droite, un champ semé dans les règles de l’art progresse bien malgré le temps sec.