Une écoferme à leur image pour vivre autrement

PORTNEUF — À l’Écoferme des générations, on a rapidement compris qu’il valait mieux s’unir pour relever les défis. Les familles Lemire et ­Gagnon-Thibault misent par ailleurs sur certains principes comme éviter l’endettement, récupérer, faire soi-même, viser l’autonomie, ne pas consommer inutilement… et grandir de façon graduelle.

Fiche technique

Nom de la ferme
Écoferme des générations

Spécialité
Production maraîchère

Année de fondation
2018

Nom du propriétaire
Francis Lemire

Nombre de générations
1

Superficie en culture
1 hectare

Francis Lemire, Marilou Gagnon-Thibault et les parents de celle-ci, Yolande Gagnon et Gérald Thibault, ont un jour pris la décision de vivre autrement. L’aventure de la ferme située dans le rang de la Chapelle, à Portneuf, a donc débuté dans une volonté d’arrimer leurs actions aux valeurs qui les animent, de mettre en commun les forces de chacun par un retour à la terre en famille et dans le bonheur.

« Il nous a fallu faire presque 40 visites avant de trouver le lieu qui nous convenait, il y a huit ans. On cherchait sur les rives nord et sud du fleuve, près de Québec. La région de Portneuf était notre premier choix. Même si je suis propriétaire unique de l’Écoferme des générations, l’acquisition de l’endroit s’est effectuée à quatre, car pour être possible, le projet devait se réaliser dans un contexte bigénérationnel. Et disons qu’au départ, tout était à refaire, à construire », raconte Francis.

La maison a en effet dû être agrandie et rénovée, tout comme la vieille grange et le garage, « qui avaient besoin d’un peu d’amour ». Retraité, Gérald a mis la main à la pâte, appuyé de son gendre, ébéniste avant de devenir maraîcher. Si aucun des nouveaux arrivants n’est issu du monde agricole, Francis avait déjà travaillé dans des fermes laitières et il était à l’emploi d’un producteur de légumes.

« J’ai également lu le livre de Jean-Martin Fortier sur le modèle de ferme sur petite surface et suivi une mini-­formation avec lui, indique le jeune entrepreneur. Depuis le mois de janvier, je détiens aussi une attestation d’études collégiales en gestion d’entreprises agricoles, ce qui m’a permis de toucher la prime à l’établissement de 20 000 $ et d’avoir accès au programme Territoires : Relève pour la subvention. »

Les bâtiments continuent d’être rafraîchis pour mieux répondre à de nouveaux usages, comme celui d’accueillir des groupes.
Les bâtiments continuent d’être rafraîchis pour mieux répondre à de nouveaux usages, comme celui d’accueillir des groupes.

Tandis que les deux hommes s’activent à temps plein sur la terre, mère et fille combinent actuellement l’agriculture et une autre occupation professionnelle. Marilou est réviseure linguistique et Yolande fait de la transcription de fichiers audio. « Je suis régulièrement dans les jardins et je travaille présentement sur un projet de visites scolaires, commente cette dernière. Je passe beaucoup de temps avec les enfants, qui ne fréquentent pas la garderie. »   

De plus en plus de produits et de paniers

Pommes de terre, poivrons, tomates, courges, maïs, patates douces, fines herbes sont entre autres cultivés par le clan familial. Les pommiers, poiriers et pruniers devraient par ailleurs commencer à produire cette année. Des expérimentations avec le gingembre et le curcuma sont également menées.  L’an dernier, la ferme a obtenu sa certification biologique et le nombre d’abonnements aux paniers croît. « Nous nous sommes engagés dans l’agriculture soutenue par la communauté en 2018. Il y a deux ans, nous en étions à 65 paniers et nous voulons éventuellement nous rendre à une centaine, mentionne Francis. Notre grande serre a été construite le printemps passé. De 14 semaines de production, nous aimerions, d’ici cinq ans, pouvoir allonger la période à 19 semaines et diversifier nos sources de revenus. »

De nombreux projets dans les cartons

La vente d’ail est appelée à représenter une part de plus en plus grande du chiffre d’affaires de l’Écoferme des générations. La famille souhaite en outre développer l’autocueillette de citrouilles et les visites à la ferme. Dans la grange, à l’étage, des travaux ont été entrepris afin d’accueillir les clients pour des repas. Un kiosque libre-service aux abords de la route figure aussi dans les plans.   

« Des projets de nouvelle chambre froide, de cuisine de transformation et de salle de lavage sont également dans l’air. Dans ce dernier cas, j’avais envisagé de faire un agrandissement de 25 pieds par 30 à partir du garage, mais en raison de la hausse du prix des matériaux, j’ai abandonné mon idée initiale. Au fond, c’est un mal pour un bien, car nous avons décidé que l’entreprise resterait petite », termine Francis.

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Fait maison

Le printemps dernier, une laveuse à légumes-racines unique en son genre a fait son apparition à l’Écoferme des générations. Dessinateur industriel et patenteux à ses heures, le père de Francis en est le créateur. Avide de défis, l’homme a mis deux ans à concevoir la machine. Si elle permet de sauver du temps, la laveuse est également entièrement démontable et transportable. Et en cas de bris, nul besoin de commander des pièces coûteuses : toutes les composantes peuvent être achetées en quincaillerie. « Ça répond parfaitement à nos besoins et ça nous aide à rester le plus autonome possible en tant qu’entreprise », fait valoir Francis.

Démontable et mobile, la laveuse à légumes-racines élaborée par le père de Francis est adaptée aux besoins de la ferme.
Démontable et mobile, la laveuse à légumes-racines élaborée par le père de Francis est adaptée aux besoins de la ferme.

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Francis cultive du seigle d’automne afin d’y transplanter ses semis au printemps. Le maraîcher favorise depuis le début un travail minimal du sol. Il s’est aussi procuré du paillis tissé dans le but de diminuer la charge de désherbage à l’extérieur. Visant l’autosuffisance, il fait lui-même pousser sa matière organique pour améliorer la qualité de la terre.
Francis cultive du seigle d’automne afin d’y transplanter ses semis au printemps. Le maraîcher favorise depuis le début un travail minimal du sol. Il s’est aussi procuré du paillis tissé dans le but de diminuer la charge de désherbage à l’extérieur. Visant l’autosuffisance, il fait lui-même pousser sa matière organique pour améliorer la qualité de la terre.

Le bon coup de l’entreprise

Soucieux d’économiser, Francis Lemire a lui-même conçu sa serre avec des abris d’auto usagés. « J’en ai acheté plusieurs du même modèle et je les ai placés l’un derrière l’autre. J’ai aussi fabriqué les braquettes. Ça m’a coûté 5 000 $ au lieu de 12 000 $ ou 13 000 $ au minimum si j’avais décidé d’acquérir une serre neuve. Il fallait que je réduise mes coûts puisque je n’étais pas admissible aux subventions à ce moment-là. En plus de rejoindre nos valeurs environnementales en recyclant, l’initiative a été rassembleuse pour toute la famille. » Aujourd’hui, les systèmes de chauffage, de ventilation et d’irrigation de la serre ont par ailleurs été automatisés.