Actualités 3 décembre 2019

Un demi-siècle de recherche sur les bioherbicides

Le professeur Alan K. Watson plaide pour un système intégré de gestion des mauvaises herbes. À l’aube de sa retraite et au terme de près de 45 ans comme professeur à la Faculté d’agriculture et des sciences de l’environnement de l’Université McGill, le spécialiste des bioherbicides demeure à l’avant-garde de la recherche sur les solutions de rechange aux traitements chimiques.

Alan K. Watson
Alan K. Watson

« Mes travaux ont toujours visé la réduction de l’usage d’herbicides », explique le fondateur du Groupe de recherche sur les plantes nuisibles, qui a longtemps mené des travaux dans le Sud-est asiatique et en Afrique subsaharienne, où les méthodes de contrôle biologiques sont plus répandues. Traditionnellement utilisées par les fermiers de subsistance dans les pays en voie de développement, elles y sont beaucoup plus abordables que les herbicides chimiques.

Au fil de ses recherches, le professeur Watson a documenté diverses approches prometteuses de contrôle sans agents chimiques, allant de l’usage de bioherbicides granulaires à la biofumigation, en passant par l’utilisation de cultures de protection – soit des plantes couvre-sol qui empêchent les mauvaises herbes nuisibles de s’implanter dans les champs.

Un défi de commercialisation

Le défi, dit-il, est de commercialiser des bioherbicides qui offrent des rendements similaires aux herbicides chimiques couramment utilisés dans le milieu agricole. Le coût d’enregistrement des brevets, qui peut dépasser un demi-million de dollars, peut s’avérer prohibitif à lui seul. Chose certaine, avance le chercheur, le contrôle des mauvaises herbes est appelé à se transformer radicalement.

« Nous sommes face à un enjeu majeur avec les herbicides », lance-t-il, faisant écho aux débats concernant l’impact des pesticides sur la santé publique et l’environnement qui ont eu cours devant la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles cet automne.

Historiquement, l’industrie agricole s’est appuyée « un petit peu trop » sur des herbicides chimiques comme le Roundup, estime le chercheur. Si celle-ci n’est pas prête à abandonner les pratiques traditionnelles de sitôt, les méthodes de contrôle biologique font, selon lui, partie de la solution à long terme, surtout dans le contexte où certaines mauvaises herbes sont de plus en plus résistantes aux herbicides et où les changements climatiques risquent de contribuer à la prolifération de nouvelles espèces nuisibles. 

Des plantes en quarantaine

Le chercheur a créé un « centre de quarantaine végétale » unique au Canada. Il y étudie certaines plantes nuisibles d’ici et d’ailleurs et des agents de contrôle biologiques comme des champignons ou des bactéries, qui peuvent empêcher la prolifération de mauvaises herbes telles que le pissenlit, l’abutilon, la renouée ou l’herbe à poux.

Simon Van Vliet, Agence Science-Presse