Actualités 13 novembre 2017

La prudence est de mise sur les réseaux sociaux

L’avènement des réseaux sociaux et de leurs forums de discussion a révolutionné le monde des communications au cours des dernières années. Finies les recherches laborieuses et l’attente interminable.

Il suffit d’un clic pour que quelqu’un, quelque part, réponde instantanément à nos interrogations, même en matière de soins vétérinaires. Se fier aux informations transmises par ses « amis » Facebook n’est pas sans risque pour celui qui oublie que les commentaires sont fondés, en général, sur les expériences personnelles des internautes.

Par exemple, sur les forums bovins, les questions concernant l’usage des antibiotiques sont fréquentes. C’est tout à fait normal, puisque ces derniers occupent une grande place dans l’arsenal thérapeutique des médecins vétérinaires. En plus de chercher à offrir à l’animal un traitement efficace, ceux-ci sont conscients du fait que l’on doit utiliser judicieusement les antibiotiques afin de diminuer les risques de résistance à ces derniers et de prévenir la présence de résidus médicamenteux dans la viande et le lait.

Voici deux questions trouvées récemment sur le Web. Un médecin vétérinaire a bien voulu y répondre de manière avisée :

1 – Quels médicaments utilisez-vous pour traiter une mammite qui ne veut pas guérir? J’ai tout essayé!

Le traitement de la mammite est la raison principale de l’emploi des antibiotiques en production laitière. Tous reconnaissent leur bénéfice non négligeable sur la santé du pis, que ce soit en abaissant la charge bactérienne, en améliorant la qualité du lait ou en diminuant la prévalence de la maladie. Toutefois, leur usage judicieux comprend une approche multifactorielle (environnement, animal, agent pathogène) permettant d’établir un protocole de traitement optimal dans un troupeau.

Ce qui fonctionne pour les uns ne fonctionnera pas nécessairement pour les autres. Afin d’éviter un échec, les décisions de traitement devraient être basées, le plus souvent possible, sur des résultats de culture bactériologique du lait. En effet, certains agents pathogènes, telles les levures, engendrent des mammites qui non seulement ne répondent pas au traitement antibiotique, mais peuvent être exacerbées par celui-ci.

Gardez donc en tête qu’une utilisation « raisonnable » des antibiotiques comprend l’identification du pathogène, le choix de l’antibiotique, la mise en place d’un plan de traitement (dosage, voie d’administration, durée) et l’établissement d’un temps de retrait approprié.

2 – Quels sont vos remèdes pour guérir une mammite à staphylocoques? J’ai tout essayé et ça ne marche pas avec ma vache. Je veux autant que possible sauver son quartier.

Les antibiotiques ont leurs limites et, parfois, certaines infections bactériennes ont des taux de guérison très faibles. Les infections chroniques à Staphylococcus aureus en sont un exemple. En effet, cet agent pathogène persiste longtemps dans les glandes mammaires et est résistant à de nombreux antibiotiques. Les rechutes sont donc fréquentes.

On estime le taux de rémission pour les infections à Staphylococcus aureus à 20 % avec ou sans traitement. Certaines vaches sont de meilleures candidates que d’autres pour un traitement antibiotique. Un animal jeune (L1 ou L2), un seul quartier infecté, des comptages de cellules somatiques (CCS) bas et une infection de courte durée représentent certains critères de sélection permettant d’augmenter le taux de guérison. Dans certains cas, bien avant la « potion », la meilleure solution peut être simplement la réforme.

Enfin, il faut rester critique en ce qui concerne les informations trouvées sur les réseaux sociaux, puisqu’après tout… ce ne sont que des blogues de discussion!

Dre Ariane Bornais, m.v.