Actualités 25 septembre 2018

Une professeure passionnée des fraises du Québec

Depuis huit ans, l’agronome et professeure Valérie Gravel travaille « main dans la main » avec des producteurs de fraises. Une collaboration qu’elle juge essentielle.

« Ces agriculteurs me permettent d’installer des parcelles de recherche dans leurs champs et se chargent d’entretenir les plants et de prendre des données quotidiennement. Ils participent à mes recherches avec beaucoup d’enthousiasme et je les en remercie, car rien ne peut remplacer leur expertise sur le terrain », explique Mme Gravel. 

Il faut dire que les producteurs de fraises québécois font face à une dure concurrence de la part des États-Unis où la superficie des cultures est supérieure, et de loin! C’est pourquoi ils tentent d’augmenter les rendements en étirant au maximum la saison de production des fraisiers. Mme Gravel est bien déterminée à les aider grâce à ses travaux de recherche. 

Améliorer les techniques de production

L’un des objectifs poursuivis par Mme Gravel est de modifier les pratiques culturales pour améliorer les techniques de production de fraises sans sacrifier la qualité des fruits. Par exemple, elle teste présentement une technique qui permet de déterminer – avant même que les fleurs ne soient épanouies – à quel moment les fraisiers produiront des fruits.

Mme Gravel tente aussi de fournir des outils de protection aux agriculteurs québécois. Ces derniers en ont bien besoin puisque les maladies comme le blanc du fraisier et l’anthracnose font plus de ravages que jamais dans les champs. « Ces dommages s’expliquent par les changements climatiques et l’introduction de variétés tardives de fraises qui sont malheureusement plus sujettes à ces maladies », affirme la spécialiste.

Un modèle prévoyant l’apparition de maladies

Depuis cinq ans, Mme Gravel planche d’ailleurs sur un modèle susceptible de prévoir l’apparition de ces maladies en fonction des conditions météorologiques, de la présence de champignons pathogènes et du stade de développement des fraisiers. « L’ampleur de ces ravages varie beaucoup selon les années et les endroits. C’est vraiment imprévisible! Parlez-en à une de mes étudiantes à la maîtrise, qui comptait s’intéresser au blanc du fraisier. Cette année-là, le champ qu’elle avait choisi pour mener ses travaux n’a pas été touché par la maladie alors que les champs voisins étaient infestés », raconte Mme Gravel.  

Grâce à ses recherches, l’agronome espère répondre aux questions que se posent couramment les producteurs de fraises : « Dois-je traiter mon champ avec des pesticides? Si oui, à quel moment? Dois-je utiliser un biopesticide ou un pesticide chimique? » La spécialiste en lutte intégrée tient ainsi à réduire le plus possible l’emploi de pesticides chimiques.

« Cet enjeu est important, car il préoccupe à la fois les agriculteurs, les agronomes et les consommateurs. Je remarque d’ailleurs que mes étudiants sont très sensibles à cette question. Ils réalisent que les décisions qu’ils prendront lorsqu’ils seront agronomes auront des conséquences environnementales importantes. » 

Fraises d’été, fraises d’automne

Autrefois, les Québécois ne savouraient les fraises locales qu’au mois de juin. Aujourd’hui, il est possible de déguster ces petits fruits jusqu’aux premières gelées d’octobre grâce à l’introduction de variétés de fraises d’automne réalisée il y a environ 25 ans.

Marie-Claude Ouellet, Agence Science-Presse