Actualités 12 décembre 2017

La plantation d’arbres en bande riveraine, un apport à la biodiversité en milieu agricole 

Certains producteurs québécois ont procédé à la plantation d’arbres en milieu riverain afin de réduire leur empreinte écologique sur les cours d’eau en milieu agricole, mais plusieurs se questionnent encore.

Les rangées d’arbres permettent-elles le retour de plantes forestières riveraines? Les rivières constituent-elles des corridors de dispersion des graines pour ces espèces?

Afin de mesurer l’impact des actions posées par les producteurs québécois, une équipe de recherche du Département de phytologie de l’Université Laval a effectué un suivi de la diversité végétale des bandes riveraines plantées d’arbres sur les bassins versants des rivières Boyer et Bélair en Chaudière-Appalaches. En tout, 53 plantations et 14 forêts riveraines ont été analysées. Le résultat est sans équivoque : leur composition en plantes herbacées est similaire, 17 ans après la plantation. « C’est une excellente nouvelle, puisque c’est signe que nous réussissons à rétablir l’équilibre des milieux naturels », mentionne la professeure Monique Poulin.

Son équipe a démontré que les rivières agissent comme de véritables corridors permettant le retour de la diversité végétale en milieu riverain. Les espèces végétales aux graines dispersées par l’eau contribuent, en effet, deux fois plus à la végétation en sous-étage des plantations que les espèces dispersées par le vent.

Impact des pratiques agricoles sur ces plantations 

Les chercheurs ont mesuré plus de 700 arbres dans 68 bandes riveraines des mêmes bassins versants. La survie et la taille de ces arbres sont liées à deux enjeux :

  1. La fréquence de cultures annuelles (maïs, blé, soya);
  2. La fréquence de cultures pérennes (prairies) dans la parcelle adjacente à la bande riveraine.

Les résultats de cette étude sont clairs : le taux de survie des arbres diminue à 60 % aux abords des parcelles cultivées uniquement en cultures annuelles, alors qu’aux abords des parcelles cultivées uniquement en prairies, le taux de survie s’élève à 85 %.

« Des bandes riveraines de trois mètres sont protégées en milieu agricole au Québec, un espace nécessaire, mais insuffisant au maintien des processus naturels régissant les milieux riverains », affirme Monique Poulin.

Programme ALUS

Plusieurs programmes sont mis de l’avant dans diverses juridictions afin de préserver des bandes riveraines plus larges. Au Canada, le programme ALUS en est un exemple : il permet de rétribuer les producteurs pour les superficies destinées à la production de services écologiques. Pour obtenir plus de détails sur l’implantation de ce programme en Montérégie : bit.ly/programmeALUS

Bérenger Bourgeois, Ph. D., stagiaire postdoctoral, Dijon
Monique Poulin, biol., Ph. D., et Anne Vanasse, agr., Ph. D., professeures au Département de phytologie