Actualités 18 août 2021

Le contrôle mécanique des mauvaises herbes comme solution pour la réduction des herbicides (partie 1)

La gestion des mauvaises herbes nécessite des interventions régulières en fonction des cultures implantées. À l’heure où l’on constate des cas de mauvaises herbes résistantes aux herbicides et que nous souhaitons en réduire leur utilisation, le contrôle mécanique des mauvaises herbes serait-il une solution? Nous tenterons de faire le tour de la question dans cette série de trois textes.

Qu’est-ce que le contrôle mécanique des mauvaises herbes?

Il s’agit d’une intervention avec des pièces, des outils ou des équipements pour supprimer ou contrôler les mauvaises herbes. Cette mesure de contrôle n’est pas exclusive aux entreprises en régie biologique. Elle devrait s’inscrire dans la stratégie phytosanitaire de toutes les entreprises agricoles. Plusieurs raisons motivent sa pratique :

  • La démocratisation du géopositionnement satellite;
  • La mise au point de pièces et d’outils adaptés permettant un contrôle efficace et précis des adventices;
  • L’automatisation, le contrôle, la robotisation et l’intelligence artificielle qui facilitent le travail;
  • La réduction des indices de risques pour la santé et l’environnement IRS et IRE (diminution des pesticides utilisés);
  • Le fait de contrer la résistance aux mauvaises herbes;
  • La possibilité de combiner des activités de binage du sol, de sarclage, de fertilisation, de semis (d’intercalaire ou de couverture) et de collecte de données géoréférencées sur le développement des cultures.

Les outils

La houe rotative : Elle peut être utilisée du stade de prélevée jusqu’au stade deux à quatre feuilles pour le maïs et les céréales et jusqu’aux feuilles trifoliées dans le cas du soya. Le soulèvement de sol se fait par les extrémités des roulettes, qui sont en forme de cuillères. Cette action a pour conséquence de projeter et émietter le sol laissant en surface la mauvaise herbe au stade de germe, fil blanc ou cotylédon. Lorsqu’elles sont neuves, les cuillères sont d’environ 18 millimètres de large. Elles deviennent de plus en plus étroites à mesure qu’elles s’usent, rendant le contrôle moins efficace puisque le volume de sol soulevé sera moins important. Plusieurs assemblages sont possibles, permettant de diminuer le nombre de passages : houe simple, houe double ou houe triple.

Le peigne : Il est composé de rangées de dents à ressort qui traînent au sol et qui arrachent par friction la mauvaise herbe. Pour le maïs et les céréales, le peigne peut être utilisé du stade de prélevée jusqu’au stade quatre à six feuilles, et dans le cas du soya, jusqu’aux feuilles trifoliées. II faut toutefois s’abstenir de l’utiliser au stade de pointé dans une culture de maïs ou de céréales et au stade de crochet pour le soya. Par son ajustement de l’agressivité des dents, le peigne permet la destruction des mauvaises herbes jusqu’aux premières feuilles.

Comparaison

La houe rotative et le peigne sont efficaces pour arracher des mauvaises herbes aux stades fils blancs et cotylédons. Le peigne l’est toutefois aussi jusqu’aux premières feuilles.

Le peigne est performant pour un sol ameubli à la surface (sable-limon), contrairement à la houe rotative (conventionnelle ou « minimum-till ») qui fonctionne mieux pour un sol ferme ou présentant une croûte de battance (sable limon-argile et légèrement croûté). L’utilisation d’un peigne en sol croûté risque d’abîmer la culture tandis que la houe par son action va l’ameublir.

Le peigne n’est pas adapté pour un sol comportant des résidus de cultures, car les risques de bourrage sont élevés. Si vous pratiquez le travail minimum du sol ou le semis direct, une houe de type « minimum-till » sera adaptée à ces pratiques.

Le passage de la houe rotative se fait à une vitesse plus élevée qu’avec le peigne (autour de 15 km/heure pour la houe par rapport à 10 à 15 km/heure pour le peigne). La houe rotative a donc une capacité en hectare par heure supérieure au peigne.

Le prochain volet présentera différents types de sarcleurs utilisés pour le contrôle mécanique entre les rangs ainsi que les systèmes de guidage qui permettent d’améliorer les interventions. Le troisième présentera quant à lui les moments d’intervention pour le désherbage mécanique et les concepts de lutte intégrée à mettre de l’avant en entreprise agricole. 

Vincent Lamarre, Professeur en Gestion et technologies d’entreprise agricole à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec, campus de La Pocatière et professeur associé à Biopterre